Le comédien français d'origine algérienne, Ramzy Bédia (Beur sur la ville, Halal Police d'Etat, Il reste du jambon…), était présent, à Alger, la semaine dernière, pour l'avant-première du film Les Seigneurs, où il y incarne un rôle hilarant complètement «foot» ! -Ramzy, vous aimez le football... Beaucoup ! Je suis un grand supporter du PSG. Je suis Parisien. -Vous n'êtes pas Barça ou Real ? (Rires). Le Barça rend fou le monde entier. Je suis Parisien. Donc, pour le PSG. Si j'étais Oranais, à l'époque, j'aurais été pour le MPO et Algérois, pour le Mouloudia d'Alger. Cela me paraît normal ! -Une belle aventure footballistique le film Les Seigneurs… Olivier Dahan (réalisateur de La Môme), déjà il t'appelle en tant que comédien. Et tu dis : oui ! Et il t'annonce que c'est un film sur le football. Quand j'étais petit, j'avais un rêve. Il y avait un film intitulé A nous la victoire ! Avec Pelé, Stallone, Oswaldo Ardilles… Non seulement Dahan te propose un rôle, mais aussi un film sur le foot ! Je rêvais de faire une scène au ralenti, où il ne reste qu'une seconde à jouer. Un suspense ! Alors, plongeon direct dans ce film. -Juste avant l'avant-première de Les Seigneurs, vous avez dévoilé que des acteurs du film ne savaient pas jouer au football et vous, vous évoluiez de vrai… José Garcia, walou (rien) ! (Rires). Aïe ! Ils vont le découvrir dans El Watan. Frank Dubosc, Gad El Maleh non plus ! En fait, il n'y a que les émigrés qui jouent au football. Je dis à tous les parents du monde : ne dispensez pas vos enfants du sport. Car vous le verrez plus tard. -Vous n'avez pas été doublé… Oui, moi, Omar, Joey Starr et Samir Ameziane (le Compte de Bouderbala). Les Arabes, hein ! (Rires) Le foot, on l'a en nous. -Votre rôle est exubérant, hilarant. La drogue, les femmes… Cela a été dur la «coke» (Rires). Heureusement que ma maman n'est plus de ce monde. Il y a ma fille qui a vu le film et qui m'a dit : ‘‘c'est quoi ça ?''. Je ne savais pas quoi répondre. C'est un film familial. Et le seul truc où l'on voit beaucoup de filles, un peu de drogue, c'est moi, l'Algérien. (Rires) -Cela ne vous dérange pas ce genre de rôle qu'on vous attribue. Le rôle à «tête de l'emploi», le «Beur», le Maghrébin ? Alors là, j'ai une théorie là-dessus. Et cela ne concerne que moi. J'ai grandi avec des films comme Thé au harem d'Archimède, Hexagone… Ensuite, il y a eu Smaïn et d'autres acteurs qui «se sont pris la tête» en disant : ‘‘Je ne veux pas faire l'Arabe'' ! -«L'Arabe de service»… Oui, voilà, «l'Arabe de service». Moi, je n'ai jamais voulu faire de cinéma. A l'époque, j'aimais bien leur combat. Ils ont bien raison. Mais cela n'engage que moi ce que je dis. On me propose énormément de rôles d'Arabe. Et c'est en fait une fierté de les incarner. Cela ne me dérange guère. Là, je vais tourner dans un film. Et cela m'énervera qu'un Français le fasse. Il y a plusieurs rôles, dont celui d'un Algérien. C'est à moi de faire ce rôle. Peut-être que cela choquera des gens. Je n'ai pas l'impression de faire «l'Arabe de service» ! -Cela ne vous dérange guère… En tout cas, je suis fier de camper des rôles d'Algérien et de faire ressortir mes racines. Hamdoullah (Grâce à Dieu). Là, je défends ma «paroisse». En ce moment, il y a plein de rôles pour nous ! En plus, on se les écrits beaucoup ! Il existe, actuellement, une vraie dynamique du «reubeu» (Beur en France). (Rires). Les Noirs, on ne les voit pas. A part Omar (Sy). Nous, nous sommes nombreux ! De Tahar Rahim à Djamel Debbouze. Et on se rend compte qu'il y a encore énormément de travail à faire. Le rôle de Marandella que j'incarne dans Les Seigneurs, il est dans la même veine. Quand il y a un rôle d'Algérien ou d'Arabe à faire, je suis le premier à bien le regarder. Je ne sais pas, je ne ferai pas «l'Arabe de service» si on me demande d'interpréter un terroriste dans un film américain. Pour dire la vérité, s'il est réalisé par Sean Penn je le fais. C'est du cinéma ! C'est en «macro» et non pas en global qu'il faut voir les choses. On est un mélange de «Beurs», je hais ce mot, de Maghrébins en France qui arrivent à faire de belles choses dans le cinéma. On ne se pose pas la question : «Arabe de service ou pas ?». S'il y a un beau rôle d'Arabe, il est à moi. Je suis fier de le faire et de le mettre sur une pellicule 35.