Le périple arabique du jeune monarque en quête de sous vise un seul objectif : éviter une explosion sociale dans son royaume souffrant. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a effectué une visite dans les pays du Golfe, le 21 octobre, et un petit crochet par le Proche-Orient, en Jordanie. D'après la presse marocaine, le monarque chérifien s'est rendu en pèlerinage économique pour attirer des investissements des monarchies arabes. Pour parer à l'augmentation du chômage – officiellement dépassant les 15% – et au recul du taux d'investissement, Mohammed VI a tendu la main aux cheikhs du Golfe pour essayer d'attirer les investisseurs des monarchies pétrolières en cette période de disette. Or, ces derniers temps, les rois et émirs d'Arabie préfèrent investir dans les pays européens, en proie à des difficultés économiques suite au bouleversement financier causé par les subprimes en 2008. Ce qui a nécessité, pour le cabinet royal, alaouite le long périple. Les monarques du Golfe, pour diverses raisons, trouvent dans l'achat d'action d'entreprises européennes ou l'acquisition de biens, voire des clubs sportifs, une parade pour concrétiser leur forcing économique et prendre pied sur le vieux continent. Les gouvernements d'Europe n'ont pas besoin de lancer des appels vu la réglementation appliquée et respectée dans la durée et le peu de pratiques bureaucratiques et de corruption. S'il faut placer l'investissement arabe dans ce contexte, Mohammed VI a, au cours de son déplacement, eu des discussions avec ses homologues de la péninsule pour les assurer et les rassurer du bon retour sur investissement de leur placement. La presse marocaine parle d'une possibilité d'attrait de 5 milliards de dollars d'investissement à mettre en œuvre sur cinq ans, l'équivalent de la somme prêtée par l'Algérie au FMI dernièrement. Lors de ce voyage, Mohammed VI était accompagné d'une importante délégation, à savoir le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Saâd Eddine El Otmani, le ministre de l'Economie et des Finances Nizar Baraka, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime Aziz Akhannouch, le ministre de l'Equipement et des Transports Aziz Rebbah, le ministre de la Santé Houcine El Ouardi et le ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement Fouad Douiri. Acheter la paix sociale La composition de l'équipe du roi montre tout l'intérêt et l'importance qu'accordent nos voisins de l'Ouest aux dollars du Golfe, mais aussi la volonté de créer un axe stratégique avec ces monarchies. Pour reprendre les explications de nos confrères marocains de l'Economiste, «la tournée de Mohammed VI arrive un peu plus d'un an après la proposition faite au Maroc et à la Jordanie de rejoindre le Conseil de coopération du Golfe (CCG)». Il semble que Mohammed VI n'est pas revenu bredouille, puisque les fonds de soutien qui lui ont été accordés «atténueront la pression sur la trésorerie de l'Etat et sur les réserves de change», est-il ajouté. Les cinq milliards de dollars alloués financeront une partie des axes autoroutiers desservant «Oujda, Nador, Taza et Al Hoceima ; l'extension du port de Safi, la réalisation du nouveau port de Nador, la construction de trois CHU à Oujda, Tanger et Agadir, et le renforcement du programme de lutte contre les bidonvilles, et les travaux de la ligne de TGV Tanger-Casablanca». Il est utile de souligner que les pays du CCG sont présents, économiquement, depuis plus d'une décennie au Maroc. Leurs investisseurs activent dans les secteurs de l'agriculture, du tourisme et les énergies propres. Le volume des échanges entre le Maroc et les pays du CCG, fin 2011, est de l'ordre de 30 milliards de dirhams (environ 300 millions de dinars). Les pays du Golfe exportent vers le Maroc pour près de 29 milliards de dirhams, principalement des produits pétroliers.