Comment devient-on ministre et comment cesse-t-on de le devenir ? Cette question à 1 million de dollars n'a pas de réponse, du moins au niveau de l'Algérien moyen et même à l'échelle des éditorialistes de la presse indépendante. Non, la réponse est bien plus haut, dans cette zone stratosphérique d'altitude où l'on peut engrosser des nuages et faire tomber de la pluie ou du mauvais temps. Pour les autres, bien malin celui qui pourra décoder ce changement de gouvernement, arrivé au moment où personne n'y croyait plus. Négociations avec les gros groupes de pression du pays, perte d'influence du centre présidentiel ou simple saute d'humeur censée créer l'illusion d'un changement pour un gouvernement qualifié du plus immobiliste depuis l'indépendance ? Si l'analyse officielle soutient que c'est un nettoyage de printemps destiné à survivre à l'élimination prévue de l'Algérie au premier tour de la Coupe du monde, il faut bien remarquer que certains ministres entachés par de gros scandales financiers sont toujours à leur poste. Et pour le reste, M. Ouyahia est toujours là, tout comme les Guenaïzia, Rahmani, Chérif Abbès, Harraoubia ou Benbouzid, qui étaient là avant l'arrivée de Bouteflika en 1999. En échange, des hommes influents du clan présidentiel ont disparu, et le ministre de la police qui surveillait tout le monde, ne surveille plus que le Premier ministre en tant que vice-Premier ministre, poste étrange pour un étrange homme. Est-ce à dire que le Président est en fin de course et qu'il a perdu ses prérogatives ? Seule bonne nouvelle, le ministre Temmar, qui déstructure l'économie depuis 11 ans, part enfin et arrête ses stupéfiantes analyses industrielles. Mais son Président, qui visiblement l'aime bien, lui a confié un ministère tout nouveau, celui de la prospective, c'est-à-dire du futur. Ce qui est un beau cadeau pour lui, qui n'a pas réellement d'avenir.