Le gouvernement algérien qui, depuis le début du conflit de l'Azawad, s'est constamment dit opposé à une présence militaire occidentale au Mali, semble désormais avoir changé son fusil d'épaule. Le ministère algérien des Affaires étrangères s'est, en tout cas, montré hier compréhensif concernant la décision du gouvernement malien de transition de faire appel à l'aide de la France pour reprendre la ville de Konna, près de Mopti (centre), tombée jeudi aux mains d'islamistes armés. Mieux, Alger – qui a mis du temps pour rendre publique sa position au sujet de l'intervention française au Mali – laisse même penser que son armée pourrait aussi bientôt entrer en action pour chasser les différents groupes terroristes armés qui occupent le Nord-Mali depuis le mois de mars dernier. Des sources proches du dossier se sont d'ailleurs faites fort de rappeler que «l'Algérie n'a jamais exclu le recours à la force pour éliminer la menace terroriste». A tout le moins, les autorités algériennes apparaissent prêtes à aider par divers moyens le Mali à reprendre le contrôle de son territoire. Dans tous les cas, l'on précise que «l'Algérie inscrit son action dans la continuité, la cohérence et la globalité de la résolution 2085 du Conseil de sécurité et dans le respect de sa mise en œuvre pour la prise en charge des dimensions politiques, humanitaires et sécuritaires de la crise malienne». Le MAE algérien a tenu, à ce propos, à «exprimer son soutien non équivoque aux autorités maliennes de transition avec lesquelles le gouvernement algérien entretient des relations de coopération multiforme, y compris dans le domaine militaire». Au passage, l'Algérie qui a indiqué suivre avec une «grande préoccupation» les derniers développements intervenus dans la région de Mopti. La décision «souveraine» de Bamako Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, n'a pas hésité de son côté à qualifier l'intervention étrangère au Mali, avec l'engagement des troupes nigérianes, sénégalaises et françaises aux côtés de l'armée malienne, de «décision souveraine» du Mali. Interrogé sur cette intervention militaire, M. Belani a souligné qu'«il faut surtout bien noter que c'est une décision souveraine du Mali», rappelant que c'est ce dernier qui «a demandé l'aide de puissances amies pour renforcer ses capacités nationales de lutte contre le terrorisme». Des troupes nigérianes, sénégalaises et françaises sont, rappelle-t-on, engagées aux côtés de l'armée malienne qui a lancé vendredi une contre-offensive pour récupérer la localité de Konna (centre du Mali) prise la veille par des groupes armés. Pour soutenir cette contre-offensive contre les groupes terroristes, le Burkina Faso a annoncé officiellement hier le déploiement d'un bataillon de 500 hommes au Mali. «Le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour l'Afrique de l'Ouest et chef suprême des forces armées a donné des instructions (...) en vue de préparer la participation du Burkina Faso à la force de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma)», a annoncé devant la presse le ministre des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé. Quel avenir pour le dialogue ? Le Niger a également annoncé officiellement hier l'envoi de «500 soldats» au Mali pour chasser les groupes armés qui occupent le Nord-Mali depuis près d'un an. Le Conseil de sécurité a approuvé la création d'une force de 3300 soldats ouest-africains avec soutien logistique occidental qui doit encore être déployée. Le président de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Ivoirien Alassane Ouattara, a autorisé vendredi l'envoi immédiat de troupes au Mali pour épauler l'armée malienne dans son offensive contre les groupes terroristes. Quid maintenant du dialogue politique entre Bamako et les groupes rebelles touareg qui devait reprendre le 10 janvier dernier à Ouagadougou, avant d'être reporté à la demande de toutes les parties ? Si M. Belani a rappelé que l'Algérie «a fermement appelé les différents groupes de la rébellion respectueux de l'intégrité territoriale du Mali et n'ayant aucun lien avec le terrorisme à s'engager dans la recherche d'une solution politique», une autre source proche du dossier a assuré qu'«il n'y aura pas de sortie de crise durable et définitive en dehors d'un dialogue politique inclusif avec les représentants de la rébellion touareg». Bref, dans le cas malien, l'on espère encore que la guerre ne servira qu'à mieux préparer la paix.