Eminent professeur en pneumologie, Pierre Chaulet, expert dans la lutte contre la tuberculose, a déposé son dernier rapport portant proposition d'une nouvelle loi sanitaire, en février 2010, au ministère de la Santé, mais celle-ci n'a pas encore été publiée. Son expertise reconnue lui a valu d'être sollicité par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en qualité de consultant. Sa contribution pour l'amélioration du système de santé en Algérie a continué durant toutes les dernières années de sa vie. Il a été le pionnier de la lutte contre la tuberculose et la réduction de la durée du traitement, témoigne le professeur Jean-Pierre Grangaud, pédiatre et ami du défunt. Pour le Pr Grangaud, Pierre Chaulet a été le précurseur de la lutte contre la tuberculose, avec son équipe en Algérie, dont le docteur Larbaoui. Une lutte basée sur une double démarche, à savoir la généralisation de la vaccination par le BCG à tous les nouveau-nés et les enfants en âge de scolarité et la réduction de la durée du traitement. «Il a été à la pointe du combat à partir des années 1963 et 1964 pour généraliser cette vaccination, en collaboration avec les experts de l'OMS. Lui et Dr Larbaoui avaient créé le Comité de lutte contre la tuberculose, à travers lequel et avec l'aide de l'OMS qu'ils ont adopté des recommandations à l'issue des conférences organisées à Alger. Des instructions du ministère de la Santé de l'époque ont donc suivi pour la généralisation de la vaccination par le BCG», a-t-il souligné avant de préciser qu'il a pu également, avec son équipe et l'OMS, adapter un nouveau programme de traitement de la tuberculose «moins long et plus efficace pour une durée de deux mois au lieu de deux années, avec tous les problèmes que cela pouvait poser, en l'occurrence la toxicité des antibiotiques et le manque de surveillance des malades. Le traitement a été donc limité à deux mois avec une prise d'antibiotiques deux fois par semaine. Ce programme a bien marché et depuis il a été revu et amélioré avec l'arrivée de nouveaux antibiotiques», a-t-il ajouté. Le Pr Chaulet a également fait partie de ceux qui militaient au sein de l'OMS pour le maintien de la liste des 200 médicaments essentiels, liste qui a atteint actuellement plus de 1000 produits. «Il a pesé de tout son poids pour le respect de cette disposition. Pour lui, la liste doit contenir les 200 molécules quoi qu'il arrive», relève-t-il. Dans sa dernière contribution à travers l'élaboration d'un texte de réforme de la loi sanitaire de 1985, un dossier qu'il a défendu depuis 1962, le Pr Chaulet, qui était le coordonnateur de cette commission, a présenté une vision originale du secteur sanitaire, qui, à ses yeux, serait plutôt un district sanitaire pour un accès équitable aux soins pour les populations, rappelle le Pr Grangaud. Les grandes lignes de cet avant-projet de loi sont censées promouvoir la santé des Algériens pour les 20 ans à venir et mettre en conformité le cadre législatif avec les réformes opérées dans le secteur. Décédé vendredi dernier à l'âge de 82 ans à Montpellier (sud de la France), l'ancien militant de la cause nationale lors de la guerre de Libération, Pierre Chaulet, sera inhumé aujourd'hui au cimetière chrétien de Saâda (Alger).
