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«Le salariat permanent est de moins de 30% en Algérie»
Mohamed Saïb Musette. Sociologue et chercheur au CREAD
Publié dans El Watan le 04 - 10 - 2010

Sociologue et chercheur au Centre de recherche en économie appliquée au développement (CREAD), Mohamed Saïb Musette signale dans cet entretien accordé à El Watan Economie que «le salariat permanent est de moins de 30% en Algérie», qu'il existe très peu d'études sérieuses sur les salaires et leur évolution, et le secteur privé étranger n'attire que 3% des travailleurs nationaux. En attendant le symposium, organisé par le CREAD, sur toutes les questions relatives au travail en Algérie prévu en octobre à Alger, l'insatisfaction sur la situation professionnelle actuelle est pratiquement générale.
-Une enquête sur «les situations professionnelles et les aspirations de postulants sur le marché du travail algérien» a été réalisée en Algérie par un bureau conseil Teamconsulting International. Elle indique qu'il existe une prédominance des hommes dans tous les secteurs d'activité, sauf pour le secteur publicité et médias. Comment expliquez-vous cela ? Et donne un taux de chômage de 17%. Ce taux se rapproche-t-il de la réalité en Algérie ?
Le marché du travail en Algérie reste, pour des pans entiers, dans l'opacité totale. Toute nouvelle initiative est ainsi salutaire et ne peut qu'apporter de nouveaux éclairages sur les comportements des travailleurs et des chômeurs. Il faut peut-être attendre l'exploitation finale des données de cette enquête, avec la méthodologie suivie pour la conduite de ce sondage. Les premiers résultats dont vous parlez sont encore sommaires. La ventilation par genre, avec une prédominance des hommes en activité est une réalité observée sauf que la ventilation par «secteurs d'activité» repose sur la nomenclature utilisée et la taille de la population occupée. La faiblesse de l'échantillon introduit un biais dans cette observation. Quant au taux de chômage, là aussi, la définition utilisée est importante. Le taux moyen national de 17% vient en contradiction avec le résultat des enquêtes annuelles de l'ONS (Office national des statistiques) qui indiquent une tendance baissière ces dernières années.
-Alors que les syndicats dénoncent la précarité de l'emploi, l'étude donne un taux de 78% de contrat à durée indéterminée (CDI), 19% de contrat à durée déterminée (CDD), 2% de free lance et 2% de non déclarés. Le marché du travail est-il organisé ainsi en Algérie ? Si non, comment se présente-t-il ?
A l'examen de ces premiers résultats, on aurait eu une mutation profonde du marché du travail en 2010. C'est exactement le contraire des tendances observées par les sondages de l'ONS et les études produites ces dix dernières en Algérie. Le salariat permanent aurait accusé une hausse extraordinaire en une année seulement ! Il est vrai que tout peut basculer rapidement en Algérie, mais le changement des tendances lourdes nécessite plusieurs années. Le salariat permanent est moins de 30% en Algérie.
-La tendance, qui va vers la moitié des fonctions occupées, concerne les multinationales encouragés par la formation continue, suivie des entreprises privées locales avec 27%, 12% dans des entreprises internationales (étrangères), 10% dans les entreprises publiques et seulement 1% dans l'administration. Est-ce le cas ? Les algériens sont-ils plus attirés pour travailler dans des multinationales en dépit que ces dernières recrutent pour des CDD ?
L'attraction des multinationales n'est pas un phénomène exceptionnel dans le monde du travail. C'est un segment très restreint à l'échelle nationale. Le secteur privé étranger capte moins de 3% des travailleurs nationaux et ne sont accessibles à ce marché que les personnes ayant des compétences avérées et prêtes à une forte mobilité ainsi qu'à une employabilité sans cesse renouvelée. La formation continue ne peut être examinée qu'à partir de la réglementation algérienne qui autorise certaines entreprises de payer un impôt lorsqu'elle ne contribue pas à la formation de ses ressources humaines. Tout résultat d'enquête qui n'intègre pas cette donnée est aléatoire.
-Quels sont les secteurs pourvoyeurs d'emploi par ordre d'importance et pourquoi ?
Malheureusement l'analyse de l'emploi par secteurs reste encore dans l'ombre en Algérie. Il faut savoir qu'il existe une nomenclature internationale des secteurs d'activité (NSA) que l'Algérie doit observer. Les dernières publications des sondages de l'ONS n'éclairent que les grandes branches d'activité – autrement dit, un regroupement des secteurs en quatre catégories – ce qui donne des résultats selon l'ordre suivant en 2009 : 56% dans les commerces & services (y compris l'administration). 18% dans les BTP (Bâtiment et travaux publics), 13% dans l'agriculture et 13% dans les industries. La déclinaison en secteurs n'est pas publiée, probablement due à la faiblesse de l'échantillon.
-L'étude fait état de 68% d'insatisfaction sur le salaire mensuel en fixant le salaire mensuel moyen net à 81 500 DA soit 820 euros, avec une évolution pour 44% des sondés, tandis que 52% estiment qu'il n'y a pas de politique d'augmentation des salaires. Y a-t-il une évolution des salaires en Algérie et celle-ci est-elle porteuse ?
La question des salaires est complexe et mérite encore plus d'études approfondies avec une rigueur méthodologique absolue. Les déclarations spontanées des individus sur les salaires vont souvent vers les extrêmes, soit elles sont exagérées, soit minorées. Les entreprises où les employeurs réduisent au minimum les déclarations ou alors ne déclarent même pas les salaires réels des travailleurs. Face à ces comportements qui ne sont pas spécifiques à l'Algérie, des précautions méthodologiques sont nécessaires pour procéder à l'estimation des salaires. Dans l'absolu, parler de la «satisfaction» des salaires est un défi en soi et donne ainsi les résultats attendus : l'insatisfaction domine. L'examen de l'évolution des salaires est une autre paire de manches – l'évolution doit être établie en termes réels ou nominales. C'est ainsi qu'on pourra observer s'il y a hausse ou baisse, même s'il y a une augmentation de la rémunération principale. Ces résultats sont ainsi à prendre avec beaucoup de précautions. L'ONS a interrompu les enquêtes salaires en 1996, ce n'est que cette année que cette enquête a été reprise et les résultats ne sont pas encore publiés.
-La politique des primes dans le milieu du travail est-elle généralisée ? Son apport est-il important ou certaines le sont mais pas d'autres (13e mois, sur le chiffre d'affaires, les objectifs atteints par l'entreprise ou le résultat global de l'entreprise, la prime de rentabilité, les primes de fête, de transport, de panier, de documentation…) ? Constituent-elles une motivation bien qu'à la retraite, elles ne sont pas comptabilisées ?
Les primes sont des accessoires liées à la rémunération principale et peuvent ou ne pas être intégrées dans le calcul de la retraite. Le monde du travail est ainsi organisé justement pour la motivation des travailleurs, notamment des salariés à plus d'efforts dans la production et à plus de productivité.
-Est-ce qu'un salaire moyen net mensuel décent de49 000 DA, soit 500 euros pour débuter dans la vie active en Algérie est-il possible en tenant compte des paramètres économiques ?
Cette question est liée à la question précédente. Aucune étude sérieuse n'existe pour l'estimation d'un salaire juste, qui doit être sans cesse actualisé, avec les paramètres de l'économie nationale.
-Selon cette même étude, 60% des Algériens aspirent à créer leur propre entreprise à long terme, alors que 29% accepteraient sans hésiter un emploi à l'étranger ? Va-t-on vers une suprématie du secteur privé et la fuite des cadres ?
Le rêve d'une autonomie professionnelle existe chez tous les travailleurs de la terre, mais entre le rêve et la réalité, il y a la décision qui est sociale. L'individu a le droit de rêver et on peut s'amuser à mesurer le désir des uns et des autres. Le secteur privé est devenu le premier employeur en Algérie. Concernant la fuite des cadres ou le désir de travailler à l'étranger, c'est encore un sujet complexe. Des études sont en cours sur cette question. Le CREAD va organiser un Symposium en octobre sur ces questions.
-Seule une personne sur trois se dit heureuse de sa situation professionnelle, tous genres confondus. Est-ce là la réalité du travailleur algérien ?
Encore une question difficile à mesurer la satisfaction liée à la situation professionnelle actuelle. L'insatisfaction au travail n'est pas le propre de l'Algérien. On peut tenter un classement de la valeur travail selon la norme dominante en Algérie, mais cela nécessite une observation dans le temps pour signifier qu'il y a une progression ou régression.


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