Malek Bensmaïl signe un film qui est au centre de l'exposition inaugurale et majeure de Marseille Provence 2013, Capitale de la Culture européenne. Un film en 10 séquences pour parler de la Méditerranée d'aujourd'hui, des Méditerranéens. Paris De notre correspondant A la demande de la commissaire de l'exposition, Yolande Bacot, qui voulait que l'on parle de la situation actuelle du bassin méditerranéen, j'ai alors proposé les 10 films et le récit fictionnel en imaginant un Ulysse moderne qui va à la rencontre de ses contemporains, à l'écoute. Il a fallu faire des choix ; Alger est présent dans l'exposition, mais c'est Tunis que j'ai choisi pour la séquence Maghreb pour évoquer la question de la justice et de son indépendance un peu comme un prisme pour aborder la question de l'Etat de droit, question globale concernant nos pays», relève Malek Bensmaïl. Ce film qui s'intitule Ulysse, le brûleur de frontières et la mer blanche du milieu, est une œuvre qui se déploie en 10 modules, tel un parcours autour du bassin méditerranéen. Le film questionne le nouvel ordre économique, politique et social à travers des portraits d'hommes et de femmes méditerranéens, saisissants. Le réalisateur Malek Bensmaïl a imaginé un Ulysse d'aujourd'hui, parti à la rencontre du quotidien de ses contemporains. Cet homme «de nulle part, partout chez lui» est à l'écoute de ceux qu'il rencontre lorsqu'il accoste dans un des ports de Méditerranée. Lui sont confiés les espoirs, les angoisses d'une Méditerranée qui se réinvente. Dialogue des cultures ou choc des civilisations ? Naissance de démocraties ou lendemains inquiétants ? Cohabitations harmonieuses ou haine de l'autre ? Ulysse, incarné par Manolo, se fait journaliste, avec dans ses bagages plein d'interrogations. Qui suis-je ? Qu'êtes-vous devenus ? Qu'est devenue la Mare Nostrum, cet espace originel commun ? La Mer blanche du milieu A Beyrouth, le cinéaste questionne la représentation de l'image dans le monde arabe, à Athènes, la démocratie et le système monétaire, à Alexandrie, l'utopie de la transmission, à Rome, la représentation des femmes dans l'Italie post-Berlusconi, au Détroit de Gibraltar, la question de la migration africaine au sein d'une Espagne en crise, à Gênes, le destin de la ville 10 ans après le Forum social, la laïcité à Istanbul, l'Etat de droit et l'indépendance de la justice en Tunisie, et enfin la question du cosmopolitisme et de la cohabitation à Marseille. Le réalisateur de La Chine est encore loin (2008), Aliénations (2004), Algéries (2003) et Des vacances malgré tout (2001), donne toute la mesure de son talent de documentariste et de conteur. Car, si le périple est avant tout un questionnement sur notre présent, il n'élude pas le devenir incertain de nombreux riverains. La crise économique, la pression migratoire, le repli identitaire, l'après-printemps censé nous libérer des dictatures, s'accumulent, mettant la navigation sous tension avant de s'approcher des rives phocéennes. On comprend que Marseille est la Pénélope du nouvel Ulysse. Immuable, elle attendait son retour. Elle est restée la même et a forcément beaucoup changé.