Vingt-trois associations de femmes et des militantes féministes se sont regroupées samedi à Oran pour «la Deuxième rencontre nationale» et autour d'un mouvement qu'elles inscrivent «dans une lutte décoloniale et anticapitaliste». Le Mouvement national des féministes algériennes (MNFA) qu'elles forment est sorti avec un communiqué, où le groupe réaffirme son «engagement en faveur d'une Algérie démocratique, basée sur la justice sociale et l'égalité citoyenne, garanties pour toutes les couches de la société». «Nous rappelons notre combat contre toutes les discriminations faites aux femmes, et réitérons notre rejet du code de la famille qui consacre la permanence de l'oppression des femmes. Nous exigeons son abrogation en vue de l'instauration de lois civiles et égalitaires, et agissons activement contre toutes les pratiques sociales qui empêchent l'émancipation des femmes», écrit le mouvement qui porte les signatures de 14 associations, dont le Réseau Wassila, FARD, RAFD, SOS femmes en détresse, Tharwa N'Fadhma N'Soumer, Rachda, Femmes algériennes pour un changement vers l'égalité et Association nationale femmes en communication. Au groupe se sont joints des collectifs féministes, dont ceux d'Alger et de Béjaïa. La rencontre d'Oran a fait suite à un regroupement similaire qui a eu lieu à Béjaïa. Mais cette fois-ci, l'actualité a amené le mouvement féministe à prendre position contre les derniers engagements économiques pris par le gouvernement Bedoui à travers l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures et celui de finances 2020. Deux textes dénoncés fortement : «Nous dénonçons fermement la soumission, par le pouvoir en place, de nos richesses nationales et de notre souveraineté aux intérêts des multinationales. Les conspirations traduites par le projet de loi des finances 2020 ainsi que le projet sur les hydrocarbures visent le bradage de notre sol et notre sous-sol, mettant ainsi en péril l'avenir des générations futures.» Avec les mêmes expressions de conviction et d'engagement, le mouvement féministe dit rejeter «avec force les élections du 12 décembre, imposées par un pouvoir antinational, décrié par le peuple». En appelant leurs concitoyennes à rester mobilisées pour l'aboutissement du mouvement populaire, dans lequel elles jouent un rôle certain, les féministes ne manquent surtout pas de manifester leur «indignation face à la répression» à laquelle recourt systématiquement le pouvoir en place contre les citoyens algériens. Le MNFA exprime aussi sa «solidarité pleine et entière à l'égard des prisonnières et des prisonniers d'opinion». Plusieurs femmes figurent, en effet, parmi les détenus du mouvement populaire. «Nous estimons, toutes, notre liberté remise en cause par la détention de Samira Messouci, Yasmine Nour El Houda Dahmani et Fatiha Belaifa (sous contrôle judiciaire). C'est pourquoi nous exigeons leur libération immédiate sans conditions et appelons à un renforcement de la mobilisation populaire au sein du hirak», écrit le Mouvement national des féministes algériennes.