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Rachd Grim. Politologue : « C'est une provocation inutile »
Publié dans El Watan le 03 - 06 - 2010

Le MAK de Ferhat M'henni vient d'annoncer, à partir de Paris, la création d'un gouvernement provisoire kabyle. Comment interprétez-vous cette initiative dans le contexte politique national ambiant ?
J'avoue que la nouvelle de la création du Gouvernement provisoire kabyle (GPK) m'a surpris à plus d'un titre. D'une part, parce que je ne croyais pas que le MAK de Ferhat M'henni pouvait aller à cette extrémité, qui signifie une rupture totale avec le dogme de l'unité nationale, de l'Algérie « une » et « indivisible ». Tant qu'il ne s'agissait que d'une gesticulation du MAK, une espèce de parti politique régional (et même régionaliste) à ancrage populaire limité, qui appelait à l'autonomie et parfois à l'indépendance de la Kabylie, ce n'était pas trop grave. C'était même dans la nature des choses. Les idées extrémistes du MAK pouvaient en effet servir à faire avancer le débat sur la révision nécessaire du découpage administratif et politique du pays et sur la politique de régionalisation en tant que moyen de développement autonome des potentialités des différentes régions du pays. L'Algérie ne peut en aucun cas faire l'économie d'un tel débat. C'est une conséquence incontournable du lamentable échec de la centralisation à outrance du pouvoir et de la décision. L'Algérie est revenue à marche forcée vers un régionalisme destructeur de l'esprit patriotique. Il est donc nécessaire de remplacer le régionalisme par la régionalisation. Mais ce que vient de faire Ferhat M'henni n'a absolument rien à voir avec le débat.
Ce n'est rien d'autre qu'une provocation inutile, qui servira à marginaliser encore plus la Kabylie. Que cherche le MAK en prenant une telle décision et en l'annonçant à partir de Paris ? Provoquer la réaction viscérale des gardiens du temple nationaliste (et cela n'est pas trop grave, tant ils se sont décrédibilisés), mais surtout diviser encore plus le « peuple kabyle » qui déjà se retrouve très difficilement entre toutes les tendances qui le traversent.
Selon vous, il s'agit là d'un appel à une division de la Kabylie ?
Oui, c'est un appel à une plus grande division de la Kabylie qui vient rejoindre et aggraver d'autres tentatives de division plus anciennes : celles des arouchs qui veulent se réimplanter dans une région qu'ils ont fortement participé à détruire ; celles plus souterraines, mais bien réelles, des partis de l'alliance présidentielle ; celles encore, plus pernicieuses, du ministère des Affaires religieuses qui fait feu de tout bois pour « réislamiser » une région qui aurait tendance à céder « aux sirènes des évangélistes » ; celles du terrorisme islamiste qui semble y avoir fait pour longtemps son nid. Sans parler de celles des deux partis – RCD et FFS – qui ont une forte implantation en Kabylie, mais dont la lutte fratricide a surtout servi à les décrédibiliser aux yeux de l'opinion publique de la région.
Le MAK, avec cette création, veut passer à l'étape supérieure, et créer un état de fait : passer de l'autonomie à l'indépendance. C'est ce que suggère la création d'un gouvernement provisoire. Un gouvernement, dans l'esprit des initiateurs du GPK, est l'institution suprême de l'Etat kabyle. La référence à l'état mythique amazigh « Tamazghra », très présente dans le discours traditionnel du MAK, en est une preuve.
Cette déclaration, que semblent rejeter a priori de nombreuses forces locales et nationales, est-elle symptomatique d'une évolution (peut-être insoupçonnée !) de la société et de ses attentes vis-à-vis du pouvoir central ?
Est-ce que l'Algérie est prête à prendre en charge un débat sur l'unité nationale ? Parce qu'en fait, c'est de cela qu'il s'agit : pérenniser ou remettre en cause le dogme fondateur de l'unité nationale, fonds de commerce de la famille révolutionnaire. Il faudra bien qu'un jour ou l'autre, le dossier vienne sur la table des débats. Le temps du centralisme forcené est passé. Il est nécessaire qu'il soit remplacé par un autre type d'organisation qui donne plus de pouvoir aux régions. Il n'y a pas de solution idéale, même si le type d'organisation de l'Espagne semble être celui qui me paraît – c'est un avis personnel – le plus adéquat.
Je ne crois pas que les esprits soient assez mûrs pour un débat serein sur ce thème. Mais il faudra l'entamer rapidement, quitte à soulever d'interminables controverses et surtout les cris d'orfraie des gardiens du temple islamo-baâthistes. Ce qui me semble certain, c'est qu'il existe des franges entières d'intellectuels – hors des extrémistes de tout bord – qui sont prêtes au débat. Ce n'est pas suffisant, mais il faudra bien commencer par quelque chose.
Convenez qu'il s'agit là d'une première en matière d'initiative politique qui vient s'agréger ainsi à la retentissante polémique lancée par l'ouvrage de Saïd Sadi sur Amirouche ?
La réponse est évidemment oui ! La polémique – que je trouve saine, en ce sens qu'elle brise le tabou d'une guerre de Libération nationale totalement vertueuse – soulevée par le livre de Saïd Sadi a ouvert très largement les vannes d'un débat sur l'histoire et même sur l'identité nationale. Ferhat M'henni ne pouvait pas se situer en dehors du débat : il vient de mettre la barre très haut, au risque de provoquer une véritable césure dans le mouvement démocratique berbère. Ce qu'il vient de faire – en dehors du pied de nez dirigé contre le patron du RCD, son ennemi intime – peut devenir un précédent pour beaucoup d'autres mouvements de la mouvance berbère : marocaine, nigérienne, malienne, targuie algérienne et même libyenne. N'est-ce pas, là, l'acte d'un apprenti sorcier ?


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