Il y a des années, bien avant le libéralisme, l'Algérie socialiste importait du Japon des voitures pour son peuple, des Honda Civic. Etait-ce un clin d'œil pour rendre civiques les Algériens ? Pas sûr, mais des années après ce mauvais jeu de mots, les automobilistes s'emportent contre ces piétons inciviques qui traversent partout, jamais en même temps, le font sans voir, lentement et en diagonale pour faire perdre encore plus de temps aux voitures. Bien sûr, le même automobiliste énervé fera exactement comme le piéton dès qu'on lui aura retiré son permis et le piéton s'énervera contre tous les piétons dès qu'il aura acheté sa voiture. Tout est interchangeable, les voitures se garent sur les trottoirs, ce qui fait que les piétons circulent sur les routes. Malgré tout, il y a des civiques, mais, malheureusement, la fatalité est installée. Il y a trois jours, un jeune homme de 23 ans, un civique, prenait une passerelle au lieu de traverser la route comme tout le monde, en dribblant les voitures. Sauf qu'en empruntant la passerelle, le jeune homme a fait une chute et est tombé sur la route. Qu'est-il arrivé ? Une voiture l'a écrasé et il est mort. Cette histoire véridique arrivée à Oran montre que tous les chemins ne mènent pas au civisme, même en empruntant ces passerelles que personne n'utilise. Le piéton avait évité la voiture qui aurait pu l'écraser s'il avait traversé la route comme tout le monde, mais rattrapé par la réalité, il est tombé, et là où il aurait encore pu éviter les voitures, l'une d'elles lui est passée dessus. On ne sait pas ce qu'il est advenu de l'automobiliste et si la victime a été condamnée post-mortem en vertu du nouveau code de la route qui pénalise les piétons inciviques. On sait juste que peut-être, un jour, les voitures emprunteront elles-mêmes les passerelles pour poursuivre les piétons qu'elles auront ratés sur la route, en bas.
