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«Notre livre tourne en dérision la théorie du complot juif»
Y.B. et Abner Assoun, auteurs de Bugsy Pinksy contre le complot juif
Publié dans El Watan le 22 - 10 - 2010

Le journaliste et écrivain à problèmes, Y. B., alias Yassir Benmiloud, récidive. Après Allah superstar et les opus de Krim, il sort un livre en coédition à Paris et à Alger et avec un coauteur mystérieux, Abner Assoun, au titre tout aussi mystérieux de Bugsy Pinsky contre le complot juif. De quoi s'agit-il ? Du premier livre antisémite contre l'antisémitisme, selon lui. Tentative d'explication.
-Vous surfez avec beaucoup d'humour sur cette grande question qui a taraudé les ancêtres, y a-t-il un complot juif ? Si oui, où et à quelle heure ? On a l'impression que c'est du marketing littéraire, comme votre livre Allah superstar qui a surfé sur la vague de l'islamisme mondial...
Y. B. Le calendrier juif remonte à la création du monde, il y a exactement 5771 ans, du moins selon eux… Avec des années de 385 jours au lieu de 365, car pour les juifs, il n'y a pas de petits profits. En ce sens, beaucoup de gens, et moi le premier quand je suis de mauvaise humeur ou que des bombes pleuvent sur Ghaza - sujet central du roman - , sont enclins à penser que les juifs dominent le monde. Si tel est le cas, nous aurions 14 millions de juifs qui tireraient les ficelles de 6 milliards de pantins non juifs. Je pose la question à mon ami et coauteur Abner qui me semble bien plus juif que moi pour répondre… Abner, es-tu partie prenante d'un complot juif ?
Abner Assoun. Pas personnellement, hélas. Mais lors de mon dernier voyage aux Etats-Unis, j'ai croisé Bernard Madoff au Palm Beach club de Miami alors qu'il quittait les lieux sans avoir payé son Gin Tonic. Ce juif notoire a extorqué 50 milliards de dollars, notamment à Steven Spielberg et sa fondation pour la Shoah, ainsi qu'à Elie Wiesel, autre juif, prix Nobel de la paix, et sa fondation pour l'humanité… Ce qui me semble certain, c'est qu'il y a un complot juif… contre les juifs.
Y.B. Une vraie réponse de juif… Concernant mon talent en marketing littéraire, il n'est plus à prouver : Allah superstar, mon quatrième opus, a franchi la barre des cinquante mille exemplaires vendus et a été adapté au théâtre pendant deux ans à guichets fermés. Pendant trois ans, j'étais riche… Avec Bugsy Pinsky contre le complot juif, mon sixième bouquin, j'ai vraiment explosé les records : 813 exemplaires (sic !) vendus depuis sa sortie en mars 2010. C'était quoi la question ? Y a-t-il un complot juif, c'est ça ? La réponse est dans les chiffres de vente... Je ne peux pas en dire plus, car ma carte de séjour expire dans 18 mois et je ne bénéficie plus de l'asile territorial depuis que j'ai passé trois mois à Alger l'année dernière, après douze ans d'absence.
-Vous êtes devenu un spécialiste des livres provocants à tendance tendancieuse, c'est une façon de gagner sa vie ou un défi permanent pour replacer le débat par la littérature ?
Y. B.En France, seulement 20 (sic) romanciers vivent de leur plume. Je n'en ai jamais été et je n'en serai jamais. Heureusement que mon épouse a un vrai métier et un vrai passeport de souche. En réalité, mes romans sont une prolongation de ce que j'ai fait entre 1989 et 1998 dans la presse algérienne, à savoir du journalisme satirique. J'ai été «formé» par des gens tels que Tewfik Hakem ou Chawki Amari, que vous connaissez sans doute, à l'époque où nous écrivions dans les défunts Algérie Actualité, Jeudi d'Algérie et l'Opinion, entre autres. Je suis issu de cette école buissonnière et je pense que l'on ne me retrouvera jamais au premier rang de la classe.
-Ce coauteur, Abner Assoun, existe-t-il vraiment, ou est-ce un hologramme juif qui sert à tromper les vigiles des éditeurs parisiens qui n'aiment pas beaucoup ce genre de sujet ?
Y. B.Je suis en ce moment même au téléphone avec lui, et comme vous pouvez le constater sur la photo que je vous ai envoyée, Abner Assoun existe vraiment et nous sommes tous les deux bien nourris, grâce à Dieu. Olivier Nora, PDG de Grasset, ma maison d'édition, est un juif originaire d'Algérie qui a aimé le livre, mais voulait que nous en changions le titre pour des raisons de marketing. Pour nous, c'était hors de question, ce pourquoi nous avons sorti ce roman chez un autre éditeur, Léo Scheer, un autre juif, mais ashkénaze… Cela ne m'a pas empêché de revenir chez Grasset, qui éditera mon prochain roman. Manuel Carcassonne, mon éditeur devenu entre temps patron de Grasset, juif aussi, était certain que nous n'aurions aucun écho dans les médias avec un titre comme Bugsy Pinsky contre le complot juif. Il a eu tort. Nous avons eu un article très positif dans le Nouvel Observateur, ainsi que… je crois que c'est tout… A titre de comparaison, mes précédents romans ont eu des dizaines d'articles dans la presse écrite nationale et régionale, sans compter les invitations des radios, des télévisions, des lectures publiques et autres salons du livre. Depuis que je me suis associé à un juif pour écrire, c'est un désastre. Pour répondre à votre question : j'aurais bien aimé qu'Abner Assoun ne soit qu'un hologramme…
-J'ai cru entendre qu'Abner Assoun était un juif algérien descendant d'un radin de Constantine. Mes informations sont-elles exactes ?
A. A.Oui, je suis bien né à Constantine. J'avais 6 ans et demi quand ma famille a quitté l'Algérie en décembre 1961. Je suis resté autant que j'ai pu, mais étant donné mon jeune âge, j'ai eu du mal à trouver les mots pour convaincre mes parents de ne pas déménager en «métropole». Je ne crois pas que mon grand-père maternel était radin, mais je soupçonne fortement Albert Abner Nakache d'avoir été rabbin. Il officiait au Midrach, alors la plus grande synagogue de Constantine, et était responsable de l'abattage rituel aux abattoirs de Constantine.
-«Pinsky», ça sonne ashkénaze. Ce ne sont pas plutôt les séfarades qui vont en prison et les ashkénazes à l'académie Nobel ?
Y. B. Bugsy Pinsky, notre héros, est né d'un père ashkénaze et d'une mère séfarade originaire d'Oran. D'une certaine manière, on peut dire qu'il est issu d'un couple «mixte», idée que nous développons dès le premier chapitre du roman, notamment en évoquant le choc gastronomique du «couscous à la carpe farcie»…
A.A. Quant à la question de qui va en prison en France, la réponse est dans la politique pénale définie par le gouvernement, le ministère de la Justice et la Politique judiciaire. Les années 1980 furent celles de la drogue, les années 1990 celles des délits sexuels, les années 2000 celles des violences conjugales et de l'alcool au volant. Concernant le Nobel, son attribution renvoie à la nationalité du lauréat, et je ne connais pas de nation «ashkénaze». Certes, il y avait un monde juif dans la «mittle-europa», ou «yiddish land», mais je crois bien que tout ça est parti en fumée durant les années 1940… Il suffit de faire un recensement, une population aussi importante ne s'évapore pas comme ça. Pas vrai, Yassir ?
Y. B. Aucune idée. Je ne veux pas me mêler de ça.
-Un juif en prison est-ce réaliste, alors qu'il y a beaucoup de gens qui pensent qu'il existe des prisons juives, comme les synagogues ?
A. A. Oui, les juifs vont en prison en France. Aussi bien pour des violences conjugales, que des meurtres ou des trafics de drogue. D'ailleurs tout récemment, un réseau de trafiquants de cocaïne issus de la «communauté juive», dixit la presse française, a été démantelé à Saint-Mandé, dans le département du 94. En revanche, vous n'avez plus de bande de jeunes juifs qui tombent à quinze sur des vieillards pour leur dérober leur téléphone portable. C'est triste, mais c'est ainsi. Dieu merci, nos cousins musulmans perpétuent cette tradition au nom d'Abraham, notre ancêtre commun. La délinquance ne connaît aucune frontière ethnique ou religieuse, mais est souvent liée au coin où on a grandi. Si tu traînes avec des escrocs, tu deviens un escroc, si tu traînes avec des dealers, tu deviens un dealer, si tu traînes avec des traders, tu deviens Jérôme Kerviel. Pour ma part, j'ai beaucoup traîné avec des Arabes, et je continue, même si ça ne me réussit pas. Mais bon, ils m'amusent…
-Alors finalement, c'est un livre pour les juifs ou contre les juifs ? Et y a-t-il ou non un complot juif ? Ou islamiste ?
A. A. Il y aura toujours des convergences d'intérêt à des instants T, chez les juifs comme chez les extraterrestres ou les «musulmans» du GSPC qui s'allient à Al Qaîda pour faire l'ouverture des journaux télévisés sous le logo d'AQMI. Ces franges extrémistes sont toujours méprisables, mais il suffit d'être un tant soit peu instruit et politisé pour constater que ce sont les clivages qui priment. Bugsy Pinsky est avant tout un livre qui tourne en dérision la théorie du complot. J'ai un passé de militant politique, Yassir a un passé de journaliste satirique, et cela nous interdit de verser dans une certaine paresse de l'esprit qui, en l'absence de vraies informations, conduit à échafauder des théories simplistes et à pointer des boucs émissaires pour tenter d'expliquer à peu de frais des pans entiers et complexes de l'histoire.
Y. B. Si la commission Warren avait fait un vrai travail d'investigation sur l'assassinat de John Kennedy ou la CIA sur les attentats du 11 septembre, les théories conspirationnistes feraient rire tout le monde. Or, actuellement, elles ont plutôt tendance à inquiéter, chose que l'on a bien sentie... Personnellement, je pense que l'humanité a toujours comploté contre elle-même. Je pense que cette dernière phrase est très belle. Quand est-ce qu'on mange ?
-Au-delà de la dérision, bien sentie, et du style parfait, que voulez-vous dire exactement dans ce livre ? Y a-t-il un message de paix destiné à Obama ou à Ban Ki-moon ?
Y. B. Bien sûr, c'est un message de paix et un appel à l'intelligence du cerveau et du cœur, comme l'exige l'humour juif et l'humour algérien.
A. A. Pour ne pas dire «l'humour juif algérien»…
Y. B. Comme il a dit lui…
-Par cette tentative d'allier un juif et un Arabe pour combattre en même temps l'antisémitisme et le sionisme, va-t-on régler le problème du Moyen-Orient avec ce type de livre ? Se vendra-t-il à Ghaza et à Tel-Aviv ?
A. A. Il ne faut pas confondre «les sionismes» avec l'extrême droite israélienne, le sujet est vaste et les raccourcis faciles… Quant à Y.B., je ne savais pas qu'il était arabe. Je l'ai toujours pris pour un Berbère, ni arabisé ni berbérophone…
Y. B. Je ne relèverai pas cette attaque sournoise... Quant à régler le problème du Moyen-Orient avec un livre, c'est comme si vous demandiez si les livres sur les régimes amaigrissants faisaient maigrir… Non, évidemment, mais ils se vendent bien, contrairement à notre roman. Ce dernier pourrait se vendre à Ghaza, mais uniquement entre deux bombardements, et après reconstruction des librairies par l'Union européenne. Il faudra attendre un peu.
A. A. En revanche, à Tel-Aviv, où je vais souvent faire du surf, Bugsy Pinsky contre le complot juif se vendrait aussi mal qu'en France, mais pour d'autres raisons : les Israéliens vont beaucoup plus loin que nous dans l'humour noir. Face à leurs écrivains, nous sommes de grands modérés…
-Y. B. et Abner Assoun, ce sont vos vrais noms ?
A. A. En tant qu'agent du Mossad et pas du tout «antisioniste», contrairement à ce que vous insinuez, je ne peux pas répondre à cette question… J'espère que vous ne m'en voudrez pas.
Y. B. Pour l'état civil algérien et le DRS, je m'appelle Yassir Zakaria Benmiloud. Et j'ai le nom complet, ainsi que l'adresse d'Abner Assoun, pour ceux que ça intéresse…
Sinon ?
A. A.Il faut que je file…
Y. B. Nous remercions Arezki Aït-Larbi des éditions Koukou pour avoir donné une deuxième chance à notre roman, de surcroît dans notre pays natal. Car nous n'avons d'autre pays que celui de notre enfance. Pas vrai Michel Abner Assoun, 62 faubourg Saint-Denis, 75010 ?
A. A. …


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