L'Algérie participe au sommet de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). L'envoyé spécial du président algérien Abdelaziz Bouteflika, Abdelkader Bensalah, parlera de la langue française et du terrorisme au Sahel. De notre correspondant à Genève Le 13e sommet de l'OIF, qui réunit une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernements francophones, se déroulera samedi et dimanche, à Montreux (Suisse). Sur les bords du lac Léman, hélicoptères, bateaux militaires, avions, infanterie et brigades canines paradent depuis quelques jours déjà. Mise sous pression par le staff du président français Nicolas Sarkozy, l'armée suisse a mobilisé ses troupes pour assurer une sécurité sans faille du sommet. L'important dispositif sécuritaire déployé serait un caprice de Nicolas Sarkozy, selon l'hebdomadaire satirique le Canard enchaîné. Tension De peur des attentats terroristes, un dispositif de sécurité «exorbitant» a été imposé aux autorités suisses par Sarkozy. «En vrac : le gel de l'espace aérien à l'arrivée du président, la présence d'un hélico prêt au décollage, la surveillance aérienne assurée par des avions de chasse, tandis qu'une armada de 5000 soldats et plusieurs milliers de policiers patrouilleront aux alentours», souligne le Canard enchaîné qui estime qu'un tel dispositif est démesuré et se moque de son président, mais également des dirigeants helvètes, qui plient «pour ne pas contrarier l'Elysée». Regrets Invitée mais pas membre de l'OIF, l'Algérie sera représentée par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. L'Algérie est un grand pays francophone et pourtant elle ne fait pas partie de la francophonie. Mais Paris y travaille pour qu'Alger rejoigne le club. Et le pas a été franchi en octobre 2002 au Liban. Le président Abdelaziz Bouteflika a participé à Beyrouth «en qualité d'invité personnel du président libanais Emile Lahoud», au 9e sommet de l'OIF. C'était la première fois qu'un chef d'Etat algérien assistait à un sommet francophone. Jusqu'alors, l'Algérie s'était tenue à l'écart de la francophonie depuis son indépendance en 1962. Aujourd'hui, la France pleure l'absence du président Bouteflika à Montreux et se réjouit de la présence d'Abdelkader Bensalah. Une deuxième participation de l'Algérie à la «fête francophone» signifie que le chemin de l'adhésion est bien tracé, jugent les observateurs. Ces derniers estiment également que le président français Nicolas Sarkozy a obtenu la participation d'Alger grâce à une fine opération de marchandage : francophonie contre participation de l'Algérie aux G20 et G8. Parce que la France doit prendre les rênes du G20 pour un an à l'issue du sommet de Séoul des 11 et 12 novembre et celles du G8 à compter du 1er janvier 2011. Donc, 2011 sera l'année de la présidence française du groupe des 8 pays les plus industrialisés. Les sommets des G8 et G20 sont prévus à Nice et le président algérien Abdelaziz Bouteflika compte bien y participer. Du coup, les pressions de Paris passent comme une lettre à la poste. Nicolas Sarkozy compte beaucoup sur Abdelaziz Bouteflika pour résoudre le problème des otages français au Sahel. Jean-Pierre Raffarin a regretté l'absence du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Sahel La question de la sécurité au Sahel et de la lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), qui détient aux confins du Mali cinq Français, un Malgache et un Togolais, enlevés au Niger, sera aussi abordée, et le président malien Amadou Toumani Touré sera à Montreux pour parler des otages du Sahel. «Il y a une mobilisation pour qu'il y ait une prise de conscience partagée de cet enjeu terroriste (...) et pour que, le plus possible, la francophonie apparaisse vraiment rassemblée sur ces sujets», indique Jean-Pierre Raffarin, représentant personnel du président français Nicolas Sarkozy pour la francophonie, précisant que sur ces sujets, «il n'est pas souhaité de trop communiquer». «Si tous les Etats de cette sous-région ne se mettent pas ensemble pour y faire face, les terroristes passeront toujours entre les mailles du filet», juge Abdou Diouf, secrétaire général de l'OIF. A Montreux, Abdelkader Bensalah a pour mission d'expliquer, dans la langue de Voltaire, que la lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) passe par l'aide combien précieuse de l'Algérie.