Cette commune qui souffre d'un enclavement terrible, peut attirer touristes et investisseurs, grâce à ses merveilleux sites archéologiques et sa vocation agricole. Ksar Sbihi, avec ses 11 839 habitants, et bien que promue chef-lieu de daïra, semble vivre en dehors du temps. Lors de notre visite à la fin du mois de juin dernier, nous avions découvert une ville calme, sans grande animation. Parce que c'était sans doute l'heure de la sieste, où les gens se cloîtrent chez eux pour se protéger contre les dards du soleil. Dans un café du minuscule centre-ville, nous avons rencontré des jeunes occupés à jouer aux dominos. Parmi eux, Karim Nécib, un passionné d'archéologie qui nous a entretenu sur les vestiges de l'ancienne Gadioufala, la ville romaine bâtie sur un promontoire au nord de Ksar Sbihi. «C'est mon grand-père Brahim qui a le premier découvert en 1932, les vestiges de Gadioufala, notamment des pièces de monnaie et une tête de bélier», affirme-t-il. Lui-même, nous fait-il savoir, s'était occupé d'une association ayant pour objectif la préservation des vestiges antiques. Malheureusement, il l'a quittée à cause du manque de moyens pour soutenir son action. Maintenant, cap sur les vestiges. Il faut escalader une montagne d'une hauteur assez importante. De ce point, on a tout loisir d'embrasser la ville de Ksar Sbihi dans toute son étendue. La cité a pris de l'envergure aux quatre points cardinaux grâce à l'implantation de nombreuses constructions. A notre niveau, trônent majestueusement les anciennes tours du contrefort romain. Il y en avait six, il n'en reste plus que deux. Les autres seraient, nous dit-on enfouies sous terre. Il y a quelques années, le ministère de la Culture avait alloué une enveloppe pour restaurer les vestiges. On y avait construit une enceinte en fer forgé et des escaliers assez escarpés, sans rampe de protection. Le moindre faux pas risque d'être fatal. Deux kiosques qui servaient de cafétérias ont été saccagés, en l'absence de gardiennage. Voilà Gadioufala, un musée à ciel ouvert. Et comme nous l'a révélé Karim, il y a d'autres vestiges qui sommeillent à Henchir N'Guissa. Toute une ville est enfouie sous terre, a-t-il assuré. Des atouts indéniables Ksar Sbihi n'est pas qu'une ville renfermant des vestiges romains et même byzantins, c'est aussi une région à vocation agricole qui fait la fierté des fellahs. Elle s'est aussi révélée propice aux cultures maraîchères. Tomates, courgettes, piments y poussent en abondance, grâce aux eaux bénéfiques de oued Charef. Un responsable de la commune nous apprend que le périmètre d'irrigation dispose de 1970 ha exploités par une cinquantaine de fellahs. Ksar Sbihi partage une frontière avec Aïn Soltane (w. de Souk Ahras) et au nord-ouest avec Tamlouka (w. de Guelma). Il reste que pour rejoindre la ville, il faut quitter la RN 80 et prendre un chemin de campagne sur 7 km. C'est d'ailleurs ce qui fait souffrir la population, bien qu'elle dispose d'autres routes du côté nord et nord-est. Cet enclavement non seulement entrave les activités avec les régions voisines, mais détourne les investisseurs. Côté loisirs, la ville dispose d'un centre culturel où se regroupent les jeunes pour jouer au tennis de table ou faire de la musique chaouie et moderne. Mais c'est la piscine communale qui draine le plus grand nombre de jeunes. Durant notre passage, elle était vide. C'est pour le nettoyage, nous dit-on. D'habitude, quand le bassin est plein, même les jeunes des régions limitrophes y viennent. Les responsables de la commune souhaitent l'affectation d'autres projets à leur ville, comme des stades, une salle des fêtes, une piscine semi-olympique, etc. Mais le plus important pour cette cité antique c'est d'attirer les touristes et les randonneurs, des personnes intéressées par son important patrimoine archéologique, qui recèle encore bien des secrets.