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Abderrezak Dourari, linguiste: Ceux qui ont combattu le colonialisme ont utilisé le français "sans complexe"
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Publié dans El Watan le 02 - 02 - 2013

«La langue française, un butin de guerre », disait Kateb Yacine. Nos ancêtres utilisaient cette langue "sans complexe et c'était sans surprise que tous les textes de la révolution étaient dans cette langue ", explique dans cet entretien accordé à El Watan.com, Abderrezak Dourari linguiste également directeur du Centre National Pédagogique et Linguistique pour l'Enseignement de Tamazight.
Au lendemain de l'indépendance, l'arabe fut imposée comme seule réalité linguistique du pays par opposition au français synonyme de colonialisme. Cinquante ans après l'indépendance, cette "suprématie" linguistique n'a peut etre finalement épargné aucune langue existante y compris l'arabe scolaire des ravages de ce que A.Dourari appelle "la purification identitaire".
Propos recueillis par Hamida Mechaï
Quelle est aujourd'hui la nature de notre rapport à la langue française?
Il est difficile de parler d'un « nous » -expression dilatée d'un «je»-dans les questions d'ordre linguistique car elles recoupent les questions idéologiques et politiques. Disons que la société algérienne connaît schématiquement deux courants de pensée depuis sa prise de conscience de son être propre, face au fait colonial, à ce jour avec des rapports de force changeants.
Il y eut un courant moderniste qui de ce fait même combattait le colonialisme dans la perspective d'un Etat moderne et social dont la concrétion fut le texte de la plateforme de la Soummam sous la houlette des deux figures emblématique d'Abane Ramdane et de Ben M'hidi. Il y eut aussi un courant conservateur représenté par les Oulémas et une partie du PPA et du FLN historique qui étaient mus par l'idée d'imprimer à la société une identité mythique passéiste dans le cadre de la nation arabo-islamique. Ces deux courants, étaient laïques et utilisaient la langue française sans complexe et c'était sans surprise que tous les textes de la révolution étaient dans cette langue.
Le courant conservateur, qui a dominé l'éducation et le pouvoir après l'indépendance, s'est acharné à imposer une « purification » identitaire sous couvert d'un farouche volontarisme de distinction identitaire de l'ancien colonisateur, représenté religieusement comme chrétien et linguistiquement comme français, en lui opposant l'islam et la langue arabe scolaire. Repoussant violemment l'identité linguistique historique du Maghreb- l'amazighité-, ce courant a mené la politique d'arabisation (dont on sait le résultat dévastateur aujourd'hui), en prenant bien soin de couper l'arabe- langue d‘une grande et prestigieuse civilisation- de son patrimoine rationnel, humaniste et socle de la nécessaire modernité. Une substitution d'élites s'est donc opérée… Les empoignades linguistiques concernaient les élites pour des intérêts idéels et matériels. La société profonde reste attachée au savoir et à la connaissance scientifique et désirent la meilleure éducation pour ses enfants. Elle se doute bien que l'arabe n'est pas outillé à cet effet et a une attitude positive à l'égard du français et des autres langues étrangères. Les élites au pouvoir, y compris arabisantes, mues par le même souci, mettent leur progéniture dans les écoles étrangères à défaut.
Ce qui perdure ce sont les élites au pouvoir à différents niveau de la chaîne de commandement de l'administration qui ont peur de perdre leurs privilèges en perdant la primauté de la langue.
Quelle place occupe la langue française sur le marché aux langues en Algérie ?
Dans le domaine économique et commercial la langue française a une bonne position. Elle possède aussi une position appréciable dans le domaine de la recherche scientifique et dans les hautes sphères de gestion de l'Etat. Elle est aussi la langue privilégiée de l'expression de l'imaginaire y compris chez les arabisants qui écrivent aujourd'hui de plus en plus en français leurs romans et essais, car disent-ils, c'est en français que les gens lisent !
On ne peut cependant passer sous silence le recul de sa maîtrise dans la société et les institutions éducatives et scientifiques- situation, d'ailleurs, qui n'a pas profité à l'arabe scolaire qui a reculé lui aussi.
Finalement comment perçoit-on cette langue sachant qu'on l'a héritée de la présence coloniale ?
Oui en effet, l'Arabe aussi est venu d'ailleurs de même que le phénicien…Mais le français a été intégré tant et si bien qu'il a été utilisé contre le colonialisme (dans la littérature et dans le discours politique) en tant que langue et en tant que moyen permettant l'accès à un contenu civilisationnel et cognitif progressiste qu'il véhiculait. C'est la première arme que les indépendantistes algériens ont utilisé contre le colonialisme qui est un fait inhumain autrement plus grave que la question linguistique et qui a mobilisé contre lui autant les Algériens autochtones, que certains pieds-noirs, ou carrément des européens français d'origine métropolitaine ou non français. Le courant qui ne veut voir que le lien entre le français et le colonialisme s'aveugle et veut aveugler sur son désir de régression de la société vers un passé mythique pour l'enfoncer davantage dans les archaïsmes. Celui qui ne veut voir dans la langue arabe scolaire que régression est tout aussi aveugle et voudrait aveugler sur la volonté de manipulateurs conservateurs sans scrupules qui ont égoïstement coupé cette langue de son passé et de son avenir rationnel et moderniste.
La société profonde elle, perçoit cette langue comme un moyen d'accéder au savoir scientifique universel non disponible en arabe scolaire pour les raisons d'hétéronomisation de celui-ci par les dictatures arabes conservatrices.
Pourquoi certains mots français (chiffres, couleurs, articulateurs logiques, verbes…) se sont-ils imposés comme une évidence dans les langues existantes dans notre pays ?
L'emprunt est réglé par les besoins d'expression et d'expressivité. Toutes les langues qui se côtoient s'empruntent des mots et des expressions. Leur défaut est qu'elles ne rendent pas ce qu'elles ont pris à la voisine. Le français a emprunté à l'arabe classique, l'arabe classique a emprunté au persan et au syriaque y compris dans le texte coranique, le turc a emprunté au français et à l'arabe scolaire et classique tout autant qu'à l'anglais, tamazight emprunte à l'arabe et au français… C'est probablement celui-là le pied-de-nez que font les sociétés et les locuteurs aux idéologues purificateurs de tout poil.


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