Elle fait partie de la première génération d'enseignants de l'Algérie indépendante. C'est à partir de 1963 qu'elle entama une longue carrière d'enseignante au cycle primaire avant d'être promue directrice d'école en 1976 et fut la première femme à occuper le poste de chef d'établissement à Skikda. Durant sa longue carrière, elle eut à former des centaines d'élèves et des dizaines d'enseignants et... de directeurs. Aujourd'hui, cette dame de l'école algérienne risque de se retrouver à la rue. Un huissier de justice est venu, ces derniers jours, l'informer qu'elle devrait libérer le logement d'astreinte qu'elle occupe au niveau du CEM Guahhit, au quartier Mont-Plaisant. «Je n'ai jamais demandé ni bénéficié d'un logement social. Je préférais plutôt penser aux enseignants qui travaillaient avec moi pour lesquels j'ai tout fait pour qu'ils puissent bénéficier d'un logement», tient-elle à rappeler. Avant de partir en retraite, Mme Abada s'est rapprochée de plusieurs responsables de l'éducation en vue de bénéficier d'un logement. Elle savait qu'on n'allait pas tarder à la harceler pour quitter le logement d'astreinte qu'elle occupait. Il est vrai que les logements de fonction dans la ville de Skikda ont de tout temps attiré les convoitises et certains ont même servi de pied à terre. Le directeur de l'éducation de l'époque ira jusqu'à refuser de la recevoir. «J'ai essayé de plaider ma cause auprès du chef de daïra de l'époque, mais je fus reconduite à la porte comme une malpropre. Toutes mes demandes de logement ont été mises aux oubliettes. Pour argumenter ce refus absurde, le directeur de l'éducation de l'époque a laissé entendre, ici et là, que mon ex-époux avait déjà bénéficié d'un logement social, alors que tout le monde, ici à Skikda, savait qu'on avait déjà divorcé et que je vivais seule à cette époque», explique Mme Abada. Se refusant de donner l'impression de chercher l'aumône, ni à amadouer son monde, Mme Abada reste humble. «Je suis une enfant de l'éducation et je sais que les logements d'astreinte sont faits pour être libérés au besoin, mais là je ne sais où aller. Je n'ai plus la force ni les moyens de me lancer dans les batailles juridiques qui m'ont déjà assez usée», reconnaît-elle comme si, elle se sentait délaissée par un secteur auquel elle a donné le meilleur de sa vie. «Ce qui me chagrine le plus, c'est que ceux qui me ferment aujourd'hui les portes font partie d'une génération que j'ai eu comme élèves.» L'amertume de cette dame est immense. Ne la laissons pas seule.