En plus d'être marginalisées, ces personnes sont privées d'accès aux services publics et aux transports en commun. C'était l'effervescence des grands jours ce mercredi au campus central de l'université Mentouri de Constantine (UMC) où chercheurs du génie des transports et industriels (partie prenante dans la problématique des handicapés moteurs et des appareils locomoteurs), se sont donné rendez-vous autour d'une plateforme de réflexion visant, d'une part, à faire un état des lieux et, d'autre part, répertorier et débattre des problèmes liés à l'accessibilité des handicapés moteurs aux espaces publics dans notre pays. Première initiative du genre, cette rencontre inédite, orchestrée autour de la thématique du handicap, accessibilité et mobilité, pilotée par le laboratoire ingénierie des transports et environnement de la même université, a regroupé un parterre de scientifiques pluridisciplinaires, dont deux experts français de l'université de Metz. Les uns comme les autres ont parlé d'une même voix pour dresser un constat sans concession et stigmatiser la portion congrue accordée aux personnes à mobilité réduite, à savoir les handicapés moteurs dont les souffrances morales se conjuguent au quotidien, tant les regards posés sur leur handicap et la restriction forcée de leur autonomie représentent autant d'obstacles difficilement surmontables. Un constat amer illustré sur un autre plan par le Pr. Abdelhamid Kerbouche, maître de conférences au département de psychologie de l'UMC. «Il n'y a pas de psychologie spécifique au handicap et aux personnes handicapées, néanmoins l'existence d'un handicap peut entraîner des répercussions néfastes sur leur équilibre psychologique, leur développement et leur entourage», a-t-il indiqué. «Des effets pervers que la pratique d'une activité sportive peut sensiblement atténuer», dira le Dr Bahri, enseignant à la faculté des sciences humaines et sociales de l'UMC, qui s'explique: «Cela a été démontré, le sport représente un formidable levier d'intégration et d'épanouissement des handicapés à travers les différentes activités ludiques et de jeux sportifs. Ce qui leur apporte confiance en soi, affirmation de soi et surpassement dans une dynamique de groupe où les joies et les émotions induisent des répercussions très bénéfiques sur la personnalité des handicapés.» Grands absents de cette rencontre organisée à la faveur de la célébration de la Journée nationale du handicapé, des représentants d'associations de handicapés moteurs de la wilaya de Constantine saluent du bout des lèvres cette initiative, se disant échaudés quand à sa portée et à son bien-fondé, du moins en l'état actuel des choses, compte tenu, disent-ils, des engagements jamais tenus par les pouvoirs publics s'agissant de la prise en charge réelle de ces problèmes récurrents. En sus des autres points de friction sur lesquels on fait l'impasse ou dont on parle dans une rhétorique stérile et sans effets positifs constatés sur le terrain, notamment l'accès aux habitations et aux transports en commun. Sans omettre le fait que les services publics sont déshumanisés, exception faite pour les quelques institutions qui s'efforcent de se conformer aux textes règlementaires régissant cet aspect particulier de la prise en charge des personnes à mobilité réduite.
