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L'université : Former des «créateurs d'emplois» plutôt que des «chercheurs d'emplois»
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Publié dans El Watan le 22 - 09 - 2010

l'université peut jouer un rôle central dans la redynamisation des deux autres secteurs-clés de l'économie : l'Etat et les entreprises
L'université se caractérise aujourd'hui par trois grandes tendances : la première est qu'elle forme essentiellement des «chercheurs d'emplois», des gens qui, sortis de l'université, vont passer leur temps à chercher un emploi qu'ils trouvent rarement ; la deuxième est qu'elle forme des gens qui, pour la raison que l'on vient juste d'évoquer, sont essentiellement orientés vers l'extérieur et qui vont tout faire pour trouver un débouché à l'étranger, souvent au prix d'une dégradation de leur situation professionnelle et personnelle ; la troisième est que l'université est gérée dans la majorité des cas par des cadres qui n'ont aucune connaissance des méthodes de management et de marketing modernes.
Le résultat est qu'une grande majorité des sortants des universités va accroître la réserve de chômeurs déjà très importante et une autre partie va prendre le chemin de l'étranger, phénomène bien connu du «brain drain» (fuite des cerveaux), tout cela baignant dans un contexte d'une économie caractérisée par l'absence de croissance et la stagnation. Avant de proposer quelques solutions ayant pour objectif de renverser ces tendances, revenons sur la situation qui caractérise l'université en 2010.
Situation actuelle de l'université
Il n'est pas question bien sûr de faire une analyse exhaustive de la situation de l'université aujourd'hui, notre objectif est plus limité : chercher à connaître l'issue réservée aux milliers de sortants des universités chaque année. En analysant la question, on constate deux tendances principales : une portion importante de ces diplômés va s'orienter vers la recherche d'un emploi (ils font ce qu'on appelle du «job hunting»). Parmi eux, 4 à 5% ont une chance de trouver un travail, le reste, soit environ 95%, va passer des mois, voire des années, à chercher vainement à se faire embaucher et finir par se décourager et rejoindre la réserve actuelle de chômeurs soit essayer de se frayer un chemin de sortie vers l'extérieur.
En analysant la situation des demandeurs de visas, on constate que 80% au moins de cette dernière tranche est constituée d'universitaires en quête d'un «éden» à l'étranger, notamment en France et au Canada. Une partie de ces chercheurs d'éden va réussir à se «caser» (environ 20%), le reste va rejoindre et accroître la réserve actuelle de chômeurs. Et parmi les «heureux élus», une bonne partie ne réussit pas à trouver un travail correspondant à ses qualifications. Tout le monde connaît les anecdotes sur des médecins qui ont réussi à sortir mais qui sont forcés, faute de mieux, d'exercer des tâches d'infirmiers, voire une activité de plus bas niveau encore ou de faire un métier qui est complètement éloigné du leur. Cela est en général vrai pour toutes les professions, à l'exception de quelques-unes qui sont demandées par les pays hôtes.
Cette tendance à l'accroissement du chômage des universitaires et à la dégradation de leur situation se trouve aggravée par une autre tendance lourde : la tendance de l'économie à la stagnation, voire même à la croissance négative du fait que les investissements de développement créateurs d'emplois ont été arrêtés pratiquement depuis la fin des années 1970. Le résultat est que l'offre d'emplois est presque nulle et donc les chances des diplômés des universités de trouver un emploi sont très réduites.
Deux raisons peuvent être avancées pour expliquer ces tendances : le choix des filières enseignées dans les universités et l'ignorance par une grande majorité des responsables des universités des méthodes et des techniques de management et de marketing modernes. S'agissant du choix des filières, on remarque que celles qui sont surtout offertes sont les sciences humaines et les sciences sociales (littérature, histoire, philosophie, langues, sociologie, psychologie, etc.). Probablement, 80% des étudiants s'orientent (il faut dire plutôt sont orientés) vers ces filières par le système central d'orientation utilisé actuellement dans les universités. Comme ce sont les filières les moins demandées par les secteurs économiques - parce que le plein est pratiquement déjà fait dans la plupart d'entre eux - les étudiants choisissant ces filières sont majoritairement ceux qui remplissent la réserve de chômeurs.
La seconde raison est le manque de vision et l'ignorance par une grande partie des responsables des universités à tous les niveaux des méthodes et techniques de management et de marketing modernes et l'absence de souci d'efficacité et d'optimisation de la gestion des ressources. A cela, il faut ajouter qu'aucun dialogue n'existe entre l'université et les secteurs économiques, ce qui a pour résultat que les universités restent loin des réalités économiques et sociales et les secteurs économiques ne trouvent pas les cadres et les managers orientés vers le «problem solving» et le «solution finding».
Conséquence : d'un côté, l'université vit en vase clos et les secteurs économiques n'avancent pas, pour ne pas dire régressent dans beaucoup de cas, d'un autre côté, l'université travaille toujours selon les méthodes de la fonction publique et ne s'est jamais souciée de se mettre au diapason des méthodes managériales et de marketing modernes qui lui auraient permis de réduire les gaspillages des ressources matérielles, financières et surtout humaines — car c'est surtout celles-là qu'il faut essayer de garder — et l'empêchent de saisir les opportunités plus profitables pour elle-même et pour le reste de l'économie. Par exemple, les responsables d'universités, de facultés et de départements ne sont pas requis de connaître les méthodes de management modernes, ce qui fait qu'ils pratiquent une gestion au jour le jour et ne font souvent aucune planification à moyen terme et encore moins à long terme. On peut facilement imaginer les coûts de cette méconnaissance et de cette gestion au jour le jour dans le long terme. Face à ces tendances lourdes, que faut-il faire ?
Les solutions pour renverser ces tendances lourdes
Pour empêcher que la réserve actuelle de chômeurs ne grossisse encore plus — avec les risques de troubles sociaux potentiels à moyen terme — et pour éviter que l'hémorragie des cerveaux ne devienne aiguë et ait pour résultat une économie exsangue de ses ressources humaines formées à prix fort, l'université doit orienter son action vers deux domaines stratégiques : la formation des étudiants à «l'entrepreneurship» au sens schumpétérien du terme, c'est-à-dire former des gens capables de créer leur propre entreprise, d'une part, et la formation de ses propres cadres aux techniques modernes de management et de marketing, d'autre part. L'autre action à mener est la relance de la croissance économique.
S'agissant du premier domaine, il implique lui-même que des actions soient entreprises dans trois sous-domaines : une planification des flux entrées et sorties d'étudiants, le développement des relations entre l'université et les secteurs économiques et la relance de la croissance économique au double niveau macro et microéconomique. La première action concerne la planification des flux d'entrants et de sortants des différents niveaux de l'éducation allant du primaire au supérieur. Cela implique deux choses : une sélection , je suis tenté de dire plus «sélective» et des barrières à l'entrée plus hautes, notamment au niveau universitaire et un système de quotas par filières qui soit basé sur les besoins de l'économie en ressources humaines et non seulement sur les desiderata des étudiants.
En effet, le système actuel de sélection et de quotas n'a aucune assise sur l'économie nationale, ce qui explique «l'excess supply» (surplus d'offre) dans certaines filières comme les sciences humaines et sociales et «l'excess demand» (déficit) dans d'autres, notamment les filières techniques et de management. Cela soulève la deuxième question, celle des relations entre l'université et les secteurs économiques. Depuis pratiquement les années 1970, les discours politiques à tous les niveaux n'ont pas cessé d'appeler à la création d'un dialogue entre l'université et l'économie réelle. A ce jour, aucune action concrète - à l'exception de l'organisation par certaines universités de séminaires insistant sur ces relations - n'a été réalisée.
L'université attend que les secteurs économiques fassent le premier pas, les secteurs économiques attendent que ce soit l'université qui vienne à eux. Le résultat est un non-dialogue ou un dialogue de sourds sans effet positif sur les deux parties concernées. Le troisième type d'action à entreprendre par l'université est d'initier les étudiants, pratiquement dès la première année, avec une concentration sur la dernière année, à l'entrepreneurship. Cette initiation leur inculquerait l'esprit d'entreprise et la «self-confidence» (compter sur soi) et jouerait le rôle de roue de secours au cas où l'étudiant ne trouverait pas un emploi.
Le deuxième grand domaine où l'université doit porter ses efforts est la formation de ses cadres aux méthodes et techniques de management moderne. La situation actuelle - qui remonte aux années de démarrage des universités - est que les nominations aux postes de responsables d'universités, de facultés et de départements sont faites soit au niveau politique, soit sur la base de ce qu'on appelle la «doyenneté», ce qui fait que la majorité des responsables ainsi désignés n'a aucune expérience préalable dans la gestion des ressources financières, matérielles et surtout humaines, avec les conséquences que l'on connaît sur la gestion des universités : absence de planification stratégique, méconnaissance des méthodes et techniques de marketing qui permettraient de passer des contrats de type «Win-Win» avec les entreprises économiques, etc. Avoir des connaissances et une expérience dans la pédagogie est certes une condition nécessaire, mais en aucun cas suffisante.
Il faudrait donc désormais que les responsables des universités et les responsables à l'intérieur des universités remplissent ces deux conditions pour que l'on arrive à une optimisation de la gestion des universités.
Le troisième grand domaine d'action est la relance de la croissance économique au niveau macro comme au niveau microéconomique. Au niveau macroéconomique, l'Etat doit orienter une partie des ressources publiques vers la relance du développement de certains secteurs stratégiques : agriculture, industries, tourisme, NTIC's, etc. Voilà déjà un domaine de collaboration entre l'université et l'Etat, ce dernier commanderait des études aux universités sur le choix des secteurs, le choix des technologies et la faisabilité économique de ces choix et l'université aurait du «grain à se mettre sous la dent», acquérant par ce processus une expérience du terrain qui lui fait défaut aujourd'hui.
Cette coopération serait sans aucun doute du type «Win-Win» : l'Etat aurait des études scientifiques sur lesquelles baser ses décisions de politique économique et l'université se procurerait les ressources dont elle a besoin pour son propre développement. Au niveau microéconomique, la relance économique passe par un autre niveau de relations : entre l'université et les entreprises. La situation actuelle est caractérisée par un déficit des entreprises en ressources humaines qualifiées, d'un côté, et de l'autre, l'université qui a des potentialités humaines qualifiées non utilisées. Il faudrait donc relancer le dialogue entre l'université et l'entreprise, ce qui aurait pour résultat final une relance de la croissance au niveau microéconomique. Si on ajoute à cela le fait d'initier les étudiants à l'entrepreneurship - qui aurait pour résultats la création d'entreprises, la croissance économique et la création d'emplois - la relance économique ne pourrait qu'être «boostée» encore plus.
Conclusion
En conclusion, on peut dire que le renversement des tendances lourdes évoquées ci-dessus passe par la réalisation des trois actions principales indiquées : la formation des étudiants à la création d'entreprises et donc d'emplois, la formation des cadres de l'université aux méthodes et techniques de management et de marketing modernes et la relance de la croissance économique au double niveau macro et microéconomique. Si ces conditions sont remplies, alors deux résultats seraient sans doute espérés : une baisse tendancielle du chômage et une réduction de l'hémorragie actuelle de ressources humaines qui enrichit les économies déjà riches au détriment du pays d'origine de ces ressources. Il s'agit bien sûr là d'un programme ambitieux mais dont les bénéficies à long terme seraient assurés. On le voit, l'université peut jouer un rôle central dans la redynamisation des deux autres secteurs-clés de l'économie : l'Etat et les entreprises. Est-ce qu'elle sera capable de relever ce défi ? Seul l'avenir nous le dira.


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