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Samuel Beckett, conforme à la version originale
L'Irlandais francophone
Publié dans El Watan le 20 - 04 - 2006

Le dramaturge et romancier irlandais, Samuel Beckett, aurait eu 100 ans ce mois-ci. Né le 13 avril 1906 à Dublin, il a fréquenté l'université Trinity College, où Oscar Wilde avait fait ses études et que j'ai évoqué le 6 avril dernier.
Samuel Beckett a étudié le français et il s'est retrouvé comme Oscar Wilde avant lui, à Paris, où il a été lecteur d'anglais à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm. Lieu de rencontre d'artistes venus d'Irlande ou des Etats-Unis, Paris lui a permis de rencontrer James Joyce qui l'a beaucoup influencé et dont il a traduit en 1930 Anna Livia Plurabelle. On célèbre aujourd'hui dans le monde le dramaturge exceptionnel qu'il a été, celui qui a écrit en 1948 la célébrissime pièce En attendant Godot qui a été jouée pour la première fois à Paris, en 1953, au théâtre de Babylone, puis à Londres, à New York, à Dublin et à Alger avec la troupe de l'Institut national d'arts dramatiques. Un film a été réalisé par le Belabésien Mohamed Latrèche Rumeurs inspiré de cette pièce de Beckett. Sid Ahmed Agoumi a aussi monté et joué En attendant Godot en arabe dialectal sous le titre Fi Inthidar El Mehdi. Cette pièce a été traduite en vingt langues, dont l'arabe algérien et le berbère. En fait, c'est grâce à ses pièces de théâtre que Samuel Beckett a acquis une réputation mondiale qui lui a valu le prix Nobel de littérature en 1969. Ce qui caractérise Samuel Beckett est le fait que l'anglophone de naissance adopte la langue française et que c'est dans cette langue qu'il produit ses plus belles œuvres littéraires : Murphy, Molloy en 1951, Malone meurt en 1952, L'Innommable en 1953, Imagination morte, imagine en 1965, Têtes mortes en 1967, Watt en 1969, Premier amour en 1970, Le Dépeupleur en 1971 et Pas moi en 1975. Paradoxalement, il n'a pas écrit beaucoup de théâtre et pourtant c'est dans ce domaine qu'il est le plus connu. Après En attendant Godot, il écrit Tous ceux qui tombent en 1957, La Dernière bande en 1960, Oh les beaux jours en 1963 et Comédie en 1963. Samuel Beckett est un esprit iconoclaste, une personnalité particulière. C'est un artiste qui a cassé avec son passé, avec sa langue maternelle, qui a apporté un nouveau souffle à la dramaturgie, qui a fait bouger les conventions et qui a bousculé les esprits. L'homme a vécu pleinement son temps en traversant deux guerres mondiales qui ont influencé son être et qui lui ont fait prendre conscience de la fragilité des êtres et des ordres établis. Samuel Beckett s'inscrit dans ce que André Malraux écrit comme étant la condition humaine, thème majeur de En attendant Godot qui est une pièce de théâtre mythique, dont le dépouillement stylistique et lexical atteint son paroxysme. Il n'y a pas de progression dans l'intrigue, mais ce qui fait la force de cette pièce c'est un dialogue à nu. En effet, l'histoire est d'une simplicité déconcertante. Deux clochards, Vladimir et Estragon, attendent un personnage énigmatique, un certain dénommé Godot. La scène se déroule sous un arbre qui a la forme d'un humain pendu par les pieds. Le problème est que ces deux héros modernes ne savent même pas pourquoi ils attendent ce Godot, mais ils l'attendent. Rien ne les retient à rester non plus dans cet endroit pour attendre mais ils ne voient pas de raison valable de partir non plus. Ainsi donc, le spectateur est pris dans un jeu où l'absurde revêt toute sa dimension, s'inscrivant dans une dimension littéraire existentialiste initiée par Jean-Paul Sartre et Albert Camus. L'absurdité de la vie, le non-sens des choses, l'attente de quelque chose qui n'arrive pas, tous ces éléments réalistes et philosophiques deviennent déterminants pour cette pièce dont la portée est universelle. Samuel Beckett parle à tous ceux qui sont dans le désespoir et dans l'expectative. La pièce nous dit que la situation de l'homme est absurde parce qu'il ne vit pas dans le présent, dans le ici et maintenant et qu'il projette la plupart du temps son avenir. Il attend, il voit la vie de manière processive et de ce fait il se quitte lui-même. C'est peut-être la raison qui explique pourquoi cette pièce a eu autant de succès en Algérie. Les deux personnages de la pièce sont un peu comme les « hittistes » algérois qui ont un grand sens de la dérision et ils savent qu'ils sont dans une situation kafkaïenne dont il est difficile de sortir. Dans En attendant Godot, l'existence est décrite comme étant monotone, répétitive. Cette existence donne la nausée, le spleen et conduit à l'indifférence, un thème qui rappelle d'ailleurs celui de L'Etranger d'Albert Camus. Samuel Beckett ne donne pas les clés pour sortir de l'impasse, à chacun de trouver sa solution. Ainsi donc, son œuvre pose beaucoup plus de questions qu'elle ne donne de réponses. Paradoxalement, la richesse du texte est réelle grâce au non texte. Beckett utilise un langage parlé où les associations d'idées se font à partir des mots qui se suivent et qui s'enchaînent. Cet artiste fascine toujours et en ce début de XXIe siècle où l'absurde dépasse les limites du tolérable, il est d'actualité. Un festival est organisé en l'honneur des 100 ans qu'aurait eu Samuel Beckett par l'Association Paris-Beckett 06, festival soutenu par le neveu et héritier de l'auteur, Edward Beckett. En attendant Godot y sera jouée. Peut-on suggérer à Kheireddine Lardjam, qui met en scène en ce moment Les Justes d'Albert Camus, de contribuer à cette commémoration Samuel Beckett en montant à Alger En attendant Godot en 2006. Sur la tombe du dramaturge, mort à Paris en décembre 1989, un admirateur a écrit Godot viendra, signifiant probablement que derrière l'absurdité des choses, il ne faut jamais perdre espoir.

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