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Le théâtre d'histoire : La mise en scène des tensions sociales et politiques
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2019

Ces six derniers mois, deux pièces de théâtre originales ont traité de l'Algérie : la première est celle de Mustapha Benfodil. Publiée en 2013 sous le titre Le point de vue de la mort, elle a été mise en scène par Kheireddine Lardjam, sous le titre End/Igné, créée en 2013 par la compagnie El Ajouad (basée en France) et reprise au Théâtre de Belleville, à Paris, en octobre et novembre 2018. La seconde, qui a été représentée en février également à Paris, intitulée Les oubliés, a été écrite et mise en scène par Julie Bertin et Jade Herbulot.
Ces deux pièces relèvent du théâtre d'histoire : la première traite – au-delà du dénouement tragique – de la vie d'un village ordinaire du Sud algérien, BalBala. Les problèmes qu'elle évoque et la malvie constituent le témoignage d'une situation, tandis que la seconde s'intéresse à la naissance de la Ve République en France, provoquée par ce qu'il était d'usage d'appeler encore en 1958 «les événements d'Algérie». Comment le théâtre peut-il donner à voir et à entendre les tensions ?
A la recherche de sens
En ce qui concerne la pièce de Mustapha Benfodil, le décor est une morgue, où un unique personnage, Moussa, monologue, le point de vue de Moussa nous instruit autant sur le personnage que sur la société qui l'entouren l'impossibilité, d'abord, d'échapper au déterminisme social, malgré ses études. Moussa est condamné à vivre de ce travail dans lequel son père œuvrait déjà : à défaut d'avoir des diplômes reconnus, c'est au moins le moyen de gagner sa vie, c'est «mieux que de tenir les murs», dit sa mère. Mais le point de vue de Moussa permet de reconstituer les individus qui composent la société d'une ville du sud.
Dans une énumération, il fait défiler les morts prématurées, celles des migrants, de ceux qui ne peuvent se faire soigner, des accidentés de la route, des victimes de meurtres d'honneur, il fait aussi revivre ce qui donne un sens à sa vie, l'amitié avec Aziz, le blogueur, comme lui fils de ce village à la fois fictif et si vrai, BalBala.
Aziz, personnage haut en couleur, occupé à dénoncer les injustices et les travers du village, s'épuise dans cet exercice qui se substitue à toute autre forme de vie et finit par s'immoler par le feu. Car ce que partagent tous les personnages évoqués, c'est l'absence de sens, aussi bien de sensations que projetés. Situé dans un village algérien, ce constat clinique pourrait s'étendre à d'autres lieux et d'autres situations : ce qui est mis en cause, c'est le libéralisme, les privilèges des uns au détriment des autres.
C'est donc un théâtre citoyen focalisé paradoxalement sur la vie, l'autopsie des vies que propose l'auteur, cet ami intime des Algériens, qui prête à son personnage, Moussa, son empathie pour eux. La mise en scène minimale rend la performance du comédien encore plus prégnante : il parvient à tenir pendant près de deux heures le soliloque, seul moyen d'expression de Moussa. Les registres de la tendresse, de la compassion, de la révolte aussi, de l'humour, fût-il grinçant, alternent. Qu'on en juge à travers ces paroles, celles de Moussa, fraîchement diplômé et rêvant de se faire embaucher à la cité pétrolière de Hassi Texas :
«J'étais sur mon 31, en costume-cravate, comme si j'allais me marier, et j'ai affronté sans broncher le sirocco et le ridicule.
Je me la ramenais comme une fleur, et au premier barrage, j'ai été détroussé de mes illusions.
On m'a refoulé comme un malpropre.
Faut un passeport maintenant pour entrer à Hassi Texas ?
Vous n'avez pas reçu le fax ou quoi les mecs ? ai-je rouspété benoîtement.
Quel fax ?
Ben, le fax de la France, comme quoi on est indépendants depuis 1962.
Je vais rappeler la secrétaire du général de Gaulle pour vous le renvoyer.»
Les Oubliés
A la différence de la pièce de Mustapha Benfodil, c'est un point de vue français qui prévaut dans Les Oubliés. C'est à travers un dîner de famille à l'occasion d'un mariage en 2019 entre deux représentants de la classe moyenne aisée, Alice Legendre, qui est française, et Karim Bakri, qui est français d'origine algérienne, que se noue un va-et-vient complexe entre l'histoire politique et l'histoire individuelle. Deux lieux sont privilégiés : la mairie du 18e et la salle qui accueille le dîner. Au cours du dîner, les liens des personnages avec l'Algérie apparaissent progressivement, ainsi que le positionnement de chacun d'eux: Karim Bakri, jeune cadre, souffre néanmoins de la tare que constitue être algérien en France, «comme si c'était une maladie», dit-il.
Son beau-père, qui commence par le féliciter, lâche progressivement des aspects tus de son histoire : il a quitté l'Algérie où il possédait des vignes et son amertume, ou plutôt son ressentiment, sont intacts en 2019. Sa fille découvre son histoire au moment de son mariage et, représentante de la jeune génération, rejette le legs de son père. Mais le principal protagoniste est l'histoire : par un jeu de flash-back, on quitte Paris de 2019 pour les années 1958-1961 : les figures du général de Gaulle, de René Brouillet, son directeur de cabinet, du Premier ministre, Michel Debré, du gouverneur général d'Alger, Paul Delouvrier, du général Challe, sont convoquées sur le plateau.
L'éloquence gaullienne offre un beau matériau et résonne aux oreilles des auditeurs. La projection d'archives filmées contribue à la contextualisation d'une guerre dont les auteures ont choisi de s'intéresser à trois moments importants au regard de l'émergence de la Constitution de la Ve République : «1958, qui marque le retour de de Gaulle au pouvoir, avec des entretiens préalables à son investiture et les premières réunions du comité de rédaction de la Constitution. Puis il y a la semaine des barricades, en janvier 1960, réaction insurrectionnelle de l'armée et des Européens d'Algérie, alors que de Gaulle a commencé à parler d'autodétermination.
Nous nous arrêtons enfin avec l'année 1961 sur le putsch des généraux, condamnés et libérés seulement quelques années plus tard.» Dans la France de 2019, à travers la mise en scène, c'est une parole plurielle que portent les auteures, elles qui voient ainsi l'émergence de la Ve République : «La Ve République marque l'avènement d'un pouvoir exécutif fort au détriment du législatif et du judiciaire, individualisé et très incarné. Ne sommes-nous pas toujours, et cela malgré les remises en question actuelles, dans l'attente constante d'un homme providentiel, convaincus que les pleins pouvoirs sont indispensables au bon fonctionnement de l'Etat, comme des entreprises ou des compagnies théâtrales ?»
En donnant à voir, en déssillant les yeux sur l'actualité, le théâtre d'histoire engage le débat.


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