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Empreinte
La passion maghrébine ou le Ferdaous, selon Henri Matisse (II)
Publié dans El Watan le 14 - 07 - 2005

lorsque l'esthétique de la tridimensionalité reprend le dessus chez Henri Matisse, dans les années 1920, le motif global arabe se contracte. Comme s'il rentrait dans la laine du tapis.
En revanche, quand après la Seconde Guerre mondiale, Matisse s'arrache définitivement aux limites du tableau de chevalet et aux ultimes vestiges du réalisme, c'est tout naturellement par des tentures, des tapis muraux et des tapis plats qu'il aborde cette phase ultime, purement abstraite, décorative. S'il ne représente plus de tapis dans les grandes gouaches découpées des dernières années, c'est qu'elles sont devenues elles-mêmes des tapis muraux. Il arrive que la calligraphie entre dans le registre sacré et « alors le registre profane est si grand que la transfusion de l'un à l'autre ne peut s'opérer que par la médiation d'une incarnation qui naturalisera le mythe. Il eut été surprenant, d'une part, que la nouvelle technique matisienne ne cherchât pas à s'acclimater aux conditions de la réalité quotidienne et que, d'autre part, le recours au modèle féminin n'aspirât pas à une justification plus élevée », écrira Pierre Schneider. C'est dans cette perspective, en effet, que la révélation islamique de Matisse va se transposer au niveau du mythe, à travers une nouvelle vision du monde que la transfiguration mystique et non religieuse ! va s'amplifier, grossir et continuer à évoluer jusqu'à la mort du maître. C'est donc entre la révélation et le mythe que s'installe une « envie poétique du monde » qui va s'exacerber grâce à la nouvelle technique picturale puisée dans l'exubérance florale et la répétitivité des mêmes motifs jusqu'à l'abstraction lyrique. Celle du Ferdaous. La jonction entre la révélation et le mythe s'opère grâce au personnage allongé, de dos, au centre d'un tableau très connu dans l'œuvre de Matisse et intitulé La joie de vivre. Déjà, en 1906, lors de son premier séjour en Algérie, il écrivait : « La production artisanale algérienne m'impressionne beaucoup et très vivement. J'ai été particulièrement ébloui par les tissus et les céramiques. » En 1913, il séjourne toute une année au Maroc, en compagnie de Derain, autre disciple du fauvisme abstrait. Deux ans plus tard, il peignera un tableau qui marquera un tournant dans son travail : Les Marocains. Une superbe toile de grandes dimensions, dont la cinétique phosphorescente est éblouissante. C'est avec ce tableau que la cinématographie est intégrée dans l'œuvre de Matisse et que le mythe s'installe d'une façon définitive dans l'œuvre. Matisse va abandonner le fauvisme après ce tableau pour s'enfoncer dans une abstraction de plus en plus grande, axée essentiellement sur une métaphysique du regard. C'est pourquoi il va reprendre La joie de vivre pour en faire une sculpture. Preuve de la fascination qu'il voue à la lumière, la statuette, dont le visage n'est qu'une tâche de lumière, sans aucun trait. Mieux, on sait que la répétition est le mode de manifestation du sacré (la psalmodie coranique, le dhikr, les derwiches tourneurs, etc.), Matisse va se mettre à répéter ses tableaux musulmans. Ainsi, le Nu couché I (1925) sera répété trois fois par le peintre. Nu couché II (1927) et Nu couché III (1929). Dans ces tableaux érotiques, il y a une volonté très nette d'introduire des traces du sacré (comme l'avait préconisé Ibn Arabi) ! De La femme aux œillets (1908) à La leçon de musique (1917), on retrouve le visage abstrait et aveugle de la statuette réalisée après la grande toile des Marocains, qui devient dès lors comme une sorte de modèle symbolique et talismanique, voire totémique. Chaque fois cette figure devenue le fétiche matissien par excellence. Plus surprenant : chaque fois cette figure est accompagnée de symboles psychanalytiques clairs : fleurs jaunes et poissons rouges, dont la lecture freudienne est très explicite et renvoie à l'éternel conflit entre le jaune (névrose) et le rouge (pulsion de vie). Matisse le dira explicitement, lui le fils de notaire qui faillit devenir notaire au Havre ! et qui va s'intéresser aussi à Freud... La transposition ne s'arrêtera pas là ! Matisse est toujours obsédé par ses voyages en Algérie et au Maroc. Vivant la plupart du temps à Nice, il fait de son atelier, une maison arabe et pour peindre, il s'habille en caftan, chèche et chéchia ! Cette passion musulmane est devenue vite une obsession, qui va déboucher sur un mimétisme presque puéril, mais émouvant.
(A suivre)


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