C'est un livre qui retrace des pages sombres et lumineuses qui vient d'être édité par François Angelier, Michel Fourcade et René Mougel aux éditions Desclée de Brouwer (Paris décembre 2020). Il s'agit de la correspondance entre Jacques Maritain et Louis Massignon. Le premier est un diplomate qui fut notamment le premier ambassadeur de France au Vatican en 1945 au lendemain de la libération en France. Le second est un haut fonctionnaire, longtemps en poste à Alger, particulièrement durant la période de la lutte de Libération nationale. La publication de cette correspondance permet de mieux comprendre l'engagement de cet homme de foi. Outre qu'il était arabisant et féru d'islam, il a toujours été bouleversé par la condition faite aux Algériens. Dans une lettre à Maritain, en 1914, Massignon écrit déjà : «Il y a quelque chose à faire pour nos Musulmans français, – que seule l'Eglise peut faire.» Pendant la ‘‘guerre d'Algérie'', il s'impliquait pour réclamer «l'amnistie des prisonniers politiques d'outre-mer». Le journal Le Figaro rappelle que «pour lui, l'attitude des colons a provoqué chez des Algériens des actes de contre-offensive inadmissibles, mais si les Français répondent par des actes de même nature, c'est encore plus grave.» «Je croyais que le baptême dans le sang du Christ avait aboli la loi du Talion en chrétienté», écrit-il en 1957 en s'insurgeant contre la torture. Dès 1954, il avait créé un pèlerinage islamo-chrétien en Bretagne pour prier pour la paix en Algérie. Son idéalisme ne l'empêchait pas d'avoir une perception très aiguë des choses. «Une telle guerre, à coups de napalm, contre le prolétariat algérien jetterait l'islam croyant dans les bras de l'URSS athée», écrit-il en 1956 . Advertisements