On avait tendance à l'oublier, mais l'enquête de l'ONU sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri se poursuit. Ce que l'on sait c'est que la mission est désormais dirigée par un magistrat belge et que celui-ci s'est rendu à Damas pour les besoins de l'enquête. Il doit en rendre compte aujourd'hui au Conseil de sécurité, comme l'avait fait son prédécesseur à deux reprises. Les deux rapports d'étape avaient abouti à des suspicions, mais pas d'accusation formelle. Selon le rapport de l'Onu rendu public mardi, « le gouvernement syrien s'est officiellement soumis, en particulier au cours des trois derniers mois, à la quasi totalité des demandes d'assistance de la Commission ». Ce qui est considéré comme « une avancée encourageante, (mais) il est important de noter que la commission ne jugera au final de la coopération des autorités syriennes qu'en fonction des informations fournies et de la rapidité avec laquelle ses demandes ont été satisfaites », précise le rapport. Le rapport, communiqué mardi aux Etats membres du Conseil de sécurité de l'Onu, qui doit leur être débattu aujourd'hui en séance plénière, est le premier rédigé sous la houlette de M. Brammertz, qui a pris la succession de l'Allemand Detlev Mehlis le 23 janvier. Justement et hasard du calendrier, les dirigeants libanais sont parvenus à un accord « à l'unanimité » sur l'amélioration des relations entre le Liban et la Syrie, a indiqué le président du Parlement, Nabih Berri, qui a annoncé la reprise du dialogue interlibanais le 22 mars. M. Berri a ajouté que les 14 leaders politiques libanais s'étaient également mis d'accord sur « le refus de toute présence palestinienne armée en dehors des camps » de réfugiés et sur le caractère libanais des fermes de Chebaâ, occupées par Israël à la frontière. Les participants, qui ont tenu lundi et mardi un deuxième round de discussions pour tenter de parvenir à un accord sur une série de questions épineuses, « vont se retrouver le 22 mars pour poursuivre le dialogue », selon M. Berri. Les prochaines discussions vont porter sur « deux questions non résolues » : le remplacement du chef de l'Etat Emile Lahoud, souhaité par la majorité parlementaire et le désarmement du Hezbollah, exigé par la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'Onu, a-t-il souligné. « La Résistance va garder ses armes jusqu'à la libération du dernier pouce du territoire libanais », a dit M. Berri à propos du Hezbollah. « Il ne s'agit pas d'une grande percée, mais d'un pas en avant », a commenté le chef des Forces libanaises (FL, anciennes milices chrétiennes), Samir Geagea. Au plan des relations avec la Syrie, M. Berri a notamment indiqué que les protagonistes se sont entendus sur « la nécessité de les développer » et « corriger les erreurs du passé ». « Les participants ne veulent pas que la Syrie soit une menace pour la sécurité du Liban et vice-versa. Ils ont invité le gouvernement à renforcer les mesures de sécurité du côté libanais de la frontière, et exigent l'application du principe de non ingérence mutuelle dans les affaires intérieures », a indiqué M. Berri. Il a en outre souligné que « les participants veulent des relations d'égal à égal entre le Liban et la Syrie, basées sur l'établissement de relations diplomatiques et des ambassades et le tracé des frontières libano-syriennes ». La Syrie refuse, depuis, l'accès du Liban à l'indépendance en 1943, d'établir des relations diplomatiques avec son petit voisin. La conférence, qui se tient au Parlement, regroupe les 14 dirigeants politiques et représentants des principales confessions religieuses. Le premier round, commencé le 2 mars, s'est terminé par le départ du chef du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, pour protester contre les propos qu'il a qualifiés d'incendiaires du leader druze Walid Joumblatt, qui avait vilipendé, depuis Washington, la Syrie et le Hezbollah. L'objectif du dialogue interlibanais est de trouver un terrain d'entente sur différents problèmes ayant entraîné une paralysie de l'Etat depuis le retrait forcé de l'armée syrienne du Liban, en avril 2005, deux mois après l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Des tractations ont précédé ces assises en totale rupture avec le passé marqué par le recours aux armes. Des ententes préalables ont ainsi été conclues, jusqu'à surprendre nombre d'observateurs qui avaient certainement tendance à les considérer comme impossibles. Ce qui n'a pas empêché l'apparition de divergences, faisant craindre l'absence d'accord.