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Le court métrage algérien entre étoiles et terres arides
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Publié dans El Watan le 28 - 12 - 2012

En Algérie, le rythme d'évolution du court métrage est plus rapide que celui du long métrage. Malgré une production encore faible, le court métrage algérien s'impose dans les festivals à l'étranger et remporte des distinctions.
La qualité artistique et les choix thématiques des jeunes cinéastes sont salués. Des cinéastes qui ont réussi à surmonter beaucoup de difficultés. El Watan Week-end dresse un état des lieux avec les professionnels rencontrés au 6e Festival d'Oran du film arabe (FOFA).
Le court métrage algérien rafle des distinctions à l'étranger. Abdelnour Zahzah, Amine Sidi Boumediène, Khaled Benaïssa, Sofia Djama, Yasmine Chouikh, Yanis Koussim et Amel Kateb ont décroché des prix dans plusieurs festivals internationaux ces cinq dernières années. La reconnaissance hors frontières n'est pas forcément égalée par une mise en valeur en Algérie de ce format d'expression artistique. Quel est l'état des lieux du court métrage fin 2012 en Algérie ? Quels sont les contraintes et les blocages ? Quelles perspectives? Et d'autres questions ont été posées aux professionnels et critiques présents au 6e Festival d'Oran du film arabe (FOFA) qui s'est déroulé du 15 au 22 décembre 2012.
«Je n'apprends rien à personne en disant que le court métrage se porte bien en Algérie. Il est vrai que les productions sont limitées. Situation que tout le monde connaît. Mais, avec deux ou trois courts métrages par an, nous arrivons à faire des choses intéressantes. Ces films sont sélectionnés dans les festivals. Nous avons de bons retours. Les gens apprécient nos courts métrages. Il ne faut pas qu'on tombe dans l'exotisme. Les étrangers doivent continuer à sélectionner nos films parce qu'ils sont de bonne qualité, pas parce qu'ils sont algériens», souligne Amine Sidi Boumediène, doublement primé cette année, à Abu Dhabi et Oran, pour son dernier court métrage, Al Jazira (L'île). Ce chimiste de formation, diplômé du Conservatoire libre du cinéma à Paris, s'est distingué en 2011 avec Demain, Alger ? qui revient d'une manière raffinée sur les troubles de 1988.
Réflexion
Salim Aggar, journaliste, cinéaste et critique, rejoint le point de vue de Amine Sidi Boumediène. Il appelle au lancement d'une réflexion sur l'encouragement du court métrage en Algérie. «L'Algérie est aujourd'hui représentée au niveau des festivals mondiaux grâce au court métrage. Je cite l'exemple de Garagou (de Abdelnour Zahzah, ndlr) qui a voyagé dans presque soixante festivals et décroché une trentaine de prix. C'est quand même un honneur pour l'Algérie d'avoir un film qui la représente aussi dignement», remarque-t-il. Citant l'exemple européen, il estime important de consacrer un fonds uniquement pour le court métrage. Le Fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique (FDATIC), qui relève du ministère de la Culture, accorde 3 à 4 millions de dinars pour les réalisateurs de ce genre de films.
«L'aide peut se présenter sous la forme d'un prêt ou d'une subvention. Les conditions et détails de chaque prêt sont déterminés par une convention (…). Pour les subventions, une fois l'agrément reçu, le versement se fait en trois tranches : 40% à la signature de la convention, et ce, afin de permettre au bénéficiaire d'entamer la production du film, 30% au début du tournage du film, puis 30% en fin de tournage», est-il indiqué dans le règlement du FDATIC.
«Or, transférer des films tournés en HD vers le 35 mm coûte cher. L'aide du Centre de la cinématographie marocain est importante. Ce centre donne presque l'équivalent d'un budget accordé à un long métrage en Algérie ! Le soutien au court métrage algérien doit être revalorisé. La télévision doit aussi s'impliquer. Le dernier film de Sofia Djama a été financé par la chaîne franco-allemande Arte. Même si le sujet est délicat, l'ENTV aurait pu apporter sa contribution», reprend Salim Aggar. Mollement, un samedi matin, de Sofia Djama, évoque les absurdités et les ratés d'un pays à travers l'échec d'une tentative de viol d'une fille en raison d'une «bandaison molle» du jeune agresseur. TV5, Canal+, TVE, BBC, ARD, RAI, RTBF et d'autres chaînes européennes soutiennent la production des courts métrages. Ce n'est pas le cas de l'ENTV.
Démission de la télévision
Le retrait de la chaîne étatique a pratiquement tué le Festival international du court métrage de Taghit (Béchar). Un festival organisé en deux éditions en 2008 et 2009. «Ce festival était soutenu financièrement par la télévision et par un opérateur privé. La télévision s'est quelque peu retirée en accordant son appui, mais sans engagement de fonds. Le ministre de la Culture, c'est parfois oui, parfois non. Il y a un problème de financement. Un festival dans le désert coûte cher en frais de transport et d'hébergement. Il faut également monter un écran de cinéma. Pour cela, il faut recourir à des techniques et des équipements professionnels. Il s'agit d'un festival international. Ces moyens n'existent plus pour ce festival. Le public de la région de Béchar a bien accueilli cette manifestation culturelle», relève Yasmina Chouikh qui était directrice artistique de ce festival.
Elle reconnaît avoir un peu tort d'avoir négligé la défense du Festival de Taghit depuis 2009. «Il faut reprendre ce festival. Jusqu'à aujourd'hui, les gens en parlent. Donc, quelque part, ce festival a une utilité. Il était une plateforme importante pour le court métrage. Le public confondait court métrage et film amateur. Des confusions qui existent toujours mais qui ont été quelque peu dissipées. En deux ans, nous avons pu installer une certaine tradition, à pousser l'intérêt vers le court métrage. Il y avait au moins un espace où projeter un nouveau film. Les gens étaient motivées. Nous n'avons pas suffisamment de salles de projection. Le court métrage n'a pas la même vie que le long. A Taghit, la télévision, la radio et les journaux ont permis de faire la promotion du court métrage au niveau national», ajoute-t-elle. En 2010, Yasmine Chouikh a reçu le Prix de la fédération des critiques de cinéma russes pour son court métrage Djinn qui a été tourné à Taghit.
Nabil Hadji, journaliste et critique de cinéma, partage l'idée d'offrir des espaces pour le court métrage dans le pays. Une forme d'expression qui, selon lui, s'est beaucoup développée ces dix dernières années. «Des jeunes venus de cinéclubs ou du journalisme ont réalisé des courts métrages qui ont réussi. Cette émergence n'est pas née du néant. Cela peut s'expliquer par l'absence pendant des années de production de longs métrages. Malheureusement, la plupart des courts métrages produits ces dernières années sont toujours au niveau de l'expérimental et de la recherche. Le manque de culture cinématographique et l'absence de débat entre professionnels sont à l'origine de ces faiblesses», regrette Nabil Hadji. Selon lui, la profondeur manque à certains courts métrages. «Les courts métrages primés dans les festivals se distinguent surtout par les nouvelles idées exprimées», souligne-t-il.
La meilleure école
Anis Djaâd, qui vient de recevoir une mention spéciale du jury du 6e FOFA pour Le hublot, son premier court métrage, a relevé que tout tournage a ses aléas. «Un film est toujours difficile à faire en Algérie. Nous avons reçu, même avec un peu de retard pour des raisons administratives, le budget du FDATIC. Une fois la machine de production lancée, les choses étaient moins difficiles. Le film a été réalisé en sept mois. On pouvait peut-être faire mieux», précise Anis Djaâd, regrettant la faiblesse de la production de courts métrages. «Nos voisins marocains sont à vingt-trois films cette année, si ce n'est plus. Concernant la qualité, nous sommes presque au même niveau que les pays maghrébins et arabes. Le court métrage a aujourd'hui une portée internationale relative. On doit encore travailler énormément», a-t-il noté.
Anis Djaâd a écrit des scénarii pour des longs métrages, mais a préféré débuter par le court. «Mais aucun producteur n'acceptera de s'engager dans l'aventure avec un cinéaste débutant. Le court métrage est la meilleure école. Le premier film est un exercice. On ne peut pas y échapper pour des considérations liées à la maîtrise de la réalisation, de la direction d'acteurs. Je penser réaliser un deuxième court métrage à partir de février prochain», a promis Anis Djaâd. «J'ai commencé en tournant dans mon coin. Je n'ai jamais attendu d'avoir un budget conséquent pour commencer à tourner mes films. J'étais obligé de débuter par le court métrage», confie, pour sa part, Amine Sidi Boumediène. Il pense qu'il existe un public assez important pour le court métrage «même si l'Algérien a perdu l'habitude d'aller en salle de cinéma». «Dieu sait que ce n'est pas de sa faute. Peut- être que le format court correspond plus à ce spectateur. Il peut voir plusieurs films dans la même séance. Cela dit, il faut absolument que nous produisions plus de longs métrages», note-t-il.
Amine Sidi Boumediène célèbre la ville dans ses deux derniers courts métrages. Un centre d'intérêt ? «J'ai beaucoup de centres d'intérêt. Dans mes deux derniers courts métrages, la ville est importante. Dans l'un, (Demain, Alger ?, ndlr), la ville est invisible, mais on en parle tout le temps. Et dans l'autre, Al Jazira, on la voit énormément sans en parler en laissant le spectateur se faire son idée. Et je parle d'Alger, pour être précis. Il y a quelque chose de démoniaque qui traîne dans cette ville. C'est cela une belle ville. Je n'aime pas les villes trop clean, trop lisses. Alger m'inspire énormément. Mon prochain film se fera loin de la ville. Je vais explorer d'autres paysages», promet-il.
Un risque calculé
Yacine Bouaziz a, lui, décidé de tenter l'aventure de la production de courts métrages. «A Thala Production, on ne s'attend pas à récupérer les sous que nous avons investis. C'est un risque calculé. Il est toujours risqué de faire un film. Cela est valable dans tous les pays. Il faut donc à chaque fois essayer de faire des films acceptables sur le plan technique et réunir les bonnes personnes entre scénariste, réalisateur, chef opérateur et équipe. Il n'y a donc aucune raison pour que le film ne plaise pas. Un court métrage de qualité sert de carte de visite, c'est une porte pour le long métrage», souligne-t-il. Thala a produit Al Jazira, de Amine Sidi Boumediène.
«Le scénario d'Al Jazira m'a tout de suite plu. C'est un scénario assez particulier évoquant l'émigration, pas du sud vers le nord, mais du nord vers le sud. Cette idée m'a intéressée. Je crois beaucoup en l'avenir. Je crois que les choses peuvent changer. L'Algérie et sa jeunesse font partie de l'équilibre du monde. C'est pour cela que nous avons décidé de produire Al Jazira», note Yacine Bouaziz. Avant d'enchaîner : «Tant que nous avons de l'écoute, tant que le public aime les films qu'on fait, tant que nous avons des prix, nous allons continuer à produire des courts métrages et de représenter l'Algérie comme il se doit.» Pour Salim Aggar, il est important de respecter les standards du court métrage, lequel prend de l'ampleur au niveau international. Il existe, d'après lui, trois catégories de courts métrages en Algérie.
«Les courts métrages faits par des Algériens à l'étranger dans des normes internationales. Les courts financés comme des longs métrages en Algérie avec des fonds du FDATIC et de l'AARC et qui respectent les standards internationaux comme Le hublot. Et enfin des courts métrages fabriqués avec de faibles budgets, la présence de comédiens non professionnels et des histoires faites à la va vite», précise-t-il. Il estime que les moyens technologiques et numériques permettent aujourd'hui de fabriquer un film. Des moyens à la portée de tous. «Parfois, on n'a pas besoin d'un producteur. Nous pouvons être producteurs de nos propres films qui ne nous coûteront pas grand-chose. Cela peut être positif et négatif à la fois. A Béchar, par exemple, le festival consacré aux courts métrages est en fait dédié aux films amateurs compte tenu de la mauvaise qualité des produits présentés. Il y a quelques exceptions», dit-il.


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