Extraordinairement bien servie par son passé plusieurs fois millénaire et les traditions d'échange avec les pays voisins (Liban, Jordanie, Irak, Turquie), qui lui garantissent un minimum de 3 millions de visiteurs par an, la Syrie tente de se frayer une place parmi les géants du tourisme mondial en ciblant les clientèles potentielles des pays d'Asie, d'Europe et d'Afrique du Nord. Pour peu que les conditions géopolitiques aujourd'hui troublées par les menaces américaines s'améliorent, la Syrie a de bonnes chances de devenir à terme une destination touristique de tout premier plan, disposant d'un large éventail de produits à proposer aux touristes (historique, religieux, balnéaire, fluvial, etc.). La destination touristique syrienne est à l'évidence promise à un bel avenir du fait même de sa configuration géographique et de son histoire exceptionnelle, vieille d'environ 12 000 ans. Le gouvernement qui vient d'ériger le tourisme en tant que moteur du développement économique et social a décidé de lancer des actions marketing d'envergure pour promouvoir les produits touristiques syriens. Le Festival de la route de la soie, qui en est à sa quatrième édition, est un bel exemple de publicité, portée cette année par quelque 140 journalistes et plus de 1500 artistes venus du monde entier découvrir les charmes multiformes du pays et les traces surprenantes de civilisations disparues se trouvant sur les rives de l'Euphrate et tout le long de la route de la soie que parcourent depuis des millénaires diverses peuplades. Homs, alep et les autres L'avènement de l'Islam fera de cette route un axe très fréquenté, notamment par les pèlerins musulmans du monde entier en partance pour les Lieux Saints. Les processions de caravanes constituaient de véritables villes ambulantes qui imprégneront la société syrienne de fort nombreuses traditions culturelles, religieuses, artisanales, culinaires, médicinales encore vivaces, que les autorités syriennes s'attellent d'ailleurs aujourd'hui à réhabiliter pour les besoins du tourisme international. La route de la soie fut également empruntée et continue de l'être par les pèlerins chrétiens et judaïques en quête de sites et monuments à haute valeur religieuse, dont la Syrie regorge en tant que berceau des religions révélées et acteur des guerres qu'elles se sont livrées tout au long de l'histoire. Les villes comme Damas, Palmyr, Deir Ez Zour, Alep et Homs regorgent de sites archéologiques témoignant de la présence des civilisations qui avaient successivement dominé le monde à travers l'histoire de l'humanité. Le quatrième Festival de la route de la soie, qui vient de s'achever, a en outre servi à promouvoir le tourisme fluvial, étant entendu qu'un fleuve comme l'Euphrate, considéré comme le berceau de l'humanité dont les traces de vie humaine prouvée remontent à plus de 12 000 ans, peut constituer en tant que tel un produit touristique très attrayant. La politique du tout-tourisme, à laquelle œuvre le gouvernement syrien depuis bientôt quatre années, commence déjà à porter ses fruits en dépit d'une conjoncture géopolitique peu favorable. Le Premier ministre syrien, Mohamed Nadji Otri, nous a fait part de l'intention de son pays d'atteindre, voire de dépasser, la Tunisie en termes de capacité d'accueil (plus de 100 000 lits viendront bientôt s'ajouter aux 55 000 lits disponibles) et de destination touristique. 2,5 mlilliard de dollars de recettes touristiques Un peu plus de 6 millions de touristes ont, dit-il, visité la Syrie dont environ 3,5 millions avaient passé au minimum une nuit dans un des hôtels du pays. Le tourisme étant devenu la priorité du gouvernement, tout un train d'actions, dont la mise en œuvre est suivie par le Premier ministre personnellement est d'ores et déjà programmé. Il porte sur le renforcement et la modernisation des infrastructures de base (routes, hydraulique, technologie de la communication, mise en valeur des sites archéologiques, etc.) et le réaménagement de la législation sur l'investissement pour améliorer encore davantage le climat des affaires, notamment dans le secteur du tourisme. Des chantiers promettant une nette amélioration du niveau des services (autoroutes, hydraulique, hôtels de divers standings, etc.) sont ouverts à travers tout le territoire syrien. Selon le Premier ministre, la Syrie aurait capté d'importants investissements directs étrangers qui se chiffraient à un peu plus de 3 milliards de dollars en 2004. Ils seraient destinés pour l'essentiel à la construction d'infrastructures touristiques nécessaires à l'accueil du flux touristique, lequel progresserait , selon lui, d'environ 16% par an. Mais le gouvernement syrien ne compte pas que sur les investisseurs étrangers pour développer ses infrastructures hôtelières. Il compte impliquer les promoteurs syriens et pour ce faire, il s'apprête à promulguer un décret tout à fait judicieux consistant à permettre à tout citoyen en possession d'une construction à usage d'habitation de la transformer en hôtel et autres équipements touristiques, pour peu qu'elle réponde aux exigences fixées par le cahier des charges fixées par les pouvoirs publics. Ils pourront, dans le cas où ils satisfont aux conditions requises, bénéficier de l'ensemble des mesures incitatives prévues par le code des investissements syriens. Interrogé sur l'insécurité qui prévaut dans la région en général et en Syrie en particulier des suites de la dégradation de ses relations avec les Etats-Unis d'Amérique, Mohamed Nadji Otri affirme que cela n'influe en rien sur le cours des investissements, notamment ceux en provenance des pays du Golfe en nette progression. Il affirme même que la Syrie est un des pays les plus sécurisés au monde. Il se classerait, selon le ministre du Tourisme, Saâd Allah Agha Al Kal'aa, qui n'a évidemment pas livré les critères sur lesquels est basé le classement, parmi les 10 pays les plus sûrs de la planète. Il est vrai que la Syrie, que nous avons largement parcourue, donne une impression de calme et de sérénité, la situation géopolitique conflictuelle qui prévaut dans la région étant rarement évoquée par la population en dépit de sa surmédiatisation. Le ministre du Tourisme s'estime par ailleurs très satisfait des résultats financiers obtenus en 2004 soit 2,5 milliards de dollars de recettes touristiques et plus de 500 millions de dollars de dépenses d'investissements. Il s'est en outre félicité de l'intérêt accru que portent de plus en plus de touristes européens (plus de 40 000) à la Syrie et des perspectives prometteuses pour l'ensemble des produits touristiques syriens. La facilitation de l'octroi du visa d'entrée en faveur de touristes constitués en groupes (il sera bientôt possible pour les tour-opérateurs d'obtenir des visas au niveau même des aéroports) est de nature à rendre encore plus attrayante la destination syrienne selon Saâd Allah Agha Al Kal'aa qui ne désespère pas de voir son secteur, qui contribue déjà à environ 9% de la richesse du pays, avoir des effets d'entraînement positifs sur tous les autres secteurs en synergie avec la branche du tourisme (agriculture, transport, formation, artisanat, hydraulique, télécommunications, etc.)
