Rencontrée au cours du colloque de Nédroma, elle a bien voulu nous faire part de l'intérêt qu'elle porte à la culture algérienne. -D'où vient cet intérêt que vous portez à la médina ? Mon intérêt pour la médina est venu du fait que d'abord j'ai un grand intérêt pour la culture algérienne et par extension à la culture arabo-musulmane. Cela évoque mon enfance puisque j'ai passé 7 ans de ma jeunesse en Algérie. Depuis, l'Algérie est à la fois ma jeunesse et mon pays de cœur. Pendant longtemps, ça a été un rapport affectif et puis, en vieillissant, c'est devenu aussi un intérêt intellectuel. Alors l'idée de découvrir mieux ce pays que j'aime tant me fascinait et c'est le hasard des rencontres qui a fait que je rencontre des gens de Tlemcen qui m'ont initiée à la médina en m'y emmenant, en m'expliquant les codes et le reste. Et cela m'a littéralement séduit au point de vouloir consacrer mon temps et mon énergie à approfondir mes connaissances sur mon pays de cœur, ses coutumes, ses traditions, sa culture. C'est à partir de là que l'idée de préparer une thèse de doctorat sur la médina m'est venue. -Vous êtes aussi présidente de l'association Ghazouana. Quelle relation avez-vous avec la ville de Ghazaouet ? Là je reviens à nouveau à mon enfance. J'avais 7 ans ; nous habitions Nice et mon père a été muté à Nemours(Ghazaouet). Donc, mon premier souvenir est d'arriver en avion à Oran pour nous rendre à Nemours par route. Là je me suis retrouvée dans une maison avec un grand jardin magnifique où il y avait de tout : des abricotiers, des amandiers ! Alors qu'à Nice j'habitais un appartement. Un ciel très souvent bleu ! Je ne me souviens même pas qu'il y avait des hivers à l'époque, la mer qui était tout proche en fait un climat qui m'a fait m'épanouir. Et, comme je suis arrivée en avril 1954 et que la situation sécuritaire à l'époque ne me permettait pas de voyager, je suis restée enfermée dans cette ville où chaque coin et chaque ruelle me sont devenus très familiers. J'allais, souvent, me promener sur la jetée et il m'arrive de dire - je le disais encore ce matin !- que, pour moi, le plus bel endroit du monde c'est la jetée de Ghazaouet. Bien sûr, ma mère est bretonne. Mon père est charentais. Mais, comme mon père était souvent muté, le seul endroit où je suis restée longtemps est Ghazaouet. En plus de cette sensation d'être en harmonie avec la terre, avec la nature, à l'époque, il y avait l'oued juste à côté de la maison et je me souviens, au grand dam de ma mère, qui n'aimait pas parce qu'elle s'inquiétait, j'allais en cachette me promener aux abords de cette rivière. Je suis revenue il y a six ans pour la première fois. Et, là, j'ai redécouvert Ghazaouet ! Tous les souvenirs étaient intacts.