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Qui se souvient « du chat noir »
Mohamed Nassou. L'un des plus grands gardiens de but post-indépendance
Publié dans El Watan le 17 - 03 - 2005

Si c'était un animal, ce serait un félin. Nassou en a l'élégance souveraine. D'ailleurs, ce n'est pas par hasard qu'on l'a surnommé le « Chat ».
Pas seulement pour sa combinaison noire, arborée sur les terrains, mais pour ses superbes envolées qui restent un modèle à enseigner dans les écoles de foot. Alors, lorsque vous lui rappelez les moments intenses des jours heureux sous les vivats et les flonflons, la réaction est immédiate et cinglante à la fois mais pleine de modestie. « C'est peut-être à cause de mon agilité et que je retombais toujours sur mes pattes. Qu'un tel surnom me soit attribué m'honore car mes plongeons étaient aussi spectaculaires qu'élégants. » Mohamed Nassou, sans doute l'un des plus doués de sa génération, a marqué son époque, mais aussi tous ceux à qui, admiratifs, il imposait le respect. Aujourd'hui à 68 ans, Nassou ne savoure pas sa retraite comme il l'aurait voulu. Un accident vasculaire lui a occasionné une hémiplégie partielle. Il se bat pour recouvrer ses moyens avec un courage et une dignité exemplaires. C'est que le bonhomme fait partie de cette race de gens qui n'abdiquent pas aussi facilement devant le sort. La preuve, il se remet doucement de son handicap. Il avait 9 ans, lorsque le virus du football l'a envahi, on sortait juste de la Seconde Guerre mondiale. Et Guyotville, son quartier qui l'a vu naître et qu'il n'a jamais quitté, avait déjà une réputation de terre de football.
De Aïn Bénian au Galia
Comme tous ses jeunes compatriotes, c'est la rue qui le fit découvrir. Et encore par pur hasard. « Comme je n'avais pas souvent ma place en tant que joueur de champ, j'ai opté pour le poste de goal. » Nassou en avait le tempérament et le goût. A 16 ans, il a déjà une vocation puisqu'il intègre le monde des grands en signant sa première licence au MCA... en 1954. « C'était l'apothéose car le Mouloudia, club populaire par excellence, était aussi le modèle à suivre et y avoir sa place est plus qu'un sacerdoce, une reconnaissance. » « L'entraîneur de l'époque, un Argentin, se rappelle-t-il, avait l'embarras du choix avec près de 100 joueurs, desquels il devait choisir une trentaine. J'étais impressionné et découragé à la fois par ce nombre, alors à la fin des exercices, j'étais sur le point de partir, lorsque le coach m'a intimé l'ordre de rester et de revenir car il avait décelé en moi des qualités. Alors j'ai obtempéré et je suis resté. » Nassou ne s'offusque pas si on l'interrompt en précisant un détail ou en apportant un complément d'information. Il parle avec respect du stade de Guyotville et de son entraîneur, le Polonais Tomposky, qui l'a pris dans ses bagages en direction de l'Olympique de Marengo. « C'était une excellente expérience, mais je n'y ai pas fait de vieux os car le Gallia m'a sollicité. C'était une autre aventure avec les Bagur, Silva, Forcenet, Salah, Lalouche, Zitouni, Abdelghani, qui m'a valu d'être dans la sélection d'Alger et de briller de mille feux », confie-t-il avec un certain orgueil. A l'indépendance, Belcourt qui a monté une grande équipe sur les restes du Widad ne pouvait se passer d'un aussi prestigieux joueur. « Si Omar Boubekeur et Khemissa m'ont contacté, j'ai vite accepté car le challenge en valait la chandelle avec des joueurs d'exception comme Kalem, Selmi, Lalmas, Achour, Amar et les autres. Ce n'est pas par hasard si le Chabab a dominé la première décennie de l'indépendance », assure-t-il. Lors de la première saison, se souvient-il, « nous avons gagné tous les matches sauf un, contre l'OMSE car on nous avait expulsé 2 joueurs et j'ai moi-même été agressé. » Le CRB de l'époque ? C'est vrai que ce fut une longue et belle équipée qui a enchanté tous les amoureux du football. Plus de 40 ans après, Ferhat Khemissa toujours bon pied bon œil, celui qui a été piquer Nassou à l'USMA nous décrit les circonstances du recrutement. « L'USMA avait pris les meilleurs joueurs du Gallia dont Nassou. Nous avions besoin d'un gardien de talent et notre choix s'est porté sur Mohamed qui est un modèle tant sur les terrains qu'en dehors. Il avait fait ses preuves et on savait qu'en le recrutant on allait stabiliser notre défense. Vitesse, souplesse, placement, bref des qualités exceptionnelles, qu'on ne trouve pas chez les joueurs actuels ». Nassou aurait pu prolonger encore davantage sa carrière au Chabab, n'était un concours de circonstances qui a fait sortir Abrouk de l'anonymat. « Un jour, on devait jouer un match de coupe à Bougie. La veille, Nassou nous fait part de son indisponibilité, retenu qu'il était par une fête familiale. Dépêché par le comité directeur, j'ai essayé de le convaincre mais en vain. C'est ainsi que Abrouk a été titularisé avec en sus une prestation de premier ordre. Il ne quittera plus les bois du CRB. Cela dit, on ne soulignera jamais assez les mérites de Nassou qui a été un des piliers du grand Chabab », résume l'ancien et toujours dirigeant du CRB...
Qu'aurait été le grand chabab sans nassou ?
Nassou émergeait du lot, même si par modestie, il n'omet pas d'énumérer les gardiens de l'époque qui l'avaient impressionné. Ouchen, Lounès, Krimo, Zerga. « Ce sont des adversaires mais il y avait une complicité entre nous parce qu'on évoluait au même poste. » Nassou, bon joueur, citera aussi celui qui a pris sa succession avec une certaine réussite. On veut parler de Abrouk, qui malgré son jeune âge, a saisi cette occasion en s'imposant parmi les grands. « Je pense qu'il n'a pas démérité, qu'il a été à la hauteur de ce qu'on attendait de lui. Il était doué et a contribué avec ses camarades à perpétuer la suprématie du grand Chabab. C'est tout à son honneur. » Abrouk qui garde un excellent souvenir de son aîné ne tarit pas d'éloges à son égard. « Nassou est de la race des meilleurs. Je l'ai vu lors du grand match O. Marengo-Gallia au stade municipal. Il pleuvait ce jour-là. J'ai vu un grand gardien plein de classe qui de surcroît évoluait sans gants ! Je peux dire que les dirigeants du CRB de l'époque ont eu la main heureuse en recrutant Nassou qui, à l'instar de Amar et de Mouhoub qui venaient tous les deux de Aïn Benian, a donné une certaine assise à l'équipe. Nassou, je l'ai connu avant qu'il ne vienne au CRB. Il avait des qualités athlétiques et techniques hors pair. Il était une pièce essentielle dans le dispositif du Gallia. Je me rappelle qu'un jour pour une raison que j'ignore, Nassou avait boudé l'équipe. On a mis à sa place Pellégrino. Eh bien à Blida contre le FCB, le Gallia a pris une tannée, qui a mis à nu le vide laissé par Nassou. Je peux dire aujourd'hui que le CRB a aussi contribué à l'éclosion de grands joueurs comme Nassou. On avait comme entraîneur un Yougoslave Sostaric, ancien gardien de but de son pays, qui nous a énormément appris le dur métier de gardien de but. Il nous a inculqué certaines ficelles qu'on ne peut acquérir sur les bancs de l'école. Je peux témoigner que Nassou a été à l'origine de la coupe d'Algérie remportée en 1966 en arrêtant un tir magistral de Amirouche qui aurait pu changer le cours des choses. » Pour Kalem, qui fut le valeureux capitaine de la prestigieuse équipe d'El Aqiba, « le CRB n'était pas seulement un assemblage de noms, accolés les uns aux autres. C'était une famille avec des talents qui se complétaient. Nassou ? C'est un homme plein de joie, d'humour et de correction. Je peux avancer, sans forfanterie, que Nassou avait vraiment l'étoffe d'un joueur de classe mondiale. On a toujours gardé le contact. Lorsqu'il a eu son accident, je me suis rapproché du docteur Hanifi pour essayer de lui prodiguer la rééducation nécessaire. Mais Mohamed ne pouvait se déplacer, il a préféré se soigner pas loin de chez lui. Je sais qu'il y a quelque temps, il a été très touché par la réception donnée par les responsables de la mairie de Belouizdad, en l'honneur des anciens du Chabab. C'étaient des retrouvailles émouvantes qui nous ont tous fait du bien. » Mais je sais que Nassou, un homme très sensible a été chagriné par le fait qu'on l'a vite oublié. Il en est resté marqué. A vrai dire, Nassou après avoir joué pour la JSK et Kouba a terminé sa carrière d'une manière qui l'a énormément choqué. « Mon bonheur à moi, c'est lorsqu'on me comprend, et j'estime que j'étais un incompris. Moi, je suis un gagneur. Je n'aime pas perdre. Mais pour gagner, il faut savoir perdre », relève-t-il avec philosophie en insistant que son plus mauvais souvenir reste, sans conteste le jour où il a cessé son activité en tant que gardien de but. « Je ne cherchais pas la gloire ni l'argent, ce n'est qu'après avoir quitté le football que je me suis rendu compte par l'intermédiaire des spectateurs que quelque part j'incarnais une génération de joueurs ayant écrit en lettres d'or l'histoire d'un club. » Ayant pris sa retraite, il y a 6 ans après 30 ans de loyaux services à Naftal, Nassou n'en garde pas moins un œil sur l'évolution du football.
Une fin de carrière en queue de poisson
Son constat est implacable. Fasciné, troublé, navré, Nassou ne verse pas dans une nostalgie infinie. « Le football a chuté. Le système, tel qu'il est conçu, brise tant et tant de rêves et de vocations. Le joueur d'avant mouillait le maillot avec amour et respect, sans tricher. Celui d'aujourd'hui verse dans l'exhibition et se donne en spectacle. Il ne se défonce pas alors que sur le plan matériel, il est choyé. Pour résumer, je dirais qu'on apportait beaucoup au football, alors que le joueur d'aujourd'hui, c'est plutôt le football qui lui apporte beaucoup. Grand bien leur fasse, mais qu'ils bougent un peu pour sortir de la médiocrité... » Nassou reconnaît que ce sport lui a permis de vivre une belle aventure humaine. D'ailleurs, il n'a jamais coupé les ponts avec cette activité : « Je préfère aller voir les matches des petites divisions, là au moins il y a le cœur, la passion, c'est ça, à mon sens, le vrai sport... »
Parcours
Né en 1937 à Aïn Bénian, il a commencé à jouer au football dans sa ville natale. En 1954, il signe sa première licence au Mouloudia d'Alger. Il fera ensuite partie de l'Olympic de Marengo et du Gallia. A l'indépendance, il opte pour l'USMA avec les Meziani, Bernaoui, Krimo, Belbekri, etc. En 1964, il est engagé par le Chabab de Belcourt avec lequel il va vivre une très belle aventure couronnée de titres. Après le CRB, c'est Ahmed Arab, alors entraîneur du Nara (RC Kouba), qui le fait signer dans ce club qu'il contribue à sauver de la relégation. Notons que Nassou a également fait un passage à la JSK. Employé à Naftal, il y restera trois décennies.


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