La facture de reconstruction aux normes parasismiques n'est pas arrêtée car, à ce jour, l'Algérie continue d'investir dans ce domaine à coups de centaines de milliards de dinars pour rattraper le retard. Le séisme de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter du 21 mai 2003, et celui de Chlef de magnitude de 7,5 du 10 octobre 1980 ont coûté plusieurs milliards de dinars en construction seulement. L'Etat a élaboré depuis 1981 des règlements parasismiques algériens, inspirés des règlements californiens (américains) transmis par l'université de Stanford avec laquelle le CTC (Organisme de contrôle technique de construction) possède un accord, (RPA 81,83 ,88,99, 2003) et le dernier en cours d'élaboration en 2010 qui sortira en 2011. Sauf qu'il ne suffit pas d'élaborer des normes si elles ne sont pas appliquées ou mal appliquées. Pour la reconstruction de Boumerdès, plus de 60 milliards de dinars ont été dépensés, alors que pour Chlef, à ce jour, aucun ne peut évaluer la construction, car au fil du temps, cette reconstruction n'a pas eu lieu comme il se doit. Pour ce dernier cas, l'Etat a finalement opté pour des aides de la Caisse nationale de logement (CNL) pour permettre aux particuliers de reconstruire eux-mêmes leurs demeures. Le niveau de compétence des ingénieurs remis en cause Le CGS intervient 6 à 7 fois par an sur des problèmes qui perdurent et pour lesquels les partenaires n'arrivent pas à trancher localement. Il fait l'intermédiaire et tente de trouver des solutions en cas d'erreurs, a fait savoir ce responsable. Pour les programmes publics, le CGS est saisi pour des problèmes d'interprétation entre le CTC et le bureau d'études, le CTC et le maître d'ouvrage, le bureau d'études et un autre partenaire, a-t-il noté en précisant que «souvent c'est une question du niveau de compétences de certains ingénieurs qui débutent peut-être qui éprouvent des difficultés à prendre des responsabilités à un moment-clé de l'avancement du processus de construction». Pour le maître d'ouvrage, soit le client, passe par un bureau d'architecte (maître d'œuvre) pour signer un contrat avec le CTC pour le contrôle et le suivi du chantier en contre-partie d'un paiement variant entre 1 à 2% voire 3% pour certains projets complexes, du coût du projet, selon les propos de tous les acteurs de l'acte de construire. En effet, «l'ingénieur (en génie civil) peut se tromper parce que nul n'est infaillible, mais le produit qu'il fournit n'est fini et prêt à l'emploi qu'une fois vérifié, contrôlé et approuvé par ses pairs en référence aux normes de construction en vigueur et le produit obéit à un process de tâches complémentaires, du choix de terrain à l'approbation définitive du dossier d'exécution par les organismes concernés en passant par le calcul et le choix de la structure à adopter, et ce, en vue d'obtenir un produit rationnel sur le plan qualité/prix», se défend Ahmed Belfadel, délégué du centre de l'Union nationale des ingénieurs de construction (UNIC). La majorité des sites disponibles sont sismiques Selon B. Moulay Ali, PDG de CTC Ouest et ingénieur en génie civil, depuis la mise en place des institutions de développement de génie parasismique en Algérie, expert de génie parasismique, «si on voit les statistiques des assurances, en dehors des aléas majeurs et des risques majeurs, on a eu très peu d'aléas accidentels. Dans la panoplie des grands programmes entrepris en Algérie, les autorités sont en train de refaire les constructions qui datent des premières années après l'indépendance. La priorité est donnée aux infrastructures scolaires, universitaires, sanitaires. Le particulier «est de plus en plus sensible à la préoccupation de construire dans les normes parasismiques, car les investissements se font de plus en plus lourds, onéreux et les sites d'implantation sont de plus en plus problématiques». Il soutient que les sites dits «faciles » sont tous occupés par les programmes initiaux et ils restent énormément à construire sur des sites de moins en moins évidents sur le plan techniques et scientifiques où il va falloir pousser les investigations davantage pour une meilleure certitude de sécurité. Selon lui, les Algériens prennent de plus en plus de couverture pour garantir leurs investissements en matière de construction, sans donner de chiffres. Entre 30 et 50 000 DA le mètre carré Le mètre carré construit aux normes parasismiques coûte entre 30 000 et 50 000 DA, mais cela dépend de l'ouvrage. Si la réglementation durcit dans l'immédiat, l'augmentation du coût est de 5000 DA le mètre carré, affirme Larbi Chemmam, président de l'Union nationale des promoteurs immobiliers (UNPI) en Algérie. Cependant, «les prix des matériaux ne sont pas maîtrisés en Algérie. Le gros dans la construction est l'acier. L'idéal pour la construction parasismique est la charpente métallique mais ça coûte tellement cher l'acier dont la bourse n'est pas maîtrisée chez nous», note-t-il. Il soulignera qu'«il n'y a pas seulement le parasismique, mais l'antisismique aussi. En termes d'aménagement du territoire, il reste un effort à faire, car il est prouvé qu'il faudra construire à l'intérieur du pays et au Sud comme le cas de Boughezoul. Au Nord, cela coûte plus cher et il n'y a que des inconvénients ». M. Chemmam ajoutera que «le prix du mètre carré ne concerne pas seulement le parasismique mais aussi l'antisismique en construisant dans le sud car cela coûtera moins cher, il y a moins de parasismique à faire et le foncier est bon marché. Dans la composition du prix du mètre carré, il y a tellement d'intrants et il faudra agir par rapport à ça» en relevant que «l'acier, qui est soumis à des fluctuations de prix, constitue 15% dans cette composition. Les prix de l'acier sont en fonction des prix du pétrole et de la spéculation, mais avec la crise économique, la demande sur l'acier a baissé donc son prix aussi». Pour se prémunir, il existe aussi l'assurance CAT NAT qui coûte entre 1000 et 2000 DA l'appartement. Si tous les Algériens sont assurés sur le parasismique, cela fait une rente importante qui permettra en cas de séisme de reconstruire, conclut-il.