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Rente pétrolière, Etat, partis et société en Algérie
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Publié dans El Watan le 13 - 05 - 2012

La rente pétrolière produit trois conséquences (Martinez, 2010) : la première fait croire aux populations que le développement et le bien-être proviennent de cette ressource naturelle.
La seconde prive les économies qui en disposent d'une diversification, le revenu national est constitué presque exclusivement des recettes liées au pétrole. La troisième produit un système politique réfractaire à la démocratie. Les recettes confortables que procurent les hydrocarbures permettent à l'Etat de se libérer de la société. Ce n'est pas l'Etat qui vit des recettes que lui procure la société (impôts), mais c'est la société qui vit des recettes de l'Etat. Dans ce cas, la société n'a pas à demander des comptes à l'Etat.
Le champ politique en Algérie va être construit selon cette logique de la rente qui met en opposition trois forces : celle du pouvoir central qui dispose de l'usage des ressources pétrolières, celle des partis politiques toutes tendances confondues (nationaliste, démocrate et islamiste), qui aspire à une prise de participation dans l'usage de la rente pétrolière et celle de la société, inorganisée et émeutière (Addi).
La première est une souveraineté (Henni) que nous définissons comme un système politique qui garantit la sécurité de la circulation des biens, de l'argent, ce qui permet l'activité économique, l'enrichissement, l'accumulation, la capture... La seconde revendique une place dans cette souveraineté, la troisième remet en cause cette souveraineté en s'attaquant aux symboles de l'Etat (mairies et autres institutions publiques). On bloque les routes parce que celles-ci appartiennent à l'Etat et représentent la circulation de la richesse.
La souveraineté
L'Etat, ce monstre froid comme disait Hobbes, est une réalité historiquement datée et géographiquement située. C'est en Occident qu'il prit naissance, en réponse aux transformations économiques et culturelles intervenues au Moyen-Age. L'Etat n'apparaît en effet que lorsque le pouvoir s'institutionnalise, autrement dit lorsqu'il cesse d'être incorporé dans la personne (physique) d'un chef. L'Etat moderne, comme forme d'organisation sociale, s'est appuyé sur la liberté d'agir et de penser d'une part et la contrainte inhérente à la vie en commun d'autre part. La liberté de l'un ne doit pas empêcher celle de l'autre. Il est ainsi, l'instrument qui permet à l'ordre social de se perpétuer en usant, lorsque cela est nécessaire, de la force. L'Etat intervient pour produire l'ordre et s'opposer au désordre.
Ainsi, l'Etat va être le détenteur de l'autorité publique qu'il convient d'en «avoir peur» et de créer des structures et institutions pour s'en protéger et en garantir le contrôle. L'Etat se construit sur les conflits politiques qu'il institutionnalise. Il joue le rôle d'arbitre (Hegel) dans ces conflits qui traversent la société. En ce sens, ce serait au contraire le propre d'un pouvoir totalitaire de s'identifier à la société, mettant nécessairement fin à toute présence de contre-pouvoirs. La rente, aveugle, détruit et ampute tous les outils de l'Etat parce qu'elle empêche l'Etat de veiller aux dépenses, aux équilibres budgétaires et aux investissements afin qu'ils soient les plus stratégiques possible (Martinez, 2010). Il n'est pas nécessaire de favoriser le développement d'un système bancaire efficace ayant pour fonction de collecter l'épargne pour faire des crédits et même d'un véritable système fiscal.
Les entreprises créées grâce à la rente ne sont pas compétitives et très dépendantes des importations. La plupart de ces entreprises prospèrent dans le secteur commercial grâce au recyclage de la rente pétrolière. Cela se reflète dans la part ridiculement faible de produits manufacturés dans les exportations. De même, une économie basée sur le recyclage de la rente est incapable de créer un nombre d'emplois suffisant pour faire face à une progression soutenue de la population active. Ceci peut créer de nombreuses frustrations, notamment quand une grande partie des jeunes diplômés est sans emploi. Dans un contexte rentier, l'Etat ne cherche pas les compromis (Addi) et résout ses contradictions politiques par l'importation des biens et par la distribution de la rente. L'Etat devient le médiateur entre la société et les produits importés.
La richesse ne provient pas du peuple industrieux, elle n'est pas locale mais provient de la capture d'une richesse qui se forme sur le marché international. Cette situation très proche du fonctionnement des empires (romain et musulman), se traduit par deux conséquences : la première fait que l'Etat, dépositaire de la souveraineté sur les ressources financières que dégagent les recettes pétrolières, devient autonome par rapport à la société. Il n'a pas besoin de lever l'impôt parce qu'il dispose assez de ressources pour se reproduire et répondre aux besoins de la société. C'est la société qui dépend de l'Etat et non l'inverse. La rente pétrolière permet au pouvoir de s'affranchir de la société et devient irréprochable. C'est pour cela que le pouvoir politique n'admet pas la contestation sociale et prend un caractère autoritaire. Il ignore l'idée d'opposition et peut s'en accommoder, mais de manière sélective, excluant les groupes, les partis ou les individus qui contreviennent à la norme autorisée.
L'Etat, au lieu d'être un ensemble d'institutions qui pacifient la compétition sociale, devient, à l'instar de l'empire romain, un pouvoir qui sécurise la capture de richesses, non pas par la production matérielle de la richesse, mais par la circulation de cette richesse (Henni). La deuxième est que les recettes pétrolières ne sont pas le résultat d'une activité productive qui engage les destins individuels sur la base d'un travail productif et de la compétence. La rente (Addi) donne à l'Etat des moyens d'affirmer son indépendance et sa puissance par rapport au monde du travail et de ne pas être attentif à la compétence des hommes. C'est une rente qui hiérarchise la société en fonction de la proximité des individus ou des groupes par rapport à la capture de cette richesse.
Les partis politiques
Les échéances électorales nous rappellent l'existence de partis politiques en Algérie. Chaque parti se prête au jeu de la séduction pour attirer les voix qui lui permettent de se placer dans les arcanes du pouvoir. Cette sortie conjoncturelle du coma politique s'explique, nous semble-t-il, par les gratifications symboliques et matérielles offertes par le régime aux élus. La mobilisation des électeurs au lieu de se faire sur la base des programmes politiques, fait appel aux relations clientélistes. Ainsi, les clans, tribus et zaouïas sont sollicités. Le discours politique s'emballe dans une suite de promesses qui prend l'allure d'une vente aux enchères. Qui offre le plus de logements, le plus d'emplois aux jeunes, le plus de routes, etc. C'est ainsi que les questions relatives à la production de la richesse est occultée au profit de sa répartition. Estimant que la richesse est produite par le pétrole, il suffit de la consommer sous forme distribution de logements, d'emplois… C'est aux autres de produire de la richesse. Voilà que l'empire romain est ressuscité.
Ainsi, les partis deviennent (Addi) des appareils d'Etat qui ajustent les demandes sociales aux capacités de l'Etat. Ils n'agissent pas pour créer des usines à des fins de développement matériel ou de production de richesse. Leurs propositions ou leurs protestations politiques s'appuient toujours sur la réclamation d'une meilleure répartition de la rente, et donc ils se situent, tous, dans la circulation. Ils visent dans leur protestation à modifier le régime de souveraineté local. L'économie de production porte en elle-même le principe de l'autoproduction, c'est-à-dire se faire soi-même. C'est par le travail, la compétence et le savoir-faire que l'individu produit son statut dans la société.
La promotion sociale est la conséquence d'une compétence dans la production de la richesse. Alors que dans l'économie rentière, il n'y a pas de devenir individuel construit, aussi bien hommes que femmes sont interdits de devenir individuel et d'une construction de la personnalité au sens moderne de Kant, qui viendrait de l'intérieur, et non pas d'un statut imposé de l'extérieur (Henni). Cette promotion (Henni) consiste à occuper des places sources de rentes. Par conséquent, la compétition politique n'est qu'une rampe de lancement des individus qui leur permet de se placer dans l'orbite du pouvoir. En d'autres termes, les compétitions à l'intérieur de cette configuration et les devenirs individuels (Henni) dépendent de l'appartenance à un groupe non pas laborieux mais organisé efficacement pour la capture de la rente. Il s'agit de prendre place dans le palais impérial.
Cette situation empêche l'émergence de véritables partis politiques qui effectuent la sélection du personnel politique, c'est-à-dire qu'ils recrutent les leaders politiques en choisissant des candidats et en tentant de les faire élire. Cette situation empêche aussi l'élite intellectuelle de se former et c'est pour cela que le discours des chefs de partis n'a pas d'envergure politique et n'a aucun effet sur la société.
La société
La société devient peuple, celui qui a libéré le pays du colonisateur. L'ennemi c'est l'autre, l'extérieur. Tout le monde est uni à l'intérieur pour combattre ceux qui complotent contre le peuple. Toute forme de contestation est assimilée à un complot. L'Etat, c'est le peuple et le peuple, c'est l'Etat. Voilà une société qui n'existe pas parce qu'on refuse d'admettre qu'elle est traversée par des conflits. C'est la plèbe de l'empire romain. Mais, comment expliquer que ce peuple ne vote pas ? Comment expliquer que l'enjeu principal des élections est la participation au vote ? Le taux d'abstention en-dehors de la présidentielle est largement supérieur au suffrage exprimé. Aux législatives, le taux de participation a excédé à peine les 40%. L'abstentionnisme ne veut pas dire qu'il y a démobilisation par rapport à la chose publique.
L'abstention n'est pas un acte apolitique. Elle est un choix politique actif consistant à ne pas se prononcer afin de montrer son désaccord. Elle est une déception profonde, une absence de confiance en un Etat discrédité par son incapacité à satisfaire les demandes qui lui sont adressées. En cas de fort niveau d'abstention, la légitimité des décisions ou des résultats d'élection, bien qu'étant prises dans les formes légales, peut être fragilisée sinon lorsque l'abstention atteint des taux importants mise en doute par l'idée que la «majorité silencieuse» ne se serait pas exprimée. Elle est un contre-Etat hors institutions.
Le véritable parti d'opposition est constitué de cette masse d'abstentionnistes. Or, cette masse n'est pas organisée et n'appartient à aucun parti politique. Elle considère que tous les discours politiques ne sont que des promesses sans suite. Le véritable problème n'est pas de courtiser cette masse silencieuse, ni de la culpabiliser parce qu'elle s'abstient lors des élections. Elle forme le parti de la majorité consciente que l'Algérie n'a pas besoin de patriciens qui ressuscitent l'empire romain, mais tout simplement d'hommes intègres et compétents et qui incarnent des valeurs.
Notes :
-Addi L. «Problématique de la société civile en Algérie : quelques éléments théoriques et historiques», université d'été du CNES, Alger du 1er au 3 septembre 2007
-Addi L. «Les partis politiques en Algérie», Revue de l'Occident Musulman et de la Méditerranée, CNRS Aix-en-Provence, 2005
-Facchini F. «Pourquoi les pays musulmans ne respectent pas généralement les libertés politiques?», Matisse, université de Paris 1
-Henni A. «Le syndrome islamiste et les mutations du capitalisme» , Non Lieu/Edif 2000, Paris, 2008 Hachemaoui M. «La représentation politique en Algérie : entre médiation clientélaire et prédation (1997-2002), Revue française de science politique, vol. 53, n° 1, février 2003.
-Martinez Luis. «Violence de la rente pétrolière», Presses de Sciences Po, 2010.


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