Au lieu de trouver un terrain d'entente pour aboutir à l'annulation de la grève illimitée lancée par le Syndicat du personnel navigant commercial, la direction d'Air Algérie a choisi de recourir à la justice. Celle-ci a annulé le préavis de grève et le syndicat maintient son mot d'ordre… Alors que tout le monde s'attendait à la fin du mouvement de grève du Syndicat du personnel navigant commercial d'Air Algérie, voilà que lors de la réunion entre les représentants des travailleurs et la direction générale, celle-ci les informe qu'elle avait déposé, le même jour, une plainte devant le juge des référés, du tribunal d'El Harrach, pour faire annuler la grève. La décision a surpris plus d'un d'autant que lors des discussions avec le secrétaire général de la compagnie, «il était question d'ouvrir les négociations» autour de la plateforme. «Ils nous ont piégés. En répondant à leur invitation, nous pensions que l'employeur allait débattre avec nous le contenu de la plateforme de revendications. Mais c'était uniquement pour nous apprendre à la fin qu'une action en justice avait été déclenchée contre notre action de protestation. Nous sommes sortis avec la conviction de poursuivre notre mouvement même s'il faille faire démissionner tout le bureau exécutif du syndicat et laisser les travailleurs prendre en charge eux-mêmes la grève», nous déclare M. Hamamouche, président du Syndicat national du personnel navigant commercial algérien (SNPNCA). Il estime que «toute la procédure relative à la grève a été respectée» et l'employeur «a été informée de l'action, il y a près de deux semaines, durant lesquelles il a affiché une position de silence radio, jusqu'à la veille de la grève». De ce fait, précise-t-il, «rien ne nous empêche de poursuivre notre mouvement de grève, parce que la décision émane de la base, et c'est celle-ci qui ne veut pas reculer et non pas le bureau du conseil syndical». Hier matin, les responsables syndicaux ont répondu, tôt dans la matinée, à la convocation du juge des référés du tribunal d'El Harrach, mais la partie adverse n'était pas présente. Rendez-vous a été pris pour le début d'après-midi. Par solidarité, de nombreux travailleurs ont accompagné les syndicalistes et étaient unanimes à aller jusqu'au bout de leur mouvement de contestation. Mais, pour la seconde fois, le représentant de la compagnie ne s'est pas présenté, et le juge a retardé l'examen de l'affaire. C'est vers 15h que celle-ci a été examinée en présence de toutes les parties. Après avoir entendu tout le monde, le juge des référés a décidé d'annuler la grève. Un verdict prévisible, auquel le syndicat, selon son président, s'attendait. Une assemblée générale sera tenue, tôt dans la journée d'aujourd'hui (vers 4h du matin), avant le premier vol de la compagnie. «Nous sommes conscients de la situation, mais nous ne pouvons pas revenir sur nos droits. La base est décidée à aller jusqu'au bout de la plateforme de revendications. Il est certain que les travailleurs maintiendront leur mouvement de grève. Dans ce cas, les passagers devront comprendre la situation. Les droits arrachés auront des répercussions certaines sur les prestations de service, appelées à s'améliorer. De toutes les manières, un communiqué informera l'opinion publique sur les suites à donner à nos actions», déclare M. Hamamouche.
