«Si on te demande ‘‘pourquoi moi ?'', dis leur : c'est parce que je suis Adam et elle Eve. Avec elle, les choses atteignent leur plénitude, parce qu'elle est la Terre et moi le Ciel, parce que je suis tout dans ses yeux» Notre ami et confrère Fayçal Medjahed a franchi le pas. Un recueil de poésie de vingt deux textes alliant esthétique linguistique et romances, fraîchement publié aux éditions El Watan El Youm. Des poèmes déroutants, en ce sens qu'ils ne reflètent pas nécessairement la personnalité de Fayçal… mais, peut-être l'errance, l'état d'âme d'un poète en transe. Il le reconnaît, lui-même, d'ailleurs en disant : «Le tout donne un peu l'impression d'être triste… Mais c'est entre la réalité et la fiction. En outre, ce n'est pas à cent pour cent ce que j'ai vécu moi-même. Parfois, je me suis inspiré des expériences des autres et des gens autour de moi». Pour s'extraire de la rigueur professionnelle, du factuel… il s'accorde une liberté, celle de s'affirmer en tant qu'humain ayant droit aux rêves, balayant d'une rime la pudeur poétique. En lisant sa prose expressive, son verbe éloquent, l'on se permet de s'interroger, si à une période de sa vie, notre ami ne s'était pas égaré au carrefour du choix, tant – et c'est une belle surprise – il excelle dans la confession poétique. Passé ce sentiment, mu par le bonheur de découvrir un poète parmi nous, l'on se rend compte vite que le journaliste ou l'économiste, puisqu'il est cela aussi, a aussi une âme, un coeur… souvent fragile pour raconter ses déboires, ses malheurs, sa colère et sa joie. Fayçal est de ceux qui ressentent de la frustration dans sa vie, parce qu'un journaliste est souvent célèbre un jour, la durée de la publication d'un article, pour retomber dans la routine ou l'habitude routinière. Pour durer plus longtemps, sûrement, notre ami s'est «confié» ou s'est «livré» à la littérature. Car un livre dure longtemps. Eternellement. Dans Khawater hess el Bouh qu'on pourrait traduire par «pensées ou confessions», tout court, Fayçal donne libre court à sa nature, son tempérament où l'amour, l'amitié épousent paradoxalement la tristesse et les souffrances. Mais, n'est-ce pas la vie qu'il raconte ? M. Medjahed maîtrise les langues, comme il mate les vers, la cadence et les rimes. Et l'on découvre un avant-goût des révélations, aveux ou confessions d'un journaliste d'expression française qui se met à nu avec beauté… en langue arabe. «Si on te demande ‘‘pourquoi moi ?'' Dis-leur : c'est parce que je suis Adam et elle Eve. Avec elle, les choses atteignent leur plénitude, parce qu'elle est la Terre et moi le Ciel, parce que je suis tout dans ses yeux». Diplômé de l'Institut des sciences politiques et des relations internationales de Ben Aknoun à Alger et dans la spécialité études supérieures en journalisme économique, Fayçal Medjahed est aussi un grand amoureux de la littérature. Actuellement, il s'attelle à la traduction de cette prose en français et à d'autres projets qu'il s'abstient de révéler. Même si l'on devine un peu ses ambitions… littéraires, bien entendu. On nous l'a déjà fait, lui le journaliste francophone qui, comme pour narguer, il a publié un livre en arabe. Surprenant ! il est aussi cela, Fayçal Medjahed. Khawater hess el Bouh un recueil de toute beauté à lire absolument! Advertisements