Comme il a été annoncé par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, la production de lait pasteurisé en sachet et cédé au prix subventionné de 25 DA est soumise à de nouvelles conditions contenues dans un cahier des charges qui redéfinira les relations entre les transformateurs et l'ONIL (office interprofessionnel de lait) à partir de cette année 2011. Sur les 139 laiteries, qui ont déposé leur candidature pour adhérer au nouvel dispositif de production de lait, il n'y a que 69 qui répondent aux critères de sélection définis préalablement par le ministère de tutelle. La condition primordiale étant «l'intégration du lait cru dans le cycle de production et la contribution au développement de la production nationale», selon les termes du premier responsable du secteur. Les 69 laiteries sont donc retenues d'emblée pour continuer à produire du lait pasteurisé à 25 DA à partir de la poudre importée par l'ONIL et cédée aux transformateurs à des prix subventionnés par l'Etat. Néanmoins, la nouvelle stratégie tracée pour la filière lait rend obligatoire l'intégration du lait cru collecté auprès des éleveurs, la raison pour laquelle le ministère de l'Agriculture n'a pas retenu dans ce nouveau dispositif les laiteries travaillant exclusivement avec la poudre importée, mais un délai de 9 mois (jusqu'à la fin du mois de septembre 2011) leur a été accordé pour se doter de réseaux de collecte de lait cru et reprendre ensuite la production de lait pasteurisé subventionné. Telle est donc la démarche prônée par le département de Rachid Benaïssa pour inciter davantage les laiteries à privilégier l'utilisation du lait produit localement. Mais lorsque l'on sait qu'à présent le taux d'intégration du lait cru dans le volet industriel de la filière peine à dépasser les 15%, sur un volume global dépassant les 2,5 milliards de litres produits annuellement, il est clair que l'Algérie continuera à dépendre étroitement des importations et subir les fluctuations perpétuelles du marché international. L'intégration du lait cru illusoire En 2009, certes, la facture des importations en produits laitiers a enregistré une baisse sensible de 400 millions de dollars par rapport à l'année d'avant, mais cela n'est dû qu'au recul enregistré par les cours de cette matière sur le marché international, car en volume, ces importations sont toujours maintenues au même niveau. Tenant compte de ces indicateurs, la filière lait n'est pas à l'abri de nouvelles fluctuations à court terme à l'ombre de la flambée qui caractérise dans la conjoncture actuelle le marché mondial des produits de base. En effet, après l'accalmie observée durant la période 2009-2010, les cours des produits agricoles ont repris avec la tendance haussière depuis quelques mois. C'est ainsi que les chances de réduire la dépendance de la filière lait vis-à-vis des importations sont réduites et les retombées des fluctuations du marché international continueront à se répercuter d'une façon quasi-simultanée sur le marché local. La sortie de crise de cette filière n'est possible qu'à moyen, voire long terme avec l'aboutissement de la politique du développement tracée pour le secteur et qui vise le renforcement du potentiel local. «A terme, il faut que tout un chacun comprenne que l'avenir de la filière dépendra du niveau de production de lait au niveau national», a déclaré le ministre de l'Agriculture la semaine dernière. Là encore, la substitution du lait local à la poudre importée, graduelle soit-elle, est problématique dès lors les transformateurs estiment à l'unanimité qu'il est impossible de généraliser l'utilisation du lait cru dans la production de lait pasteurisé à 25 DA, et ce, quel que soit le niveau de la subvention accordée par l'Etat. L'inconvénient primordial étant le prix d'acquisition du lait frais auprès des éleveurs, se situant autour de 30 DA/litre. Alors que les transformateurs décrient ce prix jugé incompatible avec les objectifs tracés par les pouvoirs publics, les éleveurs estiment que le prix de revient de ce produit à la ferme dépasse même les 30 DA/litre compte tenu du niveau des prix intrants, notamment les aliments et les produits vétérinaires. Autant de paramètres qui reflètent la complexité d'une filière aussi stratégique comme le lait qui est le deuxième pilier de base du régime alimentaire du consommateur algérien après les céréales.