L'une des plus grandes tares à inscrire à l'actif du pouvoir depuis l'indépendance du pays est, sans nul doute, l'extinction de toute vie politique en dehors du sérail. Tout le potentiel militant, héritage de la longue marche du Mouvement national qui a forgé des générations de combattants pour un idéal de liberté et de démocratie, a été dilapidé et sacrifié sur l'autel de l'unicisme qui a régenté le pays durant près de 30 ans. Car ce système politique inique, il faut le rappeler à chaque fois, s'il a été la négation de l'esprit de Novembre, a surtout permis de mener un travail de sape à l'endroit de toute cette élite politique, nombreuse, qui aurait pu épargner au pays bien des crises qui ont failli l'emporter plus d'une fois. L'Algérie aurait bien pu prétendre à mieux puisqu'elle en avait les moyens. Sinon de jeter les bases d'un multipartisme qui était alors passé de mode pour les tenants du pouvoir, grisés qu'ils furent par la dictature du parti unique, pouvaient-ils du moins faire amende honorable quelques années plus tard, à l'occasion de l'ouverture démocratique en 1990, et réussir à mettre sur pied une transition démocratique efficiente. Non, ce sont là autant de rendez-vous ratés pour le pays qui n'a pas su ou voulu tout simplement faire jouer les énergies positives. Aujourd'hui, le pays, enlisé dans autant d'échecs cuisants, renvoie l'image de cet enfant qui, pour ne pas courir faute de savoir marcher, préfère rester sur place et ne pas bouger. Le statu quo au nom de la sacro-sainte stabilité ! C'est au nom de cette règle érigée en principe fondateur des régimes politiques successifs, tous aussi autoritaristes les uns comme les autres, que le pays a anéanti tout le patrimoine politique forgé dans le creuset des luttes contre le colonialisme. Et c'est au nom de cette arme des plus faibles donc que le pays a laminé toute l'opposition démocratique, dont notamment le parti du leader charismatique du FFS et un des chefs historiques de la guerre de Libération nationale, Hocine Aït Ahmed. Comment ne pas souligner, loin de tout accent panégyrique, le combat d'un de ces hommes qui, toute sa vie durant, a été voué à l'idéal de liberté. Son retrait aujourd'hui, somme toute normale, de la présidence du plus vieux parti d'opposition ne manquera pas de questionner les esprits inquiets sur le devenir de cette formation dont la seule évocation du sigle suffit à nous rappeler son credo, «le droit d'avoir des droits». Une devise dont il ne s'est pas départi pendant les cinquante ans d'activité militante, dont plus de la moitié dans la clandestinité. Le cinquième congrès du FFS, qui se tient ce week-end à Alger, a la lourde charge de transcender les clivages et tout esprit étriqué afin de permettre de faire vivre un discours dont tout le monde reconnaît, alliés et adversaires, le mérite d'exister.