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«Les acteurs de la révolution se sentent désabusés»
Attia Athmouni. Porte-parole du soulèvement de Sidi Bouzid
Publié dans El Watan le 17 - 12 - 2012

Attia Athmouni fut le premier Tunisien à s'être ouvertement affiché sur les médias internationaux pour parler, à partir de Sidi Bouzid, au nom du comité de soutien du soulèvement. C'était au soir du 17 décembre 2010. Il avait alors brisé l'embargo entourant ce soulèvement populaire en informant, via les médias internationaux, sur ce qui se passait à Sidi Bouzid, Menzel Bouzayen, Mezzouna, Guetar, etc. Deux ans après, M. Attia évoque pour El Watan le parcours de la révolution. Entretien.
- Où en est la révolution deux ans après son déclenchement, le 17 décembre, à Sidi Bouzid ?

Pour ne pas être négativiste, beaucoup de choses ont certes changé, notamment en matière de liberté d'expression et dans la manière de traiter l'information. Le peuple ne se tait plus et n'accepte plus ce qu'on lui donne. Il y a donc un regain de dignité grâce à cette révolution. La Tunisie a également vécu les premières élections démocratiques de son histoire. Toutefois, deux ans après cette révolution et 14 mois après les élections du 23 octobre 2011, rien n'a vraiment changé pour les jeunes des zones défavorisées, principaux acteurs de la chute de Ben Ali. Pis encore, ils sont désabusés. Les martyrs se sont sacrifiés pour la liberté et à la dignité. Par dignité, il faut comprendre que le citoyen a droit à un emploi honnête et aux services publics de base dans une société où la vie est plaisante, partout en Tunisie. Or, le gouvernement de Jebali n'a rien fait pour réaliser cet objectif. Au début, on a dit qu'il fallait laisser du temps au temps. Mais ce qui n'est pas compréhensible, c'est que l'on attende encore pour tracer une feuille de route de la deuxième phase de la transition démocratique. Ils ont mis plus d'une année pour écrire une loi sur la nouvelle ISIE. Ils ne sont pas encore parvenus à installer des instances indépendantes pour la magistrature et les médias. Ils se battent encore pour un consensus autour de la Constitution. On est encore loin du développement régional dont l'optique se trace avec la collaboration des compétences dans chaque région. La preuve, depuis 12 mois, on nous parle de capitaux alloués à Sidi Bouzid. On nous a annoncés de gros projets, mais les réalisations ne suivent toujours pas.


- Vous paraissez plutôt déçu…

Disons que je ressens de la frustration et ce n'est pas propre à moi. En tant qu'intellectuel, je peux analyser la situation et trouver des justifications aux retards dans les réalisations. Je comprends que l'évolution ne saurait être que progressive, notamment pour les mécanismes d'emploi et de croissance économique. Mais un chômeur ou un démuni ne comprennent pas la question de la même façon. Ces gens-là ont fait la révolution pour voir leur situation évoluer dans le bon sens. Or, rien n'a changé pour eux. Le chômeur est resté chômeur et l'environnement s'est peut-être même détérioré (bureaux des services sociaux saccagés, fermeture d'usines, etc.). Cette population commence même à être gagnée par le doute sur le lendemain de sa révolution, surtout avec le déficit en matière de communication. Et c'est très néfaste de perdre espoir. Ce désespoir peut être facilement manipulé. Pourtant, il aurait suffi d'une feuille de route claire pour avoir l'aval de cette masse. Les Tunisiens ont attendu durant des décennies ; ils peuvent encore attendre pourvu qu'ils aient confiance, qu'ils voient des coups de pioche.

- Que pensez-vous des promesses du gouvernement ?

Les citoyens ne croient plus aux paroles des responsables qui se sont déjà succédé en cascade depuis le 17 décembre 2011 à Sidi Bouzid, quand Marzouki, Jebali et Ben Jaâfar nous avaient promis monts et merveilles. Or, comme vous le constatez, il n'y a rien de tangible. Ce n'est pas par hasard que l'ancien gouverneur a été limogé. C'était suite à l'insatisfaction populaire, en plus de son aliénation en faveur du parti Ennahda. Les citoyens n'ont perçu aucun changement dans la manière d'aborder les problèmes de marginalisation comme le chômage, la pauvreté et la faiblesse des infrastructures de base. Deux ans après la révolution, il n'y a eu aucun nouvel établissement sanitaire, aucune nouvelle route, aucune usine digne de ce nom à Sidi Bouzid. Pis encore, on ne voit rien venir. C'est ce qui fait que les citoyens commencent à désespérer et à réagir de manière violente à l'égard des autorités.

- Etes-vous optimiste ?

Bien sûr que je le suis. Un militant ayant lutté contre la dictature ne saurait ne pas être optimiste aujourd'hui avec la démocratie. Lorsqu'on m'a arrêté sous le régime de Ben Ali, je n'ai pas eu peur malgré toute la férocité de la machine de répression parce que j'étais optimiste et que je savais qu'on allait gagner, un jour, dans notre lutte pour la liberté. Je suis resté optimiste bien que l'on ait manipulé le nom de la révolution qui devrait être le 17 décembre et non le 14 janvier et ce, en référence au jour de son déclenchement, comme le 17 février en Libye ou le 25 janvier en Egypte. Mais bon, ce n'est pas grave.
Aujourd'hui, nous avons dégagé Ben Ali, réussi des élections démocratiques et nous œuvrons pour réussir la transition démocratique malgré les manipulations de la troïka gouvernante. La tâche est certes difficile, mais le peuple qui a fait fuir Ben Ali gagnera la bataille de l'édification de la Tunisie démocratique.


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