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Karim Tedjani | militant écologiste et fondateur du portail de l'écologie Nouara : «Pour produire réellement bio, il y a des critères à respecter»
Publié dans El Watan le 01 - 03 - 2021

Pour l'activiste écologiste, Karim Tedjani, il convient de distinguer entre les produits bio et les produits naturels. En Algérie, «tous les produits du terroir qui sont commercialisés ne sont pas non plus bio ni même fabriqués avec des produits naturels. Il y va de même pour les produits bio qui sont encore, pour beaucoup, importés et ne sont donc pas issus de terroirs locaux ; tandis que le qualificatif ‘naturel' ne suffit pas pour les identifier comme produits issus de l'agriculture biologique».


-La production du bio en Algérie fait des émules. Est-ce un effet de mode, ou une réelle prise de conscience de l'importance des produits bio pour la santé et l'environnement ?
Il me semble que, pour répondre à cette question, quelques précisions préalables s'imposent. En effet, beaucoup en Algérie continuent à confondre produits naturels, produits du terroir et produits bio. Or, l'un n'implique pas forcément l'autre ; tous les produits naturels ne sont pas forcément des produits bio, ni même du terroir. De même que tous les produits du terroir qui sont commercialisés en Algérie et ne sont pas non plus bio ni même fabriqués avec des produits naturels.
Il y va de même pour les produits bio qui sont encore, pour beaucoup, importés et ne sont donc pas issus de terroirs locaux ; tandis que le qualificatif «naturel» ne suffit pas pour les identifier comme produits issus de l'agriculture biologique. «Bio» est avant tout un cahier des charges bien précis de production et non pas seulement une manière de cultiver ou de fabriquer une denrée avec des produits naturels ou selon des procédés ancestraux propres à une région voire une localité. En Algérie, beaucoup de producteurs et de commerçants jouent, consciemment ou par ignorance, sur cette confusion.
Tandis que nombre des consommateurs algériens ne savent pas comment l'éviter ou la déjouer. En Algérie, c'est surtout la consommation et donc la production de produits dits «naturels» qui a le plus de succès. Puis vient celle des produits du terroir qui enregistrent une évolution assez encourageante. Cela ne veut pas dire que les produits biologiques n'ont pas de plus en plus le vent en poupe auprès d'une certaine catégorie de consommateurs algériens. Mais les conditions effectives de leur certification en Algérie rendent la chose encore très anecdotique pour l'instant ; bien que les choses semblent évoluer progressivement vers des jours meilleurs pour la consommation ainsi que la production de tels produits en Algérie.
-Quels sont les filières et produits les plus attrayants pour les consommateurs du bio ?
Là aussi, j'aimerais me permettre une autre précision importante avant de vous répondre. Si l'on parle de consommation, je pense que ce sont en premier lieu ceux qui doivent inévitablement être estampillés «bio» pour des raisons le plus souvent de réelle efficacité diététique ou médicinale. Beaucoup demeurent des produits importés. Pour ce qui est de la production de produits bio en Algérie, il s'agit en premier lieu de consommables destinés à l'exportation, tels que les dattes et l'huile d'olive. Ils sont donc destinés avant tout à un marché où cette certification est une condition difficilement contournable pour leur commercialisation.
-Peut-on parler d'un marché du bio en Algérie ?
Je serais tenté de parler plutôt de «niche», plus que d'un réel marché algérien du bio. Et cela notamment au regard des précisions que j'ai évoquées dans mes précédentes réponses. Le potentiel est là, reste à instaurer de manière vraiment opérationnelle deux éléments essentiels au réel développement d'un tel marché sur notre territoire : une culture et des institutions en corrélation.
-Quand on parle du bio, on parle forcément de prix élevés. Y a-t-il un barème défini par la loi pour l'application de certains prix. Ces prix correspondent-ils à la réalité de la qualité ?
Je ne pense pas que la loi algérienne relative au bio se soit penchée précisément sur la tarification de tels produits, mais plutôt sur les conditions de leur production. Rappelons au passage que cette loi, si elle existe, n'est pas encore réellement appliquée, comme malheureusement nombre de celles qui souffrent dans notre pays de la validation d'un décret d'application. Pour parler de la cherté de ces produits, il faudra à présent étendre notre champ de vision au-delà de nos frontières. Nous pourrons ainsi constater qu'elle n'est pas irrémédiable.
En effet, ailleurs que chez nous, comme par exemple en Allemagne, on produit des produits bio en quantités industrielles suffisantes pour que leur prix soit beaucoup plus accessibles au commun des consommateurs. Mais la question d'un véritable consensus trouvé entre qualité et quantité de ces produits reste très sensible pour nombre de puristes du bio...
Pour ce qui est de la qualité gustative et du respect de l'environnement, beaucoup de produits naturels ou du terroir algérien affichent des résultats très respectables. Mais c'est là que le bât blesse, c'est d'un point de vue sanitaire. Car pour produire réellement «bio», il y a des critères à respecter qui échappent à la responsabilité du producteur. En effet, en Algérie, l'état général de plus en plus dégradé de l'environnement ainsi que les pratiques de fabrication conventionnelles imposent le plus souvent à ces produits un voisinage ainsi que des contraintes difficilement surmontables sans mettre en place de grands moyens. Cela a forcément une incidence sur leur prix.
-Qu'en est-il de la certification des produits ? La labellisation bio obéit à des critères précis, qui peut bien l'assurer pour les produits algériens ?
Depuis quelques années, les choses ont bien évolué dans ce domaine. Il existe actuellement deux organismes capables de certifier «bio» en Algérie. Le premier est une succursale tunisienne de la fameuse certification européenne Ecocert . Elle répond donc à des critères internationaux en matière de certification bio. Pour ce qui est du marché local, il existe depuis peu une certification algérienne, «Biocert» qui, si elle semble assez sérieuse selon l'avis des experts algériens que je connais, n'est pas aussi reconnue à l'international. Mais elle est apparemment moins onéreuse et offre donc une alternative aux producteurs qui visent avant tout le marché local.
C'est d'ailleurs le coût de ces certifications qui les rend encore si peu populaires parmi nos producteurs locaux, dont nombre d'entre eux restent de petits exploitants, voire parfois des artisans. Cette certification leur imposerait des frais qui auront nécessairement une répercussion significative et donc pénalisante sur leurs prix de vente.
Mais à vrai dire, en matière de bio, la pertinence du canal de la certification est de plus en plus remise en question dans les pays où le marché a atteint des proportions industrielles. Le «label» bio peut être obtenu en jouant habilement sur certains critères et ne s'avère pas toujours très cohérent avec les valeurs qu'il est censé défendre. La question, également de l'objectivité de ces certifications qui demeurent des prestations commerciales, est de plus en plus évoquée.
C'est pour cela que certains consommateurs préfèrent se réunir dans le cadre d'un marché à circuit court, en passant des conventions directement avec des producteurs locaux, revenant ainsi à une relation plus humaine entre producteurs et consommateurs. Une telle expérience existe déjà, d'ailleurs, en Algérie. Elle est expérimentée par le collectif Torba et donne dans l'ensemble des résultats plutôt convaincants.
Mais, à mon humble avis et selon mon expérience personnelle, cette initiative est très louable, et les membres de Torba devraient valider ces produits par un protocole de contrôle encore plus rigoureux, afin que le respect de ce contrat moral par leurs partenaires producteurs soit réellement sûr à 100%. Je ne doute pas, cependant de la volonté de Torba de se perfectionner et que les choses évolueront dans ce meilleur sens dans un avenir très proche.
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