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Marzouki a menti au juge
Basma Khelfaoui-Belaïd. Veuve de Chokri Belaïd, leader tunisien assassiné
Publié dans El Watan le 24 - 05 - 2013

L'assassinat de son compagnon l'a propulsée sur le devant de la scène politique tunisienne, elle qui a fait le choix de militer loin des feux de la rampe. Elle est devenue l'icône d'une Tunisie en lutte. La veuve rebelle dénonce une justice qui «cherche à étouffer» la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd.
- Le Premier ministre, Ali Larayedh, dès sa prise de fonction, avait assuré que les services de sécurité avaient identifié l'assassin de Chokri Belaïd, mais sans pour autant l'arrêter. Où en est la vérité quatre mois après l'assassinat de Belaïd ?

Nulle part. L'affaire traîne en longueur. Nous sommes dans une situation de blocage, c'est un processus qui n'avance pas. Ce blocage est sciemment entretenu, car ce ne sont pas des éléments extérieurs objectifs qui font que l'affaire n'avance pas. Non. Les avocats ont démontré qu'il y a de nombreuses pistes qui n'ont pas été exploitées. Ils ont recueilli des informations remises au juge d'instruction, mais ce dernier refuse de les prendre en compte. Pire. Il (le juge d'instruction) a donné un pouvoir total à la brigade criminelle pour mener l'enquête et du coup, lui ne maîtrise plus rien. C'est la brigade qui mène l'enquête et lui ne reçoit que ce que celle-ci lui fournit. Alors que la brigade est sous la coupe du ministère de l'Intérieur d'Ennahdha et même après le remaniement gouvernemental, l'actuel Premier ministre, anciennement ministre de l'Intérieur, suit de près le dossier pour ne pas dire qu'il garde la main dessus. L'enquête n'est pas menée de manière sérieuse. Sinon comment expliquer que le juge d'instruction refuse d'entendre un témoin qui semble détenir des informations capitales. Il s'agit de l'homme d'affaires Fethi Damegh, arrêté dans l'affaire d'achat d'armes. Il a demandé, par écrit, que le juge d'instruction l'entende, mais ce dernier refuse. Pourquoi ? En plus, pourquoi le ministre de la Justice n'intervient-il pas ? Fethi Damegh, qui se trouve en prison, craint pour sa vie, il a peur d'être éliminé. C'est un témoin capital dans cette affaire. Un autre élément que le juge n'a pas pris en considération. Il y a une personne qui a été localisée et son appel téléphonique a été intercepté, la veille de l'assassinat, en bas de notre immeuble parlant de Chokri. Il a été écouté par le juge et ensuite libéré. Bref, il y a beaucoup d'indices et d'interférences dans le travail de la justice pour bloquer le processus.

- Vous soupçonnez des parties qui cherchent à étouffer l'affaire ?

Il est clair que tout est fait pour qu'on ne sache pas qui a tué Chokri. Pourquoi ? Ils font tout pour empêcher que la vérité n'éclate. Ces gens-là doivent savoir que si l'enquête n'aboutit pas en Tunisie, nous irons vers une juridiction internationale. Mais pour l'instant, on met tout cela de côté, parce que, du point de vue légal, la juridiction internationale ne peut se saisir du dossier qu'en cas d'incompétence de la juridiction nationale. Ils veulent nous faire mal avec l'assassinat de Chokri. Et à ces gens, je dis que nous sommes et nous resterons débout.

- Qui sont ces gens ?

Chokri disait toujours qu'Ennahdha cherchait à le liquider. Il était pertinemment sûr que cette formation voulait son élimination du paysage. La veille même de son assassinat, il disait que ce parti a failli sur tous les plans et c'est pour cela qu'il va se diriger vers la violence. Ce mouvement veut nous imposer un projet de société par la violence, d'autant qu'il sent la montée d'une résistance au sein de la société à son projet politique, à son économie, à sa conception rétrograde de la vie. Dans son analyse, Ennahdha fait croire que l'opposition représente la contre-révolution. Ce parti est en train de rééditer toutes les pratiques de l'ancien parti (RCD, ndlr) en monopolisant toute l'administration et les rouages de l'Etat. Ce parti entretien un rapport de méfiance vis-à-vis de ses adversaires, installant le pays dans une grave crise de confiance laquelle s'est accentuée avec l'assassinat de Chokri.

- Le président Moncef Marzouki s'est-t-il mobilisé à vos côtés pour faire connaître la vérité sur l'assassinat de «son ami» ?

Au contraire. Marzouki avait dit à Chokri Belaïd quand il est allé le voir : «Les menaces proférées contre vous sont sérieuses, je dois assurer votre sécurité». Chokri avait refusé qu'on mette à sa disposition des gardes du corps. Mais, curieusement, quand Marzouki a été entendu par le juge d'instruction après l'assassinat de Chokri, celui-ci avait nié les propos qu'il avait pourtant tenus à Chokri. Il a dit au juge : «Non, je ne lui ai rien dit.» Pas seulement Marzouki d'ailleurs, Ahmed Nadjib Echabi aussi a nié devant le juge avoir dit à Chokri qu'il était menacé. Marzouki a menti au juge d'instruction. Je ne comprends pas quelle direction il prend. Et c'est pour cela que je refuse de le rencontrer. Il a voulu venir présenter ses condoléances, j'ai refusé et je refuse toujours. Parce qu'il ne veut pas participer à faire «éclater» la vérité. Il n'est pas sans savoir qu'un processus de violence s'installe dans le pays auquel lui-même participe en acceptant de recevoir, au palais de Carthage, les comités de la protection de la révolution qui terrorisent les gens et qui utilisent la violence. Aucune prise de décision de sa part, aucune déclaration qui condamne au moins la responsabilité politique de ce gouvernement. Donc moi, je ne peux pas l'accepter chez moi.

- Vous êtes confiante pour l'avenir de la Tunisie ?

Totalement confiante. La réaction courageuse des jeunes, des femmes et de nombreux Tunisiens face à la tentation totalitaire donne de l'espoir. Les Tunisiens se battent et continueront le combat afin de faire aboutir les aspirations pour lesquelles ils se sont soulevés contre la tyrannie. Ils ont fait la révolution pour la liberté, la dignité et le travail. Je reste engagée dans le combat pour l'instauration d'un projet de société de progrès, de liberté, de démocratie et de respect de la dignité humaine et pour une société plurielle qui assume pleinement ses différences d'opinions, de conscience. Une société où on gère de manière non violente les conflits. Les jeunes Tunisiens se sont sacrifiés pour un monde meilleur, un monde où on peut voir des fleurs partout, danser lorsqu'on en a envie, rire quand on veut, lire ce qu'on a envie de lire et réfléchir et avoir des avis sur toutes les questions en toutes liberté. Celui qui veut faire la prière est libre de la faire, tout comme celui qui a envie de boire du vin. Qu'on libère la société des tous les tabous qu'on lui a imposés ; que les gens puissent enfin respirer la liberté. Leur projet à eux (les islamistes), c'est le déni de la liberté et de la démocratie. Contente-toi de ce que tu as et ne t'insurge pas contre le gouvernant. Il milite pour une société morte. Ce projet nous le combattrons comme nous avons combattu la dictature. En Tunisie, nous sommes face à un dilemme : soit nous voulons une société qui avance ou bien une société qui recule renfermée sur elle-même.

- Le jour de l'enterrement de Chokri Belaïd, le monde entier a découvert une femme courageuse à la tête du cortège funèbre, qui a dit qu'elle n'a pas le droit d'être triste et de faire le deuil, mais de résister !

J'ai des origines algériennes. Je viens de la région d'El Kef et ma mère à des origines algériennes. J'ai des ancêtres algériens. La femme algérienne, elle est en moi tout comme la femme palestinienne. C'est notre culture et notre background. L'image d'une femme qui doit continuer à résister quelle que soit la dureté des conditions. Chokri était un grand homme, un résistant. Il mérite que je marche, même pieds, nus sur les braises pour maintenir la flamme de la liberté.


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