Il n'aura fallu qu'une rencontre inédite pour ressusciter une passion qu'on croyait révolue avec la période faste des ciné-clubs amateurs. L'initiative de la direction de la culture de la wilaya de Constantine d'inviter, récemment, le cinéaste « non professionnel », Ahmed Zir a été salutaire d'autant qu'elle suscita un débat spontané et enrichissant. « Le cinéma n'est pas mort tant qu'il existe toujours des gens qui militent pour sauvegarder ses belles traditions », remarquera l'invité du jour. Ahmed Zir ira même jusqu'à nous confier qu'il allait lui aussi abandonner un jour sans les encouragements de son ami Djamel Eddine Hazourli, un autre passionné du septième art et animateur de l'émission radiophonique « Cinérama ». Fort d'une expérience richissime, Ahmed Zir est resté égal à lui-même, lui qui a connu les multiples consécrations à l'échelle nationale et internationale. Retraité de l'enseignement depuis quelques mois, toujours fidèle à sa vocation de cinéaste amateur malgré toutes les sollicitations et les fausses promesses, il s'ingénie à produire « avec les moyens de bord et l'aide des amis qui me procurent la fameuse pellicule super 8, introuvable en Algérie », comme il lui plaît de le dire. Adepte de Chaplin et des péplums romains, il pousse la technique de ses films aux extrêmes, avec une prédilection plus raffinée pour le son et la musique. Ses œuvres qui appellent à la réflexion et à la méditation sont des migrations à mi-chemin entre le réel et l'imaginaire avec une tendance avérée pour le fait créatif. Un travail qui lui valut l'admiration de ses contemporains. Du haut de ses 53 ans, Ahmed Zir qui demeure l'un des derniers Mohicans du vrai cinéma amateur en Algérie parle toujours du septième art comme d'une passion vitale sans cesse renouvelée. « Mes films ont toujours porté des messages de paix, de fraternité et de respect des valeurs culturelles universelles. » C'est ce même dévouement qui l'a amené à défendre ses idéaux sur les différentes contrées. En France, en Italie ou aux Etats-Unis, il côtoya les noms universellement connus parmi les cinéastes amateurs tout en portant dans son cœur la culture et le cinéma de son pays. Un amour qu'il continuera toujours de cultiver jusqu'à son dernier coup de manivelle.
