Les gardes communaux ne comptent pas baisser les bras ; ils sont déterminés à poursuivre leur action jusqu'à la concrétisation et l'aboutissement de tous les points énumérés dans leur plateforme de revendications. En effet, après avoir observé plusieurs rassemblements et sit-in devant des sièges de wilaya, ponctués ensuite par l'organisation d'une grande marche de Blida vers Alger, les gardes communaux passent à un autre stade de protestation : des éléments de plusieurs postes avancés (PA) de ce corps de sécurité ont décidé de remettre leurs armes au niveau des différents armements de plusieurs détachements. L'initiative vient de commencer à Bouira. En effet, hier, pas moins d'une trentaine de gardes communaux travaillant dans la région de Lakhdaria, à 35 km à l'ouest de Bouira, sont passé à l'action. C'est ce que nous a confirmé au téléphone le délégué national et représentant des gardes communaux de la wilaya de Bouira, Lahlou Aliouat : «Cette action sera élargie à travers plusieurs postes du pays tant que nos revendications ne sont pas encore prises en charge.» De son côté, Belkacemi Noureddine, coordinateur des gardes communaux de la wilaya de Bouira, a précisé que tous les éléments des postes avancés sis sur la route reliant Lakhdaria à Malla, des localités de Beni Fouda, Berranna et Ouled Boutarem dans la commune de Malla, ont remis, hier, leurs armes au niveau de l'armement de leurs détachements respectifs. «Cette action est en guise de solidarité avec notre collègue de Khemis Miliana qui a succombé à ses blessures jeudi dernier dans l'hôpital de cette ville», explique notre interlocuteur. A ce sujet, le même coordinateur dira que tous les éléments ont décidé de rejoindre leurs camardes qui, faut-il le souligner, observent depuis le 26 juin dernier un rassemblement devant le siège de la délégation de la garde communale de la wilaya Blida. Plus de 20 000, selon les organisateurs, campent sur les lieux. Notons, par ailleurs, que les milliers de gardes communaux ayant organisé une grande marche lundi dernier en parcourant plus d'une quarantaine de kilomètres à partir de Blida vers Alger ont décidé de baptiser leur sit-in «le rassemblement d'el karama, dignité». Selon M. Lahlou, «c'est en signe de solidarité avec notre collègue de Khemis Miliana, décédé jeudi dernier, que nous avons décidé de donner ce nom à notre sit-in.» Le délégué persiste et signe : la victime a été touchée lors de violents affrontements ayant opposé les gardes communaux aux forces antiémeute à Alger. Et d'enchaîner : «Notre collègue est un martyr. Aujourd'hui (vendredi ndlr) nous allons déposer une gerbe de fleurs sur sa tombe et nous allons présenter nos condoléances à sa famille.» Notre interlocuteur confirme que le mouvement de protestation se poursuivra jusqu'à l'aboutissement de la plateforme de revendications. «Nous avons des témoins !» «J'étais présent à la marche d'Alger et j'ai assisté à la scène», tels sont les propos de Belkhadidja Khaled, un garde communal de Blida, contacté hier par téléphone au sujet de l'agent Lasfar Saïd, qui a succombé à ses blessures, jeudi dernier, dans un hôpital de la ville de Khemis Miliana dans la wilaya de Aïn Defla. Selon ce témoin, «la victime a été touchée par les eaux du camion à canon à eau avant de finir dans un fossé. Il est tombé sur la nuque», précise encore M Belkhadidja. Bouaziz Ahmed, un garde communal dans un détachement de la commune de Dellys dans la wilaya de Boumerdès, relate la même version : «Personnellement, j'ai été touché par une pierre lancée en ma direction par les éléments de la police. J'ai dû fuir la scène, les éléments des forces antiémeute étaient nombreux». Notons que nous avons essayé de contacter d'autres témoins, en vain. Il est utile de préciser que les membres de la Coordination nationale de la garde communale ont précisé dans nos précédentes éditions qu'ils détiennent des témoins sur cette affaire. Le délégué national de la garde communale, M. Lahlou, précise que des actions de protestation similaires auront lieu pour dénoncer ces dépassements ayant coûté la vie à cet élément. «Nous attendons la réaction de la famille de la victime. Si elle compte poursuivre les auteurs de ce crime en justice, tous les gardes communaux seront à leur côté». Affaire à suivre.
