Par un nouveau juge dans un nouveau tribunal de la nouvelle Algérie, Dalila Touat a été condamnée à 18 mois de prison pour des commentaires sur Facebook. Comment est-ce possible ? D'abord la nouvelle Constitution ne sert à rien et ses nouveaux articles sur la liberté d'opinion inviolable et la liberté d'expression garantie s'annulent par le code pénal, seule matrice qui fait loi chez les juges. Ensuite, il y a des ordres venus d'en haut pour semer la terreur dans les rangs des activistes et militants du hirak. Enfin, le nouveau premier magistrat du pays de la nouvelle Algérie a de fait invalidé le statut de la magistrature qui instaure l'inamovibilité des juges de siège, faisant des magistrats des sujets à mutation, sujets donc sous les ordres de l'Exécutif. Résultat, Dalila Touat, comme d'autres avant et après elle, va rejoindre la grosse armée des prisonniers d'opinion, mais on ne connaîtra pas l'opinion du Président qui ne la donnera pas sur Twitter. Dalila Touat est enseignante de physique à Mostaganem et connaît l'équation P=FS qui dit que la pression est le résultat de la force F exercée sur une surface S. C'est-à-dire, en pratique, une force de menace exercée sur la petite tête d'un juge représentant sa surface donne une grande pression, de quoi avoir peur. Mais à l'inverse, une force, même grande, exercée sur une immense surface de 2 millions de kilomètres carrés donne une pression infime. Ce qui a pour résultat de rendre inutiles ces pressions, car il n'y a aucune chance que les Algérien(ne)s s'arrêtent un jour de critiquer leurs gouvernants. D'Alger à Tamanrasset et de Maghnia à El Kala, la surface est trop grande et la résistance trop forte pour ce délire de dictature, même si la pression fait qu'on n'est pas pressés, le temps donnera raison à ceux qui sont convaincus qu'on ne construit pas un pays en mettant en prison ses habitants. Dalila Touat est enseignante et défendait les chômeurs. Maintenant qu'elle a été condamnée, il y a une chômeuse de plus. Du beau travail. Advertisements
