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William Shakespeare, une écriture visionnaire
Othello, ce banlieusard
Publié dans El Watan le 24 - 11 - 2005

Dans le langage politique qui prime par les temps qui courent, Othello, le Maure à la peau basanée, se sentirait bien chez lui, c'est-à-dire, bien intégré et ne risquerait pas de se transformer en banlieusard au comportement plus que douteux. Il n'a plus besoin de crier sur les toits sa nouvelle identité ni tenter, vainement, de se faire une peau blanche comme ce nègre de « Surinam », dans le conte de Voltaire, (1694-1778). Cependant, l'essence de l'homme reste égale à elle-même. Othello « est ce qu'il est », selon l'expression même de Shakespeare dans « Macbeth ».
Le tragédien anglais (1564-1616) a fait de lui un homme de bravoure, d'intégrité, au point de lui faire gagner le cœur de la belle Desdémone, cette jeune aristocrate, image de pureté et de fidélité. Mais qu'en est-il en vérité de sa peau basanée qui tranche sur celle de l'ensemble des habitants de la sérénissime république, de ses lèvres charnues qui font de lui une créature extraordinaire dans une Europe qui faisait ses premiers pas dans le raffinement et qu'en est-il, surtout, du haut rang militaire qu'il occupait dans cette même ville ? Après quatre siècles, puisque la tragédie d'Othello a été écrite en 1602, on est en droit d'avoir notre propre lecture de cette histoire, quelque peu bizarre, qui se dresse, en vérité, contre une certaine logique historique. Passe encore de ce qui est de la couleur de la peau d'Othello, de ses traits physiques démesurés et de son amour pour Desdémone, mais comment devient-on donc général, alors qu'on est étranger, dans une Venise au faîte de sa gloire, et dans une Méditerranée où toutes les passions politiques se débrident à chaque instant ? Giraldi Cinthio (1504-1573), le premier à avoir relaté l'histoire de ce personnage quelque peu hors du commun, évoque ses origines sans grand tintamarre. L'on devine rapidement qu'il s'agit d'un Maghrébin. Si sa peau basanée en fait un descendant des Almoravides, son nom, par contre, trahit une appartenance orientale, puisqu'on ne le retrouve guère en Afrique du Nord. Giraldi n'en dit pas plus long. Son histoire reste enveloppée de romantisme et de mystère à la fois. Elle ressemble, à bien des égards, à celle du « Décaméron » de Boccace, (1313-1375), autre grand conteur du début de la Renaissance. Othello est chargé, on ne sait comment ni pourquoi, de défendre la sérénissime république. On le voit encore à la tête d'une garnison stationnée à Chypre, alors poste avancé en Méditerranée orientale pour faire face aux Ottomans, cette force impériale naissante. Pouvait-on trouver, pour la circonstance, meilleur parti pour une telle besogne ? Bravoure d'un côté, mais docilité et naïveté d'un autre ! Comment cette charge lui fut-elle confiée ? Mystère et boule de gomme. Giraldi Cinthio ne dit rien sur cette lourde responsabilité militaire qui ne devait, en principe, revenir qu'aux gens de la noblesse. Non seulement Venise en dépendait, mais, aussi, tout l'avenir de la Renaissance européenne. Le moindre faux pas militaire pouvait brader, effectivement, le futur de toute l'Europe. Shakespeare semble suivre, pas à pas, Giraldi Cinthio. Son intérêt, après tout, ne résidait-il pas dans le côté tragique et exotique de cette histoire dont il pouvait modeler les contours, à sa façon, pour se mettre au diapason de son temps et du théâtre élisabéthain à la fois ? L'essentiel pour lui était d'en restructurer les éléments sans apporter un grand changement. C'est pourquoi, il y a lieu de penser qu'Othello a été fait prisonnier durant les guerres qui ont eu lieu entre les deux rives de la Méditerranée, entre Islam et chrétienté. De deux choses, l'une : sommé de choisir son camp, il a dû accepter son nouveau statut sans discuter, ou encore, excédé par ses propres compatriotes, il se vit dans l'obligation de les quitter pour aller dans le camp adverse. C'était, du reste, chose courante en cette période charnière de l'histoire de la Méditerranée. L'histoire de Léon l'Africain, alias Hassan El Ouazzan (1483-1554), son contemporain en quelque sorte, est édifiante à cet égard.Mais, il faut l'admettre, la littérature autorise toutes les audaces, sinon à quoi bon rêver ? Gabriel Garcia Marquez (1928) fait défiler dans son roman Cent ans de solitude toute la vie de son protagoniste, le colonel Buendia, en l'espace de quelques secondes, au moment où celui-ci fait face au peloton d'exécution. Othello a-t-il vraiment existé ou serait-il une création fictive de Giraldi Cinthio ? Toutes les interrogations sont les bienvenues en littérature. Othello, incolore, inodore, n'a pas d'appartenance religieuse en un temps où la bannière de la religion flottait haut des deux côtés de la Méditerranée. C'est un laïque avant terme. On peut déduire de son nom qu'il fut musulman à l'origine et que son intégration fut totale par la suite. Lui, le nouveau banlieusard, l'Africain « qui revenait dans son gourbi tout heureux et fier », a été victime de son nouveau statut. On est jaloux de lui dans son entourage direct, et on le pousse à commettre, bêtement, un crime horrible sur la personne de sa campagne. Toutefois, ce banlieusard par accident ne peut pas être rendu responsable de tous les maux de la sérénissime république. Il n'est pas non plus la personnification du mal comme ce noir des Mille et Une Nuits qui, selon une certaine lecture psychanalytique, a causé, dès le départ, le malheur de toutes les femmes. Dans l'imaginaire occidental, il reste la manifestation d'une simple jalousie pour avoir donné libre cours à une réaction épidermique condamnable ailleurs que dans son espace originel de civilisation. Ce même imaginaire ne lui rend pas grâce pour avoir saisi l'ampleur de son forfait, et pour avoir mis fin à sa propre vie, de ses propres mains. En dépit de tout, l'interrogation reste toujours sans réponse édifiante, mais que fait Othello en Occident ?

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