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la tchipa gangrène la société
Economie de la rente, propagation de l'informel, bureaucratie
Publié dans El Watan le 01 - 10 - 2012

Qu'elle soit l'œuvre de simples agents publics ou de hauts cadres de l'Etat, qu'elle touche le bureau de poste de la commune ou une partie de l'appareil judiciaire, qu'on l'appelle dessous-de-table, pot-de-vin, bakchich, kahwa ou encore ikramia, la corruption s'est banalisée et même démocratisée en Algérie.
Ce n'est plus un tabou de demander ou de verser une contrepartie pour obtenir un passe-droit et, de plus en plus souvent, pour obtenir un droit. Mais si certains ont le courage de dénoncer le phénomène, d'autres préfèrent seulement s'en détourner de peur des conséquences. Pas facile, cependant, de s'en détourner quand, de l'avis de tous les observateurs, le phénomène s'est généralisé, touchant «toute la société» et n'épargnant quasiment aucun secteur.
Les affaires traitées par la justice en 2010 ont mis en avant les collectivités locales, la poste et les banques comme étant les trois secteurs les plus touchés par la corruption, selon les déclarations du directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice, Mokhtar Lakhdari. Mais celles qui échappent à la justice sont encore trop nombreuses pour s'en faire une idée précise et les exemples ne manquent pas.
Un ancien gérant de kiosque multiservices à Alger nous raconte, sous le couvert de l'anonymat, une mésaventure avec un agent de guichet (qui était responsable de tout ce qui avait trait à cette activité) au niveau de l'opérateur public de téléphonie. «Je devais régler une facture de 8000 DA, raconte-t-il. Je me suis présenté au niveau de l'agence et je l'ai réclamée. Le préposé au guichet m'a indiqué qu'il allait me la fournir dans un instant. Je n'avais pas bien compris son manège et, voyant le temps anormal que l'opération prenait, je me suis résigné à aller faire un tour dehors. C'est alors que cet agent m'a suivi et m'a dit qu'au lieu de payer les 8000 DA, ce serait mieux que je lui verse la moitié directement à lui et en contrepartie il sauterait la facture.» Ce que le gérant a refusé catégoriquement. «C'est là que mes problèmes ont commencé», poursuit-il.
«Chaque week-end, on nous coupait les lignes et il fallait attendre 48 heures pour les rétablir, autant dire que l'activité était compromise. C'était du pur sabotage pour nous faire plier.» D'ailleurs, le même agent de guichet «m'a clairement dit, quand je me déplaçais pour des réclamations, que c'était de ma faute. Je lui ai répondu que je préférais fermer boutique plutôt que de faire ce qu'il demandait et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé quelque temps après».
Cet exemple n'est pas unique et dans beaucoup de cas, les personnes sollicitées pour payer des pots-de-vin préfèrent régler eux-mêmes la question au lieu de se tourner vers la justice ou vers les autorités.
Mais tout le monde n'a pas le même rapport avec la corruption. Un émigré algérien, vivant au Canada depuis plus de dix ans, a eu l'idée de venir investir en Algérie dans le secteur de la transformation de la viande. «Pour obtenir une autorisation de la wilaya, vous devez verser des dessous-de-table, pour retirer un papier de l'APC on vous demande quelque chose, pour vous installer un poste de transformation, on vous réclame 200 millions de centimes et idem pour tout le reste et à chaque étape», raconte-t-il. Pour éviter «les tracasseries et gagner du temps, je paye ce qu'on me demande», ajoute-t-il. Pourtant, au final, le projet a été abandonné.
Même si ce sont des entreprises ou des organismes publics qui sont en cause, souvent ce sont les petits agents de bureau, de sécurité ou de guichet qui y travaillent qui sont les plus souvent mis en cause. «Il est arrivé que pour obtenir le livret foncier nécessaire pour la vente d'un bien immobilier, des personnes, dont on ignorait même la fonction au sein du cadastre, proposaient de le faire en une semaine au lieu de deux mois moyennant 10 000 DA, alors qu'en tant normal vous devez vous acquitter de seulement 1000 DA auprès de l'administration», nous raconte un agent immobilier. Rappelons qu'à El Tarf, des agents de la Direction du cadastre ont été pris en flagrant délit de corruption il y a deux ans.
Impunité !
Certains opèrent seuls, mais quant ils sont en bas de l'échelle, la somme demandée sert à engraisser tout «un réseau» qui peut aller du simple agent de sécurité au détenteur du pouvoir de signature.
Au vu du nombre d'affaires traitées par la justice (un peu plus de 7000 entre 2006 et 2011), il est clair que cela ne constitue que la face émergée de l'iceberg. D'ailleurs, une étude menée par la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) en 2011 a montré que seulement un peu plus du tiers des personnes interrogées dénonceraient une affaire de corruption si elles en prenaient connaissance, 80% d'entre elles ne se sentant pas protégées en cas de menace ou de représailles. «Les citoyens ne font pas confiance à l'appareil judiciaire et donc ne vont pas systématiquement dénoncer la corruption. Beaucoup l'ont déjà fait, mais très souvent sans suite malheureusement», explique Khelil Abdelmoumen, membre de la Ligue.
Pourtant, la loi de 2006, relative à la lutte contre la corruption, est censée protéger les dénonciateurs dans son article 45. Mais c'est «toujours le problème de la mise en application des textes. Le pouvoir politique n'applique pas ses propres lois», déplore M. Khelil. L'étude a permis de savoir quels sont «les axes sur lesquels la société civile doit travailler, à savoir la protection des dénonciateurs, ainsi que la sensibilisation des acteurs et intervenants du secteur de la justice et l'encouragement des citoyens». Car aujourd'hui, si le phénomène a pris de graves proportions, c'est parce que «tout le monde croit que l'impunité est la règle en matière de corruption».
La corruption «touche à la justice qui est un droit fondamental pour les citoyen et si l'appareil judiciaire est gangrené, ce droit ne peut plus être garanti», explique M. Khelil. Si parfois on a pu justifier la corruption par la vulnérabilité de ceux qui s'y adonnent du fait de leur situation socio-économique précaire, M. Khelil estime qu'«on ne peut pas résumer le phénomène à une question de pouvoir d'achat ou de niveau de vie car il touche même les plus hauts cadres de l'Etat».


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