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« Il faut mettre ces gandins enceintes »
Témoignage de Babakdad publié sur son site le 11 août 2009
Publié dans El Watan le 21 - 05 - 2010

Cela fait plus de 30 jours qu'avec ma famille nous avons abandonné notre domicile. L'autre soir, mon enfant souffrait énormément d'otite aiguë, et j'ai été obligé de l'emmener au dispensaire médical de la petite ville où nous nous cachons. Là-bas, j'ai vu un homme âgé qui tenait son fils par le bras pour l'aider à sortir. Le fils peinait à marcher et l'homme était trop faible pour le transporter. Je les ai aidés. Quelques taxis se trouvaient à l'extérieur mais les tarifs étaient visiblement trop élevés pour cet homme. J'ai proposé de les déposer chez eux. L'homme était silencieux et m'indiquait le chemin avec son doigt… Son fils devait avoir 17 ou 18 ans. J'ai vu dans le rétroviseur que le père pleurait et le fils était bouleversé. Nous sommes arrivés devant leur maison. Le père a dit une phrase dans le dialecte local qui m'a fait froid au dos « que sais-tu de la douleur de notre cœur ? ». Mehdi gémissait doucement en marchant. J'ai demandé au père : « Vous ne m'avez pas dit ce qui lui est arrivé… S'agit-il d'un accident ? A-t-il été opéré ? » L'homme pleurait et maudissait. J'ai voulu en savoir davantage. J'ai donc écouté leur témoignage… Le père de Mehdi m'a fait confiance et m'a expliqué l'histoire douloureuse de ce garçon de 18 ans qui souffre d'infection intestinale, de graves lésions rectales, de dépression nerveuse et qui, de surcroît, risque de contracter le sida. Le comble est qu'ils ont honte d'en parler à leur famille. Parler à un inconnu pour soulager la souffrance du cœur est plus facile.
En entrant, j'ai vu la photo de Mehdi posée sur une étagère. L'adolescent y était beau et souriant, ses yeux pétillaient. Celui que je venais de rencontrer ce soir était un être déprimé, jauni, abattu, qui ressemblait à un vieillard…
***
Mehdi a été obligé d'abandonner ses études. L'année dernière, il est parti avec son cousin à Téhéran pour trouver du travail. Ils ont démarré dans une pizzeria. Mi-juin, lors d'un grand rassemblement de protestation qui s'est déroulé dans le silence à Téhéran, son patron lui demande de fermer la pizzéria. Mehdi reste à l'intérieur et regarde la manifestation. Il a un ruban vert au poignet, il aime Mir Hossein Moussavi. Finalement, il sort et se joint progressivement à la vague des manifestants. Puis, il disparaît pendant 23 jours. Son père le cherche inlassablement dans les commissariats et tribunaux. On finit par lui rendre Mehdi, « un bout de chair malade, couverte de bleus ». On lui lance : « Voici ton fils, ramène-le vite dans ta campagne, sinon… » On lui ordonne de ne rien dire de l'incarcération et « du reste » concernant son fils.
Le pauvre homme a gardé le silence jusqu'à ce soir… Y a-t-il plus noir que le noir ?
Le premier jour après sa libération, Mehdi a de la fièvre et il délire. Vu le sang dans l'urine et les selles, le médecin du dispensaire l'ausculte plus attentivement. Il avertit prudemment le père que son fils a été violé par un ou plusieurs hommes. Le père s'évanouit sur-le-champ. Selon le médecin, les viols ont provoqué une grave infection rectale et intestinale. Le médecin veut prévenir les « autorités » et le commissariat d'un « crime éventuel ». Le père lui raconte l'arrestation de son fils et lui tend le document de sa libération. Le médecin, choqué, est blême : il vient de réaliser que les responsables de ces actes sont les « autorités » mêmes.
***
A l'issue de la manifestation à Téhéran, Mehdi se voit coincé entre les manifestants et les bassidgis ; il reçoit des coups de bâton. Il a peur. Avant de retrouver ses esprits, il est sévèrement battu au sol par des miliciens bassidgis. Puis on l'emmène, avec d'autres jeunes, dans un endroit qui, selon sa description, devait être le « camp Kahrizak ». Là-bas, un grand nombre des personnes étaient détenues dans des cages métalliques et leur ration journalière était faite de tortures. Le lendemain de son arrestation, un agent fait sortir Mehdi et un autre garçon en les battant, et crie devant les autres détenus : « On vous b… tous comme ces deux-là. » Mehdi entend un autre homme crier : « Il faut mettre ces gandins enceintes. » Il est emmené dans une cellule où il est violé par un homme de grande taille ; il perd connaissance pendant le viol. Le même jour, il est violé plus de 4 fois. Il perd beaucoup de sang. Il est ensuite transféré dans une cellule métallique surchauffée par la chaleur d'été. Trois ou quatre autres jeunes hommes souffrant des mêmes blessures s'y trouvent. Selon Mehdi, le sol était couvert de sang et de mouches, et la puanteur était insupportable ; l'un des garçons était visiblement mort depuis la veille, sans que les gardiens ne soient au courant. Pendant deux semaines, Mehdi et plusieurs autres jeunes sont violés à maintes reprises par des agents pour « apprendre les bonnes manières d'être ». Finalement, il est brièvement soigné dans un hôpital puis transféré dans une prison où pendant cinq jours, on l'a affamé et battu à coups de bâton. Il est libéré après avoir signé une lettre d'engagement comme quoi il avait été « bien traité par les autorités pénitentiaires » et qu'il s'engageait « à ne plus participer à des rassemblements ou manifestations contre le régime ». Le pauvre père, sans connaître l'ampleur des blessures de son fils, l'emmène dans un car chez eux en province. Le lendemain, suite à l'auscultation du médecin, il prend connaissance des crimes commis à l'encontre de son fils.
***
Pendant que nous parlions avec le père, Mehdi, absent et déprimé, fixait les motifs du tapis… Sa sœur était assise dans un coin de la pièce et maudissait Khamenei et Ahmadinejad. L'agonie dans sa voix m'a fait trembler de peur. Le père murmurait une prière en demandant que les autorités du régime paient le prix de ce crime hideux avant la commémoration, quelques jours plus tard, de la naissance de l'Imam Mehdi.
***
Il était 4h du matin lorsque je suis parti. Le vieil homme a insisté pour que je dorme chez eux, mais j'avais besoin de sortir ; je ne pouvais plus respirer. En conduisant, je me suis retrouvé par erreur à côté d'un champ de blé. La nuit était très sombre et je ne voyais aucune autre route. J'ai rebroussé chemin. L'obscurité était pesante. Je me suis arrêté et j'ai cherché, en vain, l'étoile du berger pour me guider. Pourquoi ce pays a-t-il sombré dans l'injustice et l'oppression ? Pourquoi n'y a-t-il pas de lumière pour nous guider ? Qu'avons-nous fait, quelle a été notre faute pour que nous méritions d'être otages de cette obscurité ? Où s'est-on trompé ? J'ai posé ma tête sur le volant et j'ai pleuré. L'image de Mehdi est à jamais devant moi, son regard éteint, sa vie « détruite ». Combien de Mehdi y a-t-il ? Peut-être des centaines de personnes qui ne parleront pas, qui garderont ce crime comme un secret au fond de leur cœur, pour ne pas perdre la face ou par peur des autorités… J'ai pris des photos de Mehdi, de son dossier médical, de son certificat de libération. Je garde ces photos pour le jour où les dirigeants de ce régime anti-islamique et ses responsables de crimes contre l'humanité seront jugés par un tribunal. Je suis convaincu que ce jour arrivera bientôt car Dieu ne supportera pas cette injustice. Il aidera le peuple iranien à se libérer de ce régime corrompu.
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