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Ecrits Epars-Liés de Lamine Kouloughli
Du tout éducatif à la critique littéraire
Publié dans El Watan le 21 - 07 - 2011

Voilà enfin un livre que beaucoup d'universitaires, chercheurs et enseignants d'une manière générale, mais aussi de lecteurs ayant à cœur les problèmes d'éducation et de société au cours de ces vingt dernières années en algérie, et cerise sur un gâteau — donc comme couronnement à tous égards d'une belle entreprise de l'écriture créative, et de la poésie (oui de la poésie ; j'y reviendrai tout à l'heure dans l'article) et que donc des lecteurs de tous bords trouveront stimulant et peut-être à point nommé, quand on se réfère aux nombreux questionnements, analyses et tentatives de réponses aux problèmes
complexes et à multiples facettes du système éducatif algérien, ses manques, ses échecs et ses déboires, ses visées utopiques, durant les années 2000. Il est à point nommé, à notre sens, parce qu'il met l'accent quand il s'agit d'une réflexion sur le système éducatif, sur «la nécessité tant de plus de retenue et de circonspection que d'analyse fine» (p.39).
C'est-à-dire sur la nécessité d'une approche objective au sens propre du terme où le chercheur (ou l'essayiste) n'engage pas ses sentiments, et fait preuve de neutralité ou de réserve quant au problème étudié, pour être plus systématique, caractéristique de l'approche scientifique ajoutée à la clairvoyance et la perspicacité de l'analyse, loin des pseudo-critiques beaucoup plus conjoncturelles, avec peu de distanciation nécessaire par rapport au(x) problème(s) étudié(s) et sans données objectives pour des diagnostics à la hâte ou dans la précipitation. Ecrits epars-liés : 1989-2009 est sorti aux éditions El Othmania, Alger, fin 2010, et comporte des articles de diverses longueurs, essentiellement sur l'éducation (près de la moitie du livre), la société, des textes sur la littérature (algérienne en particulier), l'écriture créative et autres exercices de style. Travail minutieux, précis, avec, si j'ose dire, l'attention et la patience d'un entomologiste. Avec une solide formation méthodologique en éducation et disciplines adjacentes (psychologie, psychopédagogie), et une longue carrière d'enseignant de rang magistral en psychopédagogie, Lamine
Kouloughli aborde les problèmes de l'enseignement des langues étrangères, l'anglais en l'occurrence, que ce soit au niveau de la langue elle-même, ou du contenu des enseignements composant le curriculum de la licence, avec le scalpel d'un spécialiste qui n'hésiterait pas à pratiquer — en continuant la métaphore — des opérations chirurgicales avec une vision pointue et tranchante, dans le grand corps malade de la pédagogie de la transmission des connaissances dans l'enseignement supérieur.
Quand il s'agit, par exemple, d'abandonner «certaines tendances lourdes».(p.31) Dans l'enseignement de l'anglais comme langue de spécialité (esp), répétée de longues années durant, et qui consiste à affecter des enseignants «les moins diplômés», en faisant peu de cas de cette spécialité et n'associant jamais l'enseignant «à la décision de son affectation». Plus grave encore, parce qu'étant en porte-à-faux avec la pédagogie la plus élémentaire, et reflétant par là-même le peu d'importance accordée à cet enseignement par les instituts d'accueil (avant la réinstallation des facultés), …«les plages horaires qui lui sont octroyées dans l'emploi du temps» sont édifiants à cet égard, elles donnent une idée assez claire sur «un enseignement jugé non essentiel, voire de seconde importance, (qui) se retrouvera ainsi quasi systématiquement, donc catégoriquement, positionné en fin de semaine, en fin de journée, ou à l'heure habituelle du déjeuner».(P.33)
Peu considérés par leur institution d'origine et ignorés par l'institution d'accueil, les enseignants (tes) de l'anglais comme langue de spécialité vivent leur affectation «comme une traversée du désert dont beaucoup espèrent se voir délivrés lors de la session subséquente des affectations pédagogiques». (P.36)
Dans l'article «Formation des formateurs de l'enseignement supérieur en algérie», ou formation de l'élite en post-graduation, il est expressément mis en exergue une urgence, à défaut d'une refonte des textes constituant la formation en post-graduation, «prise en charge sérieuse de la formation théorique et surtout pratique en pédagogie telle qu'elle est au moins présentement définie dans les textes». (P.63)
Dans «A quoi sert l'université» écrit en réaction à un article paru dans El Watan du 25 avril 2009, sur la violence à l'université algérienne, au-delà de la caricature abusive de cette dichotomie avant/ après menant, pour simplifier, de l'étudiant (angélique) d'avant les années 90, à l'étudiant (diabolique), tout feu tout flamme, dans les années 2000, mis en exergue dans l'article dans El Watan, l'article de Lamine Kouloughli épouse le rôle de modérateur sur les représentations et le vécu de l'étudiant à l'université, à partir d'un échantillon (bien sûr loin d'être représentatif de la population estudiantine de l'Algérie) que les études leur ont appris tout de même à «apprendre à mieux s'exprimer» et à se faire de bons amis, aux antipodes de la violence décrite ou «décriée» dans l'article d'El Watan. Au-delà de certains diagnostics alarmants, ou de critiques et analyses du système éducatifs algérien délivrés à la hâte, avec des images négatives «partielles et exclusives», il est temps de se pencher «sur la manière même d'appréhender l'analyse et la critique, et de ce système, et de ses produits (car il y en a assurément plus d'un type)» (p.42) ; et qu'une partie de la jeunesse algérienne (quelles qu'en soient les statistiques données çà et là) est tout de même dans la bonne direction et est «produite par le système éducatif algérien dont ne rendent pas compte la majorité des analyses et des critiques qui, pour s'être attachées sur ce que ce système a produit de pire, en ont oublié jusqu'à la simple mention de ce qu'il peut produire de meilleur». (p.43)
Par-delà tous les constats à travers un ensemble de symptômes éducatifs algériens, exprimant des manques, des carences ou des lueurs d'espoir, des réflexions, et des prospections sur ce système sont plus que jamais nécessaires pour aboutir à des refoutes adaptées aux besoins de la jeunesse algérienne à l'aube du troisième millénaire. Pour conclure cette partie éducative, l'on ne pourrait que s'associer avec l'auteur que «tout ou presque, dans le système éducatif à quelque niveau que ce soit, semble être réfléchi et conçu pour gérer sinon répondre aux besoins des moins bons ; les meilleurs, peut-être justement parce qu'ils le sont et qu'on les croit capables de se gérer sans intrusion extérieure, étant «laissés-pour-compte». A l'université, par exemple, le véritable attirail de textes gérant la scolarité des redoublants, rattrapants, compensants avec un module(s) en retard comparé au silence législatif qui caractérise la gestion de la scolarité des bons étudiants peut être ici, cité. Nul doute qu'une situation analogue caractérise les enseignements fondamental et secondaire. Peut-être est-il temps de revoir tout cela». (p.43)
Le restant des articles va des faits de sociétés, parfois sur un air de complainte des mal-aimés, ou plus précisément la complainte des vieux laissés-pour-compte, d'inspiration baudelairienne, avec le refrain «ils étaient tous là… Enfin presque tous. Et tout en était presque transformé» (poème sur la misère du monde, la complainte des vieillards abandonnés à El-Haria), aux textes littéraires inspirés sur Malek Heddad ou Nourredine Saâdi, aux «harraga dans la littérature», ou alors à ces poèmes en prose dont Cité la nuit, où des bâtiments ressemblent à des «éclaboussures géométriques de blanc sale sur un fond noir froid quand le bruit des enfants depuis longtemps s'est tu». (p.185). Ou encore cette histoire étrange, ce court récit fantastique, dont le suspense savamment orchestré donne froid dans le dos sur ce que le lecteur pourrait imaginer comme fin horrible des membres aimés de la famille de la narratrice : une anticipation fantastique de ce qui arrivera demain !
Tout le livre de Lamine Kouloughli est savamment construit, d'une grande culture et sensibilité, et est très agréable à lire. Le texte n'est pas seulement d'un professeur de psychopédagogie, mais aussi — et c'est le trait d'union entre science et poésie — celui d'un grand amateur de littérature, qu'elle soit africaine, européenne, américaine ou autre.

Hacène Saâdi. Professeur, Université
de Constantine «Ecrits Epars-Liés :
1989-2009». Par Lamine Kouloughli,
Editions El Othmania.
Alger - 2010. 221 pages


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