Pendant la guerre, «les autorités coloniales jugeaient la mobilisation des musulmans comme de type archaïque», a affirmé, hier, à la salle Cosmos d'Alger, l'historien à l'université Paris 8, Mouloud Haddad. Il présentait une étude intitulée «Les imsebbelen kabyles au FLN. Islam, nationalisme et résistance en Algérie (XIXe-XXe siècles)», au colloque international d'El Watan. Mouloud Haddad essaye de repérer dans ses recherches les caractères religieux de la guerre de Libération nationale et au cours des batailles menées par des chefs algériens au XIXe siècle. Il a donné l'exemple de la Wilaya III historique, qui a reconduit le système de recrutement des imsebbelen, qui veut dire en arabe «moussabil», une sorte de volontaire. En octobre 1956, le FLN définit le djihad. «C'est la concentration des efforts jusqu'au martyre, dont l'acte ne contient aucune haine», rapporte le conférencier. Le moussabil est voué à une mort certaine. Il a le statut du moudjahid. C'est une figure islamique et kabyle. Au XIXe siècle, les cheikhs de la tariqa Rahmania (voie soufie) recrutent les moussebeline en leur promettant le paradis. Quatre critères étaient imposés une fois le recrutement effectué : interdiction de divulguer les secrets, de perdre les armes, de désobéir au supérieur hiérarchique et de porter atteinte aux valeurs de l'islam ou de la patrie. Ces éléments ont été adoptés par le FLN dans la manière d'incorporation des moussebeline au cours de la guerre de Libération. Pour sa part, l'historienne à l'Institut d'histoire du temps présent, Malika Rahal, pense que les petits partis post-1954 ont largement contribué dans l'éducation nationaliste des militants indépendantistes. Elle fait référence à l'Union démocratique du manifeste algérien, parti créé par Ferhat Abbas en 1946. Ce parti a disparu après 1956, suite aux négociations entre son leader et Abane Ramdane afin de rejoindre le FLN dans l'exigence de l'indépendance à travers la lutte armée.
