L'opposition mauritanienne a demandé hier que «toute la lumière» soit faite sur les conditions dans lesquelles le chef de l'Etat Mohamed Ould Abdelaziz a été blessé samedi soir près de Nouakchott, officiellement lors d'un incident impliquant son armée. La Coordination de l'opposition démocratique (COD), qui rassemble une dizaine de partis, a publié un communiqué dans lequel elle demande au pouvoir et à la justice de «faire toute la lumière sur les conditions qui ont entouré l'incident et de le porter à la connaissance des Mauritaniens». Un autre parti d'opposition, non membre de la COD, l'Alliance pour la justice et la démocratie (AJD/MR), a de son côté estimé dans une déclaration qu'au-delà de «la compassion à un compatriote en souffrance» (le président Aziz), «c'est la République tout entière qui s'interroge aujourd'hui». L'AJD/MR «partage cette interrogation et engage les pouvoirs publics à ouvrir une enquête pour faire la lumière sur les événements survenus, afin d'expliquer comment un tel manquement, s'il est avéré, a pu se produire au point de mettre en danger la vie du président de la République». Le président Aziz a été blessé par balle samedi soir à une quarantaine de kilomètres de Nouakchott, alors qu'il rentrait par la route d'un voyage en province. Il s'agissait, selon la version officielle, d'un tir par erreur en provenance d'une unité mobile de l'armée assurant la sécurité autour de la capitale. Cette version suscite de nombreuses questions en Mauritanie, pays à l'histoire jalonnée de coups d'Etat militaire – le président Ould Abdelaziz est lui-même arrivé au pouvoir en août 2008 par un putsch – alors que le chef de l'Etat s'est lancé depuis son élection en 2009 dans une lutte sans merci contre Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), qui l'a menacé de mort. Opéré dans un premier temps samedi soir à Nouakchott, le président Aziz a été évacué en France et hospitalisé dimanche à l'hôpital militaire de Percy-Clamart, près de Paris, pour des soins complémentaires. La nature de ses blessures reste floue. Face à la «situation exceptionnelle que traverse le pays suite à la blessure du président par balle», la COD a décidé de suspendre ses activités politiques jusqu'à nouvel ordre. Il s'agit, selon un responsable de la COD, d'éviter «de fortes tensions politiques» dans les circonstance actuelles, «dans l'intérêt suprême de la nation».