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Explosion des revenus énergétiques et avenir économique
Où va l'argent du pétrole ? La vie « rêvée » au temps du pétrole cher
Publié dans El Watan le 12 - 09 - 2005

Le monde est définitivement rentré dans la phase du pétrole plus rare donc plus cher. Cela va changer la vie de tous. Producteurs et consommateurs. Avec des recettes annuelles de plus de 40 milliards de dollars dans la durée ne faut il pas cesser de parler « d'embellie financière » et réfléchir à l'avenir autrement ?
La situation est sans précédent. Non pas que le plus que doublement du prix du pétrole en 18 mois (fin 2003- été 2005) soit inconnu dans l'histoire, entre octobre 1973 et octobre 74 il avait plus que triplé, mais jamais une telle amplitude de variation , annoncée de tous comme durable, n'a été tenu à l'écart de la prévision économique dans un pays producteur de pétrole. L'Algérie s'entête à ignorer la nouvelle donne. Que l'on juge : les deux lois de finances pour 2005, la première et la complémentaire (ordonnance législative) ont encore calculé les recettes budgétaires sur la base d'un pétrole à ... 19 dollars le baril. Au point de faire du fonds d'ajustement budgétaire - dans lequel tombe actuellement plus de 35 dollars par baril en fiscalité pétrolière - la plus grosse caisse noire de la finance moderne. L'idéologie officielle est toujours basée sur la précarité des recettes énergétiques. Demain est incertain. Certes, mais pour qui ? Longtemps masquée par les grandes compagnies pétrolières, la vérité sur la capacité des nouvelles découvertes à faire face à la nouvelle demande énergétique mondiale est entrain d'éclater. Nous rentrons dans une longue période de flux tendus ou l'excèdent OPEP ne peut plus réguler l'offre de pétrole (voir encadré). A quoi sert il donc de faire semblant qu'une nouvelle prospective économique et sociale basée sur le pétrole chère est encore prématurée ? L'effondrement des cours de 1986 a poussé à la réflexion et a apporté le fameux rapport Djillali Liabes. « Ne pas savoir prévenir la prospérité financière peut être aussi dommageable que de ne pas prévenir la disette » prévient- dans un contexte de bourse et d'entreprises- Georges Soros le grand milliardaire philanthrope. Le second plan « présidentiel » de soutien à la relance qui prévoit de dépenser 55 milliards de dollars entre 2005 et 2009 est il une première adaptation au nouveau contexte financier ? Le montant imposant - a priori - des dépenses annoncées pourrait, lui seul déjà, le laisser penser . En fait, une prospective sérieuse relèverait autre chose. 55 milliards de dollars, c'est le revenu extérieur de l'Algérie de moins de 18 mois. Cela équivaudra sans doute aux revenus pétro-fiscaux de 2006 et de 2007. Le « plan présidentiel » voulait frapper les imaginations... il est largement dépassé par la réalité de la nouvelle donne pétrolière . Pour cet ancien cadre économique à la retraite, « le plan est confiné dans les tâches de rattrapage et ne prépare pas l'avenir. Le million de logements, c'est du rattrapage social, l'autoroute est-ouest, de même que les grands travaux d'hydraulique rattrapent les déficits d'eau. Le métro et le nouvel aérogare d'Alger, ce sont des projets des années 80. Personne ne réfléchit à ce qu'il faut d'ores et déjà engager de totalement nouveau pour l'Algérie de 2020 ». Personne ? Si, l'ambassadeur de Corée du Sud à Alger qui a éblouit le parterre en déclinant une gamme de projets d'avant garde pour l'Algérie 2025 lors de son passage au forum d'El Moudjahid le printemps dernier.
« Boutéflika n'a pas de projet économique »
En France, le premier ministre a convoqué en plein vacances un panel de ministres afin d'engager une réflexion sur une nouvelle politique d'économie d'énergie compte tenu de la période de pétrole cher qui s'amorce. En Algérie aussi on devrait réfléchir aux énergies de substitution, mais c'est sans doute trop demander à des autorités qui ne veulent pas ouvrir de discussion sur l'utilisation des nouveaux revenus colossaux qui se profilent : « le consensus perdure autour du président Boutéflika qu'il faut maintenir l'opinion dans l'univers mental des années 90, celui de l'insécurité financière et de la rareté des ressources » estime l'ancien cadre. Peut être l'explication est elle plus simple. Pour engager une nouvelle prospective compte tenu de la nouvelle donne énergétique, il faut avoir une vision de l'avenir économique du pays et rechercher à la confronter avec la nouvelle prévision du long terme. Pour Abdelmadjid Bouzidi économiste ancien conseiller à la présidence dans les années 80, « le problème est de savoir qu'elle économie nous voulons mettre en place en Algérie ». Un enjeu encore plus lancinant « avec ces revenus pétroliers là ». « Nous avons un ministre de l'énergie qui avec la loi sur les hydrocarbures nous dit « après le pétrole ce sera encore le pétrole », un ministre des finances sortant qui réduisait tout à l'orthodoxie financière, un président de la république qui parle à Ouargla de nous faire revivre les années 70 en mieux, moi je pense que Boutéflika a certainement un projet politique, il n'a pas de projet économique ». Est ce que l'économique est soluble dans le politique ? « Ma réponse est non ». Et Bouzidi de relever que l'encadrement de l'économie et de ses perspectives est orpheline de quelques institutions : « il nous manque des institutions dans la régulation, il nous en manque dans l'étude et la prévision et aussi dans l'information économique et la statistique ». En l'absence de tout cela « nous nous retrouvons avec Zerhouni le ministre de l'intérieur faisant le tour des wilayas et distribuant de l'argent »... ou encore avec le projet de « la nouvelle raffinerie du centre » implanté ... à Tiaret, qui est comme chacun sait un grand port de l'Algérois.
Ni marché, ni plan
La question de la transparence sur l'utilisation des énormes ressources budgétaires dont va disposer l'Etat dans les années qui viennent arrive en tête des exigences pour Tarik Mira ancien chef du groupe parlementaire du RCD à l'assemblée nationale : « le débat contradictoire est urgent devant des enjeux aussi importants » . Qui décide des grandes orientations d'avenir ? Dans les années 70, lorsque le prix du pétrole a presque quadruplé, l'Algérie disposait d'un lieu, le plan, ou l'on savait s'ajuster au nouveau rythme de développement. Les arbitrages d'orientation économique paraissent aujourd'hui échapper à toute rigueur technique. C'est l'abondance qui fait loi et l'entregent qui dénoue la pelote des options possibles. La présidence de la république décide des implantations de gros équipements, des grands programmes de logements, peut être même du tracé de l'autoroute et du nombre de ses sorties. Personne dans le gouvernement ne s'en offusque. « Ce n'est ni une logique de marché, ni une logique de planification et d'aménagement du territoire. Des grandes erreurs de cap nous menacent, lorsqu'il faut choisir une filière technique ou un site d'implantation pour un équipement » prévient l'ancien cadre. Si l'on a en vue que le trésor public sera riche de milliers de milliards de dinars dans la décennie qui vient et au delà, alors cela peut modifier la décision d'investissement aujourd'hui : « la filière technique la plus cher maintenant peut s'avérer la plus propre et la plus durable dans le temps, de même que le site d'implantation peut changer du tout au tout si on y ajoute une autoroute, une voie de chemin de fer ou un port en eau profonde voire une nouvelle ville, qui n'existent pas encore aujourd'hui mais qui deviennent possible si l'on passe en mode prospective ». En maintenant le silence sur le nouveau long terme sous pétrole cher, l'Etat voit petit et dépense petit. Lorsque les revenus sont trois plus grands, il faut voir au moins deux fois plus haut : un grand pôle urbain de recherche développement comme en Corée du Sud, Le RMI et le TGV comme en France, des éoliennes et des panneaux solaires comme en Allemagne, 1200 km de littoral label bleu comme en Tunisie, une céréaliculture extensive dans le Sahara comme en Arabie Saoudite, des zones industrielles pré-équipées comme en Malaisie. Avant l'été 2005, il n'y avait que l'ambassadeur de Corée du Sud à Alger pour parler ainsi...depuis le pétrole gicle au dessus des 60 dollars le baril. Pour longtemps. Pour très longtemps. C'est bien le moment de reparler de l'avenir.


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