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le liège algérien «pris dans un bouchon»
La Sylviculture connaît une crise aiguë dans notre pays
Publié dans El Watan le 18 - 05 - 2013

Avec une superficie de plus de 40 000 ha de chênes-lièges sur un ensemble de plus de 100 000 ha de forêt, la wilaya de Jijel s'est forgée une réputation nationale et internationale dans l'industrie du liège.
Jijel
De notre envoyé spécial
Grâce à ce potentiel, l'Algérie occupait, jusqu'il y a peu de temps, la 3e place mondiale en matière d'exportation de ce matériaux après le Portugal et l'Espagne. Cette filière, pourtant pourvoyeuse d'emplois et de richesses, sombre aujourd'hui dans la crise. Fonctionnant exclusivement avec la matière première extraite du chêne-liège disponible dans la région, la transformation et l'exploitation de ce produit connaissent, à Jijel, une lente descente aux enfers à cause, justement, de la disparition progressive de l'arbre productif servant cette industrie.
En effet, l'insécurité qui régnait dans les maquis de la région a fait déserter tous les exploitants, laissant les forêts de chêne se développer sur des surfaces complètement abandonnées et sans entretien, avec pour conséquence directe l'apparition et le développement d'incendies ravageurs, naturels ou intentionnellement provoqués par les groupes terroristes. Depuis, le potentiel forestier a considérablement diminué et la situation, si elle ne venait pas à s'améliorer rapidement, risque de remettre en cause l'existence même de l'industrie du liège en Algérie.
Aujourd'hui, sur une dizaines d'entreprises, dont trois privées, seulement, et trois autres publiques continuent, tant bien que mal, à produire avec le peu de matière première qui reste à récolter dans les forêts. L'une d'elles, l'entreprise El Wiam de la petite Kabylie située à Belghimouz, non loin du chef-lieu de la wilaya de Jijel, s'est lancée dans cette activité en 1991 et tente actuellement, par tous les moyens, de s'y accrocher. Leader sur le marché du bouchon naturel, composé et du panneau d'isolation, la société s'approvisionne en matière première, non pas de Jijel, mais des forêts de Tlemcen, d'El Kala et de Souk Ahras.
C'est dire que le liège se fait de plus en plus rare et les entreprises qui en font leur principale ressource n'arrivent plus à satisfaire la demande de leurs clients nationaux et étrangers. «Nous avons nos propres clients sur le marché européen et asiatique, mais au rythme où vont les choses, nous doutons fort que les quantités de liège suffisent à faire tourner l'usine à plein régime», nous confie Mohamed Rafik Zaïmèche, gérant de l'entreprise El Wiam, dont la production est en majorité destinée à l'exportation.
Des exportations remises en cause
En effet, des pays comme l'Italie, le Portugal, l'Inde et la Chine, vers lesquels l'entreprise exporte ses produits, sont demandeurs du liège algérien pour «la bonne qualité et les propriétés physiques qu'il présente», explique M. Zaïmèche. Cependant, «avec le charbonnage et les incendies dévastateurs dont sont victimes les forêts, c'est toute la filière, et non pas seulement les exportations, qui en pâtit», avoue le même responsable. Selon lui, «l'Algérie qui produisait, dans les années 1980, environ 25 000 tonnes de liège par an n'en produit actuellement qu'à peine 3 000 tonnes. Elle perd, en moyenne, 800 tonnes de liège chaque année et, si rien n'est fait pour redresser la situation, d'ici l'année 2020, il n'y aura plus de liège en Algérie».
Certes, des opérations ont été menées par les services de la direction générale des forêts pour relancer le chêne-liège dans le cadre du plan national de reboisement, dont l'objectif est de replanter, sur 20 ans, quelque 1 250 000 ha. Mais, de l'avis de M. Zaïmèche, «il serait plus judicieux d'accorder la priorité à la préservation des surfaces existantes, en ce sens que cela est moins coûteux que de reboiser et d'attendre les résultats». Car, explique encore notre interlocuteur, «il faut plus de 10 ans au chêne-liège pour atteindre la maturité et entre 30 et 40 ans pour exploiter son liège».
C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, la disponibilité de ce matériau n'est pas évidente à tout moment, «surtout si des facteurs autres que ceux relevant du développement naturel de la subéraie venaient à compliquer la situation», relève Mohamed Rafik Zaïmèche. Le patron d'El Wiam fait allusion à certaines décisions des pouvoirs publics qui ont engagé des réformes et des restructurations répétitives du secteur mais qui n'ont pas porté leurs fruits.
Le coup de grâce
Bien au contraire, une résolution du Conseil des participations de l'Etat (CPE), adoptée en avril 2012, est venue porter le coup de grâce à la filière en décidant de privilégier l'accès à la matière première aux entreprises publiques, au détriment du privé. Selon M. Zaïmèche, cette décision «écarte aujourd'hui le secteur privé de l'achat de la matière première liège», puisque en vertu de cette résolution le liège issu du domaine forestier de l'Etat est cédé prioritairement, et au gré à gré, aux entreprises publiques de transformation du liège, en l'occurrence à Béjaïa Liège, Jijel Liège et Etanchéité, et Taleza Liège Collo.
Ces dernières ont même bénéficié d'un effacement de dettes et de prêts pour relancer leur production. Pourtant, à en croire notre interlocuteur, leurs usines sont toujours quasiment à l'arrêt et «ne font que stocker la matière première». «Nous ne sommes pas contre le fait de sauver ces entreprises ou de redresser leur situation, mais que cela se fasse sans discrimination par rapport au privé et sur le principe de l'accès égal à tout le monde à l'approvisionnement en liège», fait remarquer encore M. Zaïmèche. Et de préciser que cette situation est maintenant à l'origine des compressions d'effectif auxquelles les transformateurs privés ont procédé. «Notre entreprise employait jusqu'à dernièrement pas moins de 150 personnes. Nous nous sommes vus contraints de nous nous séparés de 80 employés à cause de cette crise», regrette l'industriel jijelien.
Pour lui, il est primordial d'engager un dialogue entre tous les intervenants dans la filière, notamment avec ceux qui «ont choisi, à leur risque et péril, de résister et de travailler durant les périodes difficiles d'insécurité». Et de conclure : «La quiétude est revenue dans la région et nous n'avons même pas besoin, comme vous le voyez, de monter la garde à l'entrée de l'usine. Ce n'est pas maintenant qu'on va laisser tomber cette profession.»


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