Abdelhamid Kermali s'est éteint hier, à Sétif, à l'âge de 82 ans des suites d'une longue maladie. Le maître des entraîneurs algériens est l'une des figures emblématiques du football algérien qui, aujourd'hui, le pleure. Né le 31 avril 1931 à Akbou, il s'est, à l'instar des jeunes de son âge, passionné pour le ballon rond dont il allait faire, par la suite, son métier. C'est au cours des parties interminables sur les terrains vagues à Sétif qu'il a été découvert par Layas, l'homme qui est à la base de l'éclosion de la majorité des grands joueurs sétifiens. Comme beaucoup de jeunes Sétifiens épris de football, Abdelhamid Kermali a rejoint le prestigieux club de l'USM Sétif, fondé par Ferhat Abbas et d'autres figures de proue du nationalisme algérien. Son talent, ses qualités de footballeur et sa réputation naissante n'ont pas échappé à l'intérêt des dirigeants et clubs professionnels en France. A 22 ans, il quitte Sétif pour rejoindre Cannes où il reste deux ans (1953-1955). La croisette est un tremplin pour la suite de sa carrière en première division française. Il a rejoint l'Olympique Lyonnais lors de la saison 1955-1956. Il portera durant 3 ans le maillot lyonnais. Durant sa carrière professionnelle, il disputa 147 matchs comme titulaire et marqua 30 buts. Attaquant très technique, véloce sur les côtés, il était l'un des meilleurs attaquants du championnat de France malgré la présence à l'époque de nombreux joueurs étrangers de renom. Au déclenchement de la lutte de Libération, les responsables politiques du FLN ont décidé de mettre sur pied une équipe de football constituée de professionnels évoluant en France. Au printemps 1958, exactement le 13 avril, des professionnels algériens ont quitté leurs clubs français respectifs pour rejoindre à Tunis l'équipe du FLN. Abdelhamid Kermali a répondu, à l'instar des autres joueurs, à l'appel du FLN. Cette sélection a porté très haut le message du peuple algérien dans sa lutte de Libération contre le colonialisme français. Avec ses illustres frères de combat, Abdelhamid Kermali s'est produit un peu partout dans le monde là où il était possible de jouer malgré les pressions françaises et les interdits imposés par la FIFA. Au lendemain de l'indépendance, le regretté Abdelhamid Kermali est retourné à Sétif où il a porté les couleurs grenats de l'USMS lorsque ce grand club évoluait en nationale une et faisait souffrir les ténors de l'élite avant de poser son sac à l'ES Sétif avec qui il remporta le championnat et la Coupe d'Algérie. A la fin de sa carrière de footballeur, il sauta la barrière et embrassa la carrière d'entraîneur avec autant de succès et de réussite que celle de footballeur. Il dirigea pendant quelques années la formation tunisienne de la Marsa comme entraîneur-joueur. En 1989, la fédération lui a fait appel pour remplacer Kamel Lemoui (démissionnaire) pour préparer le match retour Egypte-Algérie au Caire comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 1990 en Italie. Malgré l'élimination du Mondial, la Fédération l'a maintenu en poste pour préparer la CAN-1990 que notre pays a organisée. Il était entouré, pour la circonstance par feu Mourad Abdelouahab, Ali Fergani et Noureddine Saâdi. Sous sa direction les Verts remportèrent de façon magistrale le trophée continental. Par la suite il dirigea des clubs algériens (ES Sétif, MC Alger et l'US Chaouia). Il faut noter que cheikh Kermali a fait deux passages à la tête du Mouloudia d'Alger. La première fois, c'était au cours de la saison 1988 où il n'est pas allé au bout de son contrat. La FAF lui a fait appel pour diriger les Verts contre l'Egypte et en prévision de la CAN-1990. 10 ans plus tard, il a effectué son retour (gagnant) à la tête du MCA avec lequel il remporta le championnat d'Algérie 1999 devant la JS Kabylie à Oran (1-0). C'est ce monument que le sport et le football algérien pleurent aujourd'hui. Il sera inhumé ce jour au cimetière de Sidi El Khayar à Sétif.
