Une quarantaine d'hectares de terres agricoles, situées à Sidi Moussa et versées essentiellement dans la production d'agrumes, sont menacées de disparition. Le site qui regroupe plusieurs EAC a attiré l'attention de la direction de l'agriculture de la wilaya d'Alger qui le cite comme étant une probable assiette devant abriter un complexe olympique. Une équipe de techniciens dépêchée par un bureau d'études est même passée sur les lieux afin de se prononcer sur la faisabilité du projet. Les représentants de Saïd Barkat au niveau de la wilaya d'Alger répondent ainsi à une demande formulée par la direction de la jeunesse et des sports afin d'édifier une infrastructure sportive. Sa réalisation a été promise par les plus hautes autorités du pays, mais à aucun moment il n'a été question de détourner des terres agricoles de surcroît en plein rendement, s'écrient les fellahs. Cependant, tout le monde, à Sidi Moussa, s'accorde à dire que les plus hauts responsables de l'Etat visaient les ex-locaux de la DNC, aujourd'hui inactifs et qui auraient une superficie de 26 ha. « Un site tout à fait adéquat pour la construction du complexe du fait de son immensité », nous dira un urbaniste, originaire de Sidi Moussa. Les concernés, à savoir les fellahs, s'élèvent contre ce qu'ils qualifient de « situation opaque » du moment, disent-ils, qu'aucune institution n'a daigné les consulter. « Nous sommes persuadés que si le premier magistrat du pays ou le ministre de l'Agriculture savaient que le complexe en question serait édifié sur nos vergers, ils apposeraient leur veto sans hésitation », s'écrient-ils en soulignant que leurs inquiétudes sont partagées par l'Union nationale des paysans algériens (UNPA). Ayant eu vent des « tractations », selon lesquelles un projet sportif serait sur le point d'absorber 40 ha des plus riches terres de la Mitidja, l'UNPA s'était empressée, le 22 février 2005, de saisir par écrit la direction de l'agriculture. Dans son courrier, on peut lire en substance : « Selon nos informations, un projet de construction d'un stade sur environ 40 ha à Sidi Moussa, va être proposé aux plus hautes autorités du pays. Ce projet touchera d'importantes surfaces agricoles utiles, composées de vergers d'agrumes et d'arbres fruitiers en plein production, des surfaces qui ont été renforcées par d'importantes actions de développement dans le cadre du PNDA, chiffrées en milliards de centimes. » Il faut dire que le choix du projet n'est pas définitif, mais s'il vient à se concrétiser, son impact, relève l'UNPA, aura des répercussions sur toutes les superficies agricoles environnantes. L'organisation paysanne rapelle en outre que la zone où sont convoités les 40 ha englobe 550 ha de terres agricoles dont plus de 60 % sont composés de vergers. L'une des dernières poches vertes de la Mitidja, la région fait vivre directement des centaines de familles et génère des milliers d'emplois indirects. Interrogé sur le devenir de ce véritable eden, le directeur de l'agriculture de la wilaya d'Alger, M. Izem, nous dira d'abord que « ce sont des instructions de l'Etat ». Il rectifiera ensuite en affirmant que « rien n'a encore été décidé ». « C'est vrai qu'une équipe de topographes s'est déplacée sur les lieux, mais on n'en est qu'à l'étape de prospection. Le site définitif n'est pas encore retenu », a-t-il ajouté. L'Etat mène une bataille sans merci contre le détournement des terres à vocation agricole, notamment les riches parcelles de Bouchaoui qui ont été concédées à des barons. Une enquête confiée par le ministère de la Justice à la Gendarmerie nationale est en cours.
