À la cité Ziadia, on ne compte plus les problèmes qui touchent directement le cadre de vie des habitants. Ces derniers sont convaincus qu'après des années d'attente, ils ne cultivent plus l'espoir de voir un changement dans leur cadre de vie. Malgré sa proximité avec la route menant vers Djebel Ouahch, la cité dont la construction remonte aux années 1970, a perdu toute vocation. «Certaines familles ont carrément déménagé vers d'autres lieux, en dépit des avantages dont dispose le site qui n'est pas loin des principaux axes de la banlieue mais aussi de la disponibilité des moyens de transport, mais les conditions de vie se sont nettement dégradées», déplore un père de famille qui rappelle la belle époque où la cité était très convoitée, notamment par les citoyens de classe moyenne. Pour les habitants, il n'y a plus de différence entre les bâtiments rouges, bleus et jaunes. «La dégradation a atteint la plupart des immeubles à défaut d'entretien, mais il faut dire aussi que certains habitants ont aussi une part de responsabilité dans l'atteinte à l'environnement», notera un résidant, faisant allusion à ces transformations opérées devant les immeubles où certains se sont accaparés d'importantes parties des trottoirs pour en faire des jardins et des lieux de stationnement. «Ces pratiques sont des violations caractérisées des lois sur l'urbanisme qui dénaturent les lieux, mais avec le laisser-faire des autorités à une certaine époque, tout le monde se permet de faire à sa guise», affirment des riverains qui notent que leur cité n'a jamais bénéficié de la réalisation d'espaces verts, prévus pourtant dans les projets d'aménagement mais qui n'ont jamais vu le jour. Certains habitants ont même procédé à des transformations dans leurs appartements allant jusqu'à démolir un mur porteur ou une partie des la structure de l'immeuble, ce qui est formellement interdit par la loi. Les quelques constructions illicites, érigées derrière la cité, se sont multipliées au fil des ans et au gré de la passivité des autorités pour donner naissance à un bidonville. Ce dernier se dessine comme un décor moche avec ses décharges sauvages et les mauvaises odeurs se dégageant des petits ruisseaux charriant les eaux usées où traînent des vaches à longueur de journée. Des citoyens nous ont affirmé que la cité Ziadia qui ne compte pas vraiment d'associations actives, est laissée à l'abandon faute d'un sérieux engagement de la part des ses habitants, qui sont pourtant dans leur majorité des propriétaires, et il leur incombe en dernier lieu d'entretenir leurs immeubles. Les façades de ces derniers, faut-il le rappeler, n'ont pas reçu le moindre coup de pinceau depuis plus de 30 ans. L'autre mal à Ziadia demeure l'état déplorable de la chaussée qui, par endroits, nécessite de sérieux travaux de décapage et de bitumage. Les travaux occasionnels entrepris il y a quelques années dans certaines tranches n'ont pas donné de résultats, et les habitants pataugent encore dans les flaques d'eau à la moindre averse. En l'absence de loisirs, bon nombre de jeunes sont livrés à eux-mêmes. Ceux qui n'ont pas eu la chance d'aller plus loin dans leurs études s'adonnent aux mauvaises fréquentations qui engendrent des maux dont la société n'en aurait pas besoin, notamment le commerce illicite de la drogue qui se fait souvent sous les fenêtres des immeubles, au vu et au su de tout le monde. Aujourd'hui, la cité Ziadia n'est plus qu'un grand dortoir.