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20 avril 1980 - 20 avril 2010 : La longue marche de l'amazighité
Publié dans El Watan le 19 - 04 - 2010

La Kabylie fêtera demain le 30e anniversaire du printemps berbère, un événement qui a été la première révolte de masse contre un pouvoir politique absolu qui gère depuis l'indépendance les affaires de la société et du pays d'une main de fer.
En mars 1980, le pouvoir algérien inventait l'enlèvement des personnalités sur la route, imitant ainsi l'ancienne puissance coloniale. Le 10 mars 1980, Mouloud Mammeri était intercepté par la police sur la route de Draâ Ben Khedda, près de Tizi Ouzou, pour l'empêcher de se rendre au campus de Oued Aïssi où des étudiants l'attendaient pour une conférence portant sur la poésie kabyle ancienne.
L'illustre écrivain et anthropologue, qui avait subi d'autres épreuves par le passé, dont l'interdiction quelques années auparavant de son cours de berbère à l'université d'Alger, se retrouvera face à une administration locale qui n'avait aucun argument pour expliquer l'exécution d'un tel ordre émanant sans doute des plus hautes autorités du pays. En fait, le pouvoir politique, bâti sur un système hégémonique, amorçait un long déclin qui mènera jusqu'à l'explosion d'octobre 1988, une révolte qui signa la fin du parti unique. L'interdiction, au printemps 1980, d'une simple conférence sur la poésie kabyle allait donner lieu à un mouvement de protestation qui s'étalera sur plusieurs mois, impliquant étudiants, lycéens et travailleurs. Les organisations de masse, syndicales ou de jeunesse, chargées d'embrigader la société, allaient être contrebalancées pour la première fois et le régime autoritaire sentira les premières secousses dans ses fondements.
La répression sera féroce et culminera dans la nuit du 20 avril 1980, lorsque des unités antiémeute violeront les franchises universitaires pour matraquer les étudiants dans leur sommeil, au campus de Oued Aïssi. Une brutalité qui exprimait le désespoir d'un régime qui entrevoyait le crépuscule de son hégémonie. Il y aura un avant et un après avril 1980. Les étudiants de Tizi Ouzou s'émancipaient du cadre de l'UNJA, s'organisaient en comités autonomes. Ils revendiquaient les libertés démocratiques, la levée du déni identitaire et culturel et la défense des droits de l'homme. Le Mouvement culturel berbère (MCB) naissait et la première ligue des droits de l'homme en Algérie sera initiée par les militants de ce même mouvement, en 1985. L'organisation des fils de chahid lançait également son combat pour la réappropriation de l'histoire, en dehors des structures officielles. Toutes les luttes politiques futures, dans le sens du combat démocratique, prenaient racine du printemps berbère. Des animateurs du mouvement connaîtront plus tard un destin politique, à l'image de Saïd Sadi, Ferhat Mhenni, Saïd Khellil et Djamel Zenati, après avoir connu les arrestations, la torture, la cour de sûreté de l'Etat et de longues périodes d'emprisonnement.
Le noyau dur de la future opposition démocratique s'était forgé. Pour contrer ces premières expressions politiques qui menaçaient la pérennité du pouvoir en place, celui-ci n'hésita pas à encourager un autre courant politique : l'islamisme. Cette stratégie suicidaire de lutte contre le mouvement démocratique mènera à la récupération de la révolte d'octobre 1988 par les fondamentalistes religieux. La suite des événements sera sanglante. Même si le pays est plongé dans l'enfer du terrorisme, les révoltes populaires ne sont pas anéanties pour autant. Les dépassements et l'autoritarisme feront encore sortir la population dans la rue, en avril 2001, en Kabylie. Ce sera le printemps noir au cours duquel les jeunes de la région paieront un lourd tribut pour avoir protesté contre l'exclusion et l'injustice : 126 morts et des centaines de blessés dans des manifestations pacifiques réprimées à balles réelles, parfois explosives. Les archs naissaient, portant la revendication de justice, sans oublier la question identitaire. Cette structure, qui s'inspirait des modèles d'organisation dans les villages, se substituait aux partis traditionnellement ancrés dans la région.
Les anciens animateurs du printemps berbère, qui avaient pu ébranler un régime autoritaire, n'ont pas réussi à construire un cadre d'organisation qui réponde à une situation d'urgence comme celle du printemps noir. Les délégués des archs seront les interlocuteurs du gouvernement pendant le cycle du dialogue qui aboutira à des accords, en 2005, et que le pouvoir s'empressera de renier plus tard. Sortis affaiblis et divisés de l'épisode du dialogue avec les représentants de l'Etat, les délégués du mouvement citoyen se disperseront dans des trajectoires différentes. Les ressorts du pouvoir, trop sophistiqués, neutraliseront quasiment un mouvement populaire spontané et non préparé aux luttes politiques. Le rouleau compresseur de la normalisation sera engagé dans la région avec une débauche de moyens.
La scène politique locale sera ravagée. Les partis du gouvernement feront une entrée significative dans les assemblées élues et un tiers de l'électorat local participera à l'élection présidentielle d'avril 2009, en dépit des appels au boycott lancés par les partis d'opposition. Le 30e anniversaire du printemps berbère est fêté demain dans toutes les localités de la région par des associations de jeunes. Même si le sigle MCB ne paraît pas, le mouvement culturel berbère continue de vivre dans tous les villages et les campus.


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